Par la grâce de D.ieu,
Veille de Roch Hachana 5719,
Brooklyn, New York,
Aux membres des groupements des femmes et jeunes filles
‘Habad, en tout endroit, que D.ieu vous accorde longue vie,
Je vous bénis et vous salue,
Au seuil de la nouvelle année, qui arrive, pour nous et pour tout Israël, pour le bien et pour la bénédiction, je formule le vœu que vous toutes, en général et chacune, en particulier, ayez une bonne et douce année, ce qui inclut, bien évidemment, le succès dans l’action de votre groupement. Celui-ci sera à la fois quantitatif, en multipliant le nombre des membres et qualitatif, par l’approfondissement de chaque action.
De fait, dans les domaines de la Torah et des Mitsvot, du bien et de la sainteté, une situation, aussi bonne qu’elle puisse être, peut être améliorée encore et encore.
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La base de l’action est l’amour du prochain, comme l’expliquent largement différents textes de la ‘Hassidout, en particulier les causeries de nos maîtres et chefs.
Je rapporterai donc ici un extrait d’une causerie de mon beau-père, le Rabbi(1), un récit dont le Tséma’h Tsédek avait fait état, en son temps. Ce jour, veille de Roch Hachana, est, du reste, l’anniversaire de sa naissance. Que son mérite protège donc nous-mêmes et tout Israël !
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“ Mon arrière-grand-père, le Tséma’h Tsédek reçut de son grand-père, notre grand maître, l’Admour Hazaken, un récit du Baal Chem Tov, qu’il avait entendu à Mézéritch(2) :
Le Baal Chem Tov, avant sa révélation et pendant les premières années qui la suivirent, avait l’habitude de voyager dans les bourgades juives. En plein milieu du marché, il réunissait autour de lui de simples Juifs, hommes, femmes et enfants afin de leur raconter des histoires, qui étaient essentiellement des Midrashim de nos Sages. Il prolongeait son récit et le commentait, ou bien le liait à une anecdote de nos Sages, afin que ceux qui l’écoutaient comprennent son discours et s’en pénètrent.
Une fois, lors d’une telle occasion, le Baal Chem Tov souligna l’importance d’aimer son prochain, l’intensité que ce sentiment devait recevoir chez chaque Juif, dès lors qu’il a conscience de l’amour que D.ieu porte à tous les Juifs. Il illustra cette idée par l’image suivante. Il y avait, dans cette ville, un homme qui s’appelait Rav Yaakov et avait une parfaite connaissance, par cœur, du Talmud, de la Guemara, du commentaire de Rachi et des Tossafot. Il étudiait donc en répétant ces textes, de mémoire, ce qui n’était pas rare, à l’époque, dans les bourgades juives.
Pour étudier de mémoire, on doit concentrer son attention beaucoup plus que si l’on dispose d’un texte. Une fois, Rav Yaakov étudiait, par cœur donc, un commentaire des Tossafot long et difficile. Soudain, un jeune enfant arriva et il développa devant lui une idée brillante. Rav Yaakov en fut profondément étonné et il interrompit son étude. Voici donc ce que peut accomplir un enfant. De même, D.ieu Lui-même, poursuivit le Baal Chem Tov, étudie la Torah pendant les trois premières heures du jour, comme le rapportent nos Sages. Malgré cela, quand on formule une requête devant D.ieu, Il interrompt Son étude et se consacre aux prières, aux demandes des Juifs.
Quand D.ieu annonça aux anges qu’Il voulait créer l’homme, ceux-ci Lui demandèrent quelle apparence il aurait. Prenant connaissance de la réponse, ils s’exclamèrent : “ Qui est cet homme pour que Tu en fasses mention ? Quelle est sa raison d’être ? ”. Puis, quand un Juif se lève, le matin, qu’il court prier avec la communauté, à la première heure, qu’il est ensuite occupé et fatigué, tout au long de la journée, mais qu’il abandonne, néanmoins, ses affaires afin de courir à la synagogue, pour la prière de Min’ha, d’écouter le cours de Eïn Yaakov, entre Min’ha et Arvit, de dire enfin la prière d’Arvit et, après tout cela, de rentrer chez lui pour répéter cette explication du Eïn Yaakov aux membres de sa famille, D.ieu convoque les anges, exprime sa fierté d’avoir créé l’homme et leur dit :
‘Vous autres, les anges, ne portez pas, sur votre épaule, le joug de la nécessité d’assurer sa subsistance. Vous n’avez pas d’épouse, pas d’enfants, pas de tracas, pas d’impôts et de taxes, pas de contraintes. L’homme, par contre, doit effectivement gagner sa vie et Je lui ai donné l’ordre d’en prendre la responsabilité. D’après la Torah, il doit subvenir aux besoins de son épouse et de ses enfants. Il est occupé et fatigué, doit s’acquitter d’impôts et de taxes, il supporte le poids de l’exil. Malgré tout cela, voyez comment il se comporte !’
Si l’on médite au fait que D.ieu s’enorgueillit de toute bonne action réalisée par un Juif, si l’on se pénètre de cette idée, on en sera largement influencé. ”
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Comme on l’a déjà souligné à différentes reprises, les propos de nos maîtres et les récits qu’ils nous ont communiqués délivrent un enseignement et une leçon à chacun de ceux qui en ont connaissance. Simultanément, ils insufflent la force, la détermination et la bénédiction permettant de les mettre en pratique. Tout dépend donc de celui qui en prend connaissance et qui doit donc les percevoir de la manière qui convient.
D.ieu fasse que l’on agisse de la manière qui vient d’être dite et que l’on connaisse la réussite en tous les domaines. Je vous adresse ma bénédiction afin que chacune d’entre vous soit inscrite et scellée pour une bonne année, avec tous les membres de sa famille, auxquels D.ieu accordera longue vie.
Notes
(1) Prononcée le 19 Kislev 5699 (1938) et figurant dans le Séfer Ha Si’hot 5696-5700, à la page 317.
(2) De son maître, le Maguid de Mézéritch.