Par la grâce de D.ieu,
23 Tamouz 5718,
Brooklyn,
Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu et se consacre aux besoins communautaires, aux multiples connaissances, le Rav C. Y.(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu votre livre, la seconde édition de “ Personnalités et conceptions ” et je vous en remercie. De même, j’ai eu des nouvelles de votre participation aux réunions ‘hassidiques qui se sont déroulées dans la ville sainte de Jérusalem et à Kfar ‘Habad. J’ai également appris que vous aviez introduit le nouveau cycle d’étude du Tanya. Puisse D.ieu faire que, pendant de nombreuses années encore, vous redoubliez d’ardeur en la Torah intègre, sa partie révélée et sa dimension cachée. Ces deux études posséderont l’intégrité, qui est effective lorsque l’enseignement caché apparaît à l’évidence dans la partie révélée et la partie révélée à l’évidence dans l’enseignement caché. Iguéret Ha Kodech, de l’Admour Hazaken, au chapitre 26 et différents autres textes soulignent que la diffusion des sources(2) à l’extérieur est non seulement une Mitsva liée à cette période, mais aussi une nécessité absolue. On peut vérifier dans la pratique à quel point cela est vital. En effet, de cette activité dépend la pratique des Mitsvot, desquelles il est dit : “ On vivra par elles ”, surtout en notre époque aux multiples épreuves, voiles et entraves. Du fait de nos nombreuses fautes, ce que les Sages ont dit de la période du talon du Machia’h s’est pleinement réalisé et non pas uniquement de la manière la plus fine. Ainsi, Iguéret Ha Techouva, de l’Admour Hazaken, explique, à la fin du chapitre 7, que l’idolâtrie peut être comparée au fait de se voiler les yeux quand on doit donner de la Tsédaka, de se mettre en colère ou bien d’être orgueilleux. La Guemara cite beaucoup d’autres exemples. On peut donc s’acquitter de cette façon des propos de nos Sages précédemment cités(3). Pour autant, la génération n’a pas eu un aussi grand mérite. Et, cette promesse se réalise uniquement par étapes progressives, jusqu’à ce que…(4).
Puisse D.ieu faire que s’accomplisse ce qui est expliqué dans le discours qui a été prononcé(5) lors de la réunion ‘hassidique des 12 et 13 Tamouz, cette année, commentant l’explication de nos Sages(6) sur le verset : “ Il relève le pauvre de la poussière ”. Il y est dit : “ Si l’on s’abaisse jusqu’à terre, si ta descendance est la poussière de la terre, alors sera arrivé le moment de mettre en pratique la promesse : ‘Et, tu te répandras’ ”. De la sorte, se dressera devant nous, le briseur de barrière, le roi Machia’h. Je vous adresse mes respects et ma bénédiction afin de donner de bonnes nouvelles des accomplissements communautaires et des préoccupations personnelles. Bien entendu, la santé physique appartient aux préoccupations personnelles et elle est même l’une des premières parmi celles-ci, comme le précise le Rambam, à la fin du chapitre 3 de ses lois des opinions.
M. Schneerson,
N. B. : Cette année, une question m’a été posée par quelqu’un qui a traversé le fuseau du changement horaire pendant la période de l’Omer et qui se trouvait ainsi avec un compte d’un jour de plus(7). Cet homme s’interrogeait donc sur la manière dont il devait compter et sur la nécessité qu’il dise la bénédiction, au cours de ce Omer, après avoir traversé ce fuseau horaire.
Je lui ai souligné qu’une autre question était encore plus importante : comment devait-il célébrer la fête de Chavouot ? A mon humble avis, s’agissant du compte et de la bénédiction, il est clair qu’il doit poursuivre selon la façon dont il a compté lui-même, car il est hors de question de répéter deux fois le même compte. Il peut donc dire la bénédiction car le bien ne doit pas…(8). Mais, il peut aussi écouter la bénédiction prononcée par quelqu’un qui se trouve ici et s’acquitter ainsi de son obligation. En effet, cette bénédiction est dite sur la Mitsva proprement dite et non sur le compte des jours. Il n’est donc pas exclu que celui qui la dit le fasse pour le trentième jour et celui qui l’écoute, pour le trente et unième. S’agissant de la fête de Chavouot, celle-ci n’est fixée ni par une date dans le mois, ni par la décision du tribunal. Elle est célébrée à l’issue du compte de sept semaines. Or, cet homme a compté quarante neuf jours qui, d’après la Torah, sont bien entiers pour lui. Il fêtera donc Chavouot selon son propre compte, c’est-à-dire un jour avant les autres personnes se trouvant dans le même endroit que lui. Pour autant, cette pratique peut surprendre son environnement et je lui ai donc prescrit de trouver au moins deux autres Rabbanim, tranchant la Hala’ha, qui soient du même avis. Vous êtes en contact avec lui pour son œuvre littéraire et il semble que vous ayez relu pour lui des responsa de plusieurs des derniers Sages. Si vous contestez cette interprétation, vous voudrez bien me le faire savoir, bien entendu en m’exposant la vôtre. Je vous en remercie d’avance.
A ce propos, il faut également mentionner un autre point, concernant celui qui ne sait pas en quel jour du compte il se trouve. Vous évoquez cette situation dans votre livre : “ Les fêtes dans la Hala’ha ”, au chapitre “ Compte de l’Omer ” et vous reproduisez l’avis des responsa Dvar Avraham, selon lequel on ne prononce pas de bénédiction quand on est dans le doute. En effet, compter signifie identifier le jour d’une manière certaine, de sorte qu’une bénédiction est inconcevable quand on est dans le doute. De même, j’ai vu dans la revue Chaareï Tsion, semble-t-il dans la parution de 5695(9), car la page de garde manque à l’exemplaire dont je dispose, une position semblant logique, qui était présentée au nom du Rav R. I. A. Vinegard. Cette position contredit radicalement celle qui vient d’être exposée. Si l’on admet que la Hala’ha soit tranchée ainsi, cela veut dire que l’on n’a jamais accompli convenablement la Mitsva du compte de l’Omer, dans les endroits où ne parvenaient pas les émissaires du tribunal, à l’époque où celui-ci proclamait le nouveau mois après audition des témoins. Ceci voudrait dire que, dans ces endroits, on n’aurait jamais récité cette bénédiction. En effet, le 16 Nissan, on ne disposait jamais d’une information claire et, du fait du doute, on célébrait deux jours de fête. On ne disait donc pas la bénédiction et l’on ne savait pas comment compter. De ce fait, les quarante neuf jours n’étaient pas entiers. Comment un fait aussi étonnant pourrait-il ne pas du tout être mentionné par le Talmud ? Je ne dispose pas du Dvar Avraham et je ne peux donc pas vérifier s’il soulève effectivement cette question.
Dans la seconde version de votre livre, j’ai vu l’ajout concernant le Rav Meltser. Il y a quelques temps, on m’a rapporté que, pendant les années où il résidait dans la ville sainte de Jérusalem, celui-ci s’est consacré à l’étude de la Kabbala. Bien plus, il avait alors un compagnon d’étude, dans ce but. J’aimerais savoir, tout d’abord, si cette information est exacte. Si c’est bien le cas, il est dommage que vous n’en ayez pas fait état dans votre article. Certes, ce point ne trouve pas directement sa place dans l’ouvrage : “ Des hommes et des conceptions ”, mais vous connaissez le dicton du Juste, ‘Hassid et grand Rav, Rabbi Hillel de Paritch(10), quand on lui demanda pourquoi il respectait les Mitsvot d’une manière aussi scrupuleuse. Il répondit qu’il faisait tout cela afin de pouvoir mieux intégrer les mots de la ‘Hassidout. C’est une évidence.
Notes
(1) Le Rav Chlomo Yossef Zevin, de Jérusalem, auteur de l’Encyclopédie talmudique. Voir, à son sujet, la lettre n°6221.
(2) De la ‘Hassidout.
(3) De la nécessité des épreuves et des voiles.
(4) La révélation soit totale.
(5) Voir le Séfer Ha Maamarim 5718, à la pagez 471.
(6) Le Rabbi note, en bas de page : “ Midrash Chemot Rabba, chapitre 25, paragraphe 8 ”.
(7) Voir, à ce sujet, les lettres n°6298 et 6504. Voir aussi le Likouteï Si’hot, tome 7, à partir de la page 285 et tome 12, à partir de la page 168.
(8) Etre ôté à celui qui peut le détenir.
(9) 1935.
(10) Voir, à ce sujet, la lettre n°5150.