Par la grâce de D.ieu,
13 Tamouz 5718,
Brooklyn,
Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu et se
consacre aux besoins communautaires, le Rav Yé’hezkel(1),
Je vous salue et vous bénis,
Après une interruption particulièrement longue, j’ai reçu votre lettre de la veille du 12 Tamouz, fête de la libération de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera. Vous m’interrogez sur la Bat Mitsva. Ces dernières années, en effet, celle-ci est célébrée également dans les milieux où l’on craint D.ieu, au point d’être devenue un usage pratiquement incontournable. Votre question est donc comment l’organiser de la meilleure façon possible. Vous me précisez qu’on a l’habitude de la fixer un vendredi soir. Vous faites sans doute allusion à la soirée du Chabbat.
Si j’en avais le pouvoir, j’aurais supprimé, dans ce pays, le choix de cette soirée. En effet, on se désole déjà qu’une Bar Mitsva soit célébrée pendant le Chabbat, à cause de la lecture de la Torah. On sait les inconvénients qui en résultent, en particulier la transgression affirmée du saint Chabbat qui est ainsi occasionnée. C’est là ce que l’on appelle l’accession d’un Juif au joug des Mitsvot et à celui de la Torah ! De manière naturelle, il y a donc bien lieu de craindre ce qui se passera en pareil cas, quand une fête sera célébrée le vendredi soir ou encore dans la journée du Chabbat. Certes, il arrivera qu’il n’en résulte aucune transgression du Chabbat, ce qu’à D.ieu ne plaise. Mais, il en sera ainsi uniquement à une certaine époque et dans un lieu précis. En revanche, qui pourra garantir qu’il en sera de même dans un proche avenir et surtout dans des endroits lointains ? On peut en avoir le plus grand doute. C’est une évidence et il est inutile d’en dire plus. Je me suis déjà entretenu, à ce sujet, avec des Rabbanim et je leur ai demandé quel était l’usage de leur synagogue et je leur ai dit que, dans la mesure du possible, ils devaient s’efforcer de célébrer les Bar Mitsvot, non pas le Chabbat, mais dans la semaine, pour cette raison(2).
De même, il faut s’efforcer, dans toute la mesure du possible, de ne pas choisir non plus le dimanche. En effet, il est scandaleux et honteux de constater que de nombreuses célébrations juives sont fixées en ce jour, parce que tous sont alors libérés de leurs obligations commerciales et professionnelles. Mais, de cette façon, une importance est conférée au jour de leur fête, ce qu’à D.ieu ne plaise. Néanmoins, à l’heure actuelle, il s’agit encore d’une décision à laquelle la majeure partie de la communauté ne pourra se tenir. Eux-mêmes ont le mérite d’avoir oublié que ce jour est celui de leur fête et nul n’y prête plus guère attention. S’agissant des pratiques nouvelles, en revanche, il serait bon, d’emblée, de ne pas s’engager dans tout cela et de ne rien faire en ce jour. Mais, “ les portes des justifications n’ont pas été fermées ”(3).
Bien entendu, je n’aborde pas ici la question proprement dite de la célébration d’une Bar Mitsva, puisqu’il semble que ce n’était pas là votre question. Vous faisiez référence à la situation actuelle de votre communauté et vous me demandiez quelle soirée choisir. La remarque suivante est sûrement inutile. Je vous l’écris, néanmoins, afin d’en souligner l’importance, du fait des incidents qui sont survenus, lors de la célébration de plusieurs Bat Mitsvot. En effet, certains font en sorte que l’on chante, au cours de ces cérémonies et, du fait de nos nombreuses fautes, on le fait même en présence des femmes. La Bat Mitsva et ses amies y participent également. Or, en la matière, on ne peut pas faire de concessions car, le Choul’han Arou’h rapporte la Hala’ha, en la matière, selon laquelle il y a là une interdiction absolue.
J’ai appris que vous êtes devenu membre du conseil municipal et puisse D.ieu faire que vous vous serviez de l’influence que vous avez acquise jusqu’à maintenant, de même que celle que vous recevrez grâce à cette nomination, afin de redoubler d’ardeur pour propager la Torah de vérité sans concessions(4). En effet, la vérité et la concession sont totalement antinomiques. Vous le ferez donc dans des milieux de plus en plus larges, en commençant par votre propre communauté, au sein de laquelle vous exercez des fonctions officielles, dans votre ville, dont vous venez d’intégrer le conseil municipal et à l’extérieur de votre ville. En effet, tous les Juifs forment un grand organisme et un manque, en un certain endroit, est également ressenti dans tous les autres. Or, “ l’Attribut du bien est plus fort… ”(5) et l’ajout peut être effectif en tout endroit. Il en résulte que tout effort, toute initiative sont justifiés, car il s’agit, en l’occurrence, de tout le peuple d’Israël et de chaque individu qui le constitue. C’est une évidence. Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles de tout cela,
Notes
(1) Le Rav Y. Hartmann, de St Louis.
(2) Pour éviter la transgression du Chabbat.
(3) De sorte que l’on pourra toujours imaginer une explication dans le but de justifier qu’une fête soit fixée au dimanche.
(4) Voir, à ce sujet, la lettre n°6280.
(5) Que celui du malheur.