Lettre n° 6419

Par la grâce de D.ieu,
26 Tamouz 5718,
Brooklyn,

Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu et se consacre
aux besoins communautaires, le Rav Its’hak David(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du 11 Tamouz, veille de la fête de la libération, délivrance de mon beau-père, le Rabbi, chef d’Israël. En un moment propice, je mentionnerai tous ceux que vous citez près du saint tombeau de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, conformément à ce que vous m’écrivez. Je fais réponse à vos questions :

A) En dehors d’Erets Israël, certains ont l’usage d’installer la pierre tombale(2) à l’issue des douze mois, alors qu’en Terre Sainte, on le fait après les trente jours. A mon humble avis, il ne convient pas d’attendre un an, surtout en Erets Israël, où est en vigueur l’usage que vous mentionnez. Et, même dans les autres pays, certains contestent la nécessité d’attendre un an, comme l’établissent différents textes, en particulier le Min’hat Eléazar, tome 3, au chapitre 37 et le Colbo sur le deuil, du Rav Greenwald.

B) S’agissant du nom Mendel(3), vous savez que Mena’hem Mendel a la même valeur numérique que Tséma’h Tsédek(4). Pour ma part, j’ai toujours orthographié Mendel en fonction de cette valeur numérique(5), mais il est clair que chacun peut faire ce qu’il veut de son nom et signer comme il l’entend. Dans différents cas, tout dépend, en outre, de la manière dont on demande à être appelé à la Torah. Pour ce qui vous concerne, vous pourrez sûrement examiner la signature et vous déterminer en conséquence(6).

C) Vous faites référence au nombre de Kaddishs. Il est judicieux d’en réciter seize tous les vingt quatre heures. Ceci peut être lié à une explication du saint Zohar, tome 1, page 62b, selon laquelle un Kaddish exerce son effet pendant une heure et demie, ce qui veut dire que seize Kaddishs couvrent effectivement les vingt quatre heures du jour. Vous me demandez comment cela est possible le Chabbat, par exemple. Je suis surpris par cette question, car il semble que vous ignoriez notre coutume, consistant à étudier la Michna après chaque prière, c’est-à-dire trois fois par jour.


D) Nous n’avons pas la coutume selon laquelle l’endeuillé conduit l’office, le vendredi soir, pour dire le Mizmor Le David. Plus généralement, s’agissant de l’anniversaire du décès et du Kaddish, vous consulterez les fascicules indiqués ci-dessous(7).

E) Pour ce qui est de l’étude de la Michna(8), celle-ci reprend, d’après ce que j’ai entendu, les lettres du nom du défunt, mais non celui de ses parents.

F) Vous m’interrogez sur une lettre figurant deux fois dans le nom. Un seule chapitre de Michna suffit-il pour ces deux lettres ou bien faut-il apprendre autant de chapitres que de lettres ? Je n’ai pas vu de réponse claire à cette question. Néanmoins, il est expliqué(9) que le nom est le canal reliant l’âme au corps, comme l’affirme le Chaar Ha I’houd Ve Ha Emouna, de l’Admour Hazaken, au début du chapitre 12. Il convient donc d’étudier un chapitre par lettre, mais, à mon sens, il n’est pas nécessaire qu’il s’agisse de chapitres différents. Le même chapitre peut être répété plusieurs fois.

G) Vous me demandez s’il faut privilégier les lettres du nom ou bien l’étude systématique de la Michna. Il s’agit, en fait, de deux choses différentes. Car, comme on l’a dit, les lettres du nom ont pour but de relier l’âme au corps et, comme cela est expliqué par ailleurs, de révéler l’âme à partir de sa source, alors que l’étude systématique est une Mitsva que l’on met pleinement en pratique en concluant un traité ou bien un ordre de la Michna. De fait, le Chaar Ha I’houd Ve Ha Emouna définit le nom comme une force supérieure, une vitalité globale, d’autant que l’ordre de la Loi orale est partie intégrante de la Torah, comme le montrent différents textes de nos Sages, qui disent : “ Les Sages viennent d’étudier tel traité ”(10).

H) Vous évoquez la lecture de la Torah et de la Haftara. En la matière, j’ai reçu deux enseignements de mon beau-père, le Rabbi(11), lorsque j’étais moi-même en deuil de mon père et maître. Néanmoins, pour une raison personnelle, j’ai personnellement lu la Torah uniquement le Chabbat à Min’ha, le lundi et le jeudi.

I) Vous mentionnez également l’ordre de l’étude. A mon avis, deux études sont particulièrement nécessaires, en pareil cas. Il faut apprendre la Michna, anagramme de Nechama, l’âme et l’enseignement profond de la Torah, l’arbre de vie, permettant l’accomplissement des promesses selon lesquelles : “ Je supprimerai l’esprit d’impureté de la terre ” et : “ L’Eternel effacera les larmes de tous les visages ”, selon les propos de Moché notre maître, le berger fidèle, rapportés par le Zohar, tome 3, à la page 152b. L’enseignement profond de la Torah est effectivement l’arbre de vie, comme le dit le saint Zohar. Et, le verset précise que la mort apparut dans le monde après la faute de l’Arbre de la connaissance du bien et du mal, de peur que “ il tende la main, prenne du fruit de l’arbre de vie et obtienne la vie éternelle ”. Toutefois, la qualité de notre Torah, Torah de vie, est la conformité à la Volonté de D.ieu, permettant de transformer l’arbre de la connaissance en arbre de vie, de changer l’obscurité en lumière et l’amertume en douceur.

J) Bien que vous n’en disiez rien, vous prélevez sûrement de la Tsédaka avant la prière du matin, de même qu’avant celle de Min’ha, bien entendu pendant les jours de la semaine. Ceci est également important, dans ce contexte, ainsi qu’il est dit : “ La Tsédaka sauve…(12) ”, ce qui veut dire, plus profondément, que ce salut se maintient, même après la mort. C’est pour cela que la coutume juive, partie intégrante de la Torah, fait un lien entre le souvenir des âmes et la Tsédaka. Et, l’on sait ce qu’explique le Morde’haï, d’après le Sifri, à la fin de la Parchat Choftim.

Je vous adresse ma bénédiction afin de donner de bonnes nouvelles de tout cela. Et, il est sans doute inutile de vous rappeler la décision hala’hique de notre Torah, Torah de vie, selon laquelle, pour tout ce qui concerne le deuil, on retient systématiquement l’avis le moins rigoriste. Vous consulterez également le Ora’h ‘Haïm, à la fin des lois du Loulav.

Notes

(1) Le Rav I. D. Gartner, de Jérusalem. Voir, à son sujet, les lettres n°3113 et 3650.
(2) Voir, à ce sujet, la lettre n°4868.
(3) Voir, à ce sujet, les lettres n°1976 et 3105.
(4) Mena’hem a la même valeur numérique que Tséma’h, soit cent trente huit et Mendel que Tsédek, soit cent quatre vingt quatorze.
(5) C’est-à-dire avec un Aïn.
(6) Pour déterminer l’orthographe du nom du défunt, qui s’appelait vraisemblablement Mendel, afin d’inscrire son nom sur la pierre tombale.
(7) Le Rabbi note, en bas de page : “ Les fascicules n°55, 62 et 64 ”.
(8) A la date anniversaire du décès.
(9) Le Rabbi note, en bas de page : “ Selon, en particulier, le Likouteï Torah, Parchat Behar, à la page 41c et le début de la Parchat Balak ”.
(10) Ils cherchent donc à justifier la suite logique entre un traité de la Michna et le suivant.
(11) Voir la lettre n°412.
(12) De la mort.