Par la grâce de D.ieu,
4 Tamouz 5718,
Brooklyn,
Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav Avraham Moché(1),
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à votre lettre du 29 Sivan, dans laquelle vous m’interrogez sur ce que j’écrivais dans ma propre lettre(2), à propos de la définition du Gan Eden, selon le Rambam. Celui-ci dit, en effet, dans son commentaire de la Michna, au traité Sanhédrin, que le Gan Eden est “ la partie la plus grasse et la plus riche de la terre ”. Vous citez, en outre, différents textes qui traitent du Gan Eden. Plusieurs livres définissent ces notions. Néanmoins, je les rappellerai brièvement ici.
Il est plusieurs niveaux de Gan Eden. Le plus bas, celui qui est mentionné par les versets du début de la Torah, se trouve dans notre monde, car un verset ne peut pas être départi de son sens simple. Or, dans ceux-ci, il est bien question de fruits que l’on peut consommer matériellement. C’est à cela que le Rambam fait allusion, dans ce commentaire de la Michna. Ce Gan Eden a été créé avec le reste du monde, comme l’indiquent ces versets, mais, selon le Rambam, il a été caché par la suite et il se révélera de nouveau dans le monde futur. A un stade plus élevé, il y a aussi un Gan Eden qui n’est pas matériel, qui concerne donc les âmes sans corps. De façon générale, celui-ci comprend deux niveaux, le Gan Eden inférieur et le supérieur. Plusieurs textes traitent longuement de l’un et de l’autre, en particulier le Zohar, tome 2, à partir de la page 210. Vous le consulterez et vous verrez qu’il y est effectivement question des âmes sans corps. Toutefois, le Gan Eden inférieur et le supérieur comptent, l’un et l’autre, plusieurs stades, comme le précise le passage du Likouteï Torah que vous avez reproduit dans votre précédent courrier.
Par ailleurs, il faut distinguer une autre notion, qui est celle de monde futur. On trouve, à ce propos, une controverse entre le Rambam et le Ramban, exposée dans le Likouteï Torah, de l’Admour Hazaken, à la Parchat Tsav, page 15c. D’après le Rambam, il s’agit bien d’un monde des âmes sans corps. A l’opposé, ce qui est dit au début du chapitre ‘Hélek(3) est une autre idée et, dans ce texte, on fait effectivement référence aux âmes se trouvant dans des corps, comme vous pourrez le constater. Pour le Ramban, en revanche, il est bien question d’âmes étant dans des corps, comme ce sera le cas après la résurrection des morts. Selon cette interprétation, il n’y a plus de contradiction entre les textes que vous citez dans votre lettre. De fait, j’ai déjà rédigé une analyse de tout cela(4) et elle a été publiée dans les Kovets Loubavitch, numéros 9 et 10. Quelqu’un doit sûrement en posséder un exemplaire, en notre Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie. Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles,
Pour le Rabbi Chlita,
le secrétaire,
Notes
(1) Le Rav A. M. Greenberg, de Bneï Brak. Voir, à son sujet, la lettre n°6168.
(2) Il s’agit de la lettre n°6300.
(3) Dans le traité Sanhédrin.
(4) Il s’agit de la lettre n°200.