Par la grâce de D.ieu,
3 Tévet 5719,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
Après une interruption particulièrement longue, j’ai reçu votre lettre de ce mardi, lorsque deux fois fut dit le mot “ bon ”(1). J’en viens à vos questions :
A) S’agissant de l’action menée en direction de son prochain, afin de le rapprocher de notre Père Qui se trouve dans les cieux, de Sa Torah et de Ses Mitsvot, D.ieu fasse que chacun d’entre nous consacre à cette activité la totalité de son temps libre, en dehors de celui qui est fixé pour l’étude. Ce que l’on accomplirait, si c’était le cas, serait grandiose et merveilleux. En outre, cela n’aurait pas pour effet de supprimer la Mitsva(2). Car, bien au contraire, la Michna tranche que : “ une Mitsva en attire une autre ”.
B) Ce qui vient d’être dit apporte aussi la réponse à votre seconde question. Vous dites, en effet, que vous êtes nerveux car vous supportez, comme un joug pesant sur votre cerveau, le poids de votre étude de la Torah et de votre service de D.ieu. Tout d’abord, une telle attitude va à l’encontre de ce service, puisque différents textes établissent qu’il doit être joyeux et enthousiaste(3). Et, le Rambam en retient le principe dans la Hala’ha, à la fin de ses lois du Loulav. En outre, il n’y a aucune raison d’être nerveux à cause de cela, car il y a suffisamment de temps, dans la journée, pour maintenir votre étude et pour servir D.ieu. Bien plus, ceci permet d’étudier de la manière qui convient et d’assimiler plus aisément ce que l’on apprend.
C) S’agissant de la ferveur de votre prière, vous avez raison de dire que la solution n’est pas toujours la même, car tout dépend de votre état d’esprit qui fluctue, d’une période à l’autre. Pour autant, il y a des règles générales, qui s’appliquent en tout temps et à tout moment. Celles-ci incluent, en particulier, le fait de donner de la Tsédaka avant la prière, conformément au récit de nos Sages, rapporté par le traité Baba Batra 10a, selon lequel : “ Rabbi Eléazar donnait une pièce à un pauvre et il priait ensuite, ainsi qu’il est dit : ‘Je verrai Ton visage dans la droiture(4)’ ”, le respect scrupuleux de l’immersion rituelle d’Ezra(5). De même, un Sidour doit être ouvert devant vous, à la page de votre prière, même si, du fait de votre concentration ou bien de l’enthousiasme que vous éprouvez, vous gardez, à cet instant, les yeux fermés. En effet, le simple fait que le Sidour soit ouvert à cette page permet de retenir la pensée.
D) S’agissant des précautions relatives à la parole(6) et au raffermissement de votre confiance en D.ieu, il est une solution commune à ces deux questions, la méditation au fait que : “ D.ieu se tient devant lui, sonde ses entrailles et son cœur ”, comme l’explique le saint Tanya, au chapitre 41. Il serait bon d’apprendre par cœur le début de ce texte jusqu’à la page suivante, au mot Ha Méle’h, “ le Roi ”. Et, de temps à autre, vous réciterez ce texte.
E) Vous évoquez le fait de tomber sans pouvoir se redresser, ce qu’à D.ieu ne plaise. Il est clair que cette conception va à l’encontre de notre Torah, Torah de vie. En effet, différents textes établissent que l’accomplissement d’une Mitsva raffine l’homme qui la pratique, même s’il ne le ressent pas toujours. De fait, la logique immédiate permet d’établir qu’il en est bien ainsi, puisque la Mitsva est la Volonté du Créateur, qu’elle apporte donc à l’homme le moyen de se lier à Lui. Comment ce résultat pourrait-il ne pas être obtenu ? Bien plus, nos Sages soulignent que les personnes appartenant à la catégorie de laquelle il est dit : “ Pourquoi t’entretiens-tu de Mes Décrets ? ”(7) doivent, malgré cela, étudier la Torah, comme l’établit le chapitre 4, au paragraphe 3, des lois de l’étude de la Torah, de l’Admour Hazaken, auteur du Tanya et Décisionnaire de la partie cachée de la Torah, auteur du Choul’han Arou’h et Décisionnaire de la partie révélée de la Torah, de même que le Kountrass A’haron, à la même référence. Vous consulterez ces propos merveilleux et également plusieurs passages du Tanya, que vous trouverez grâce à l’index qui figure à la fin de cet ouvrage.
F) A la fin de votre lettre, vous me dites que vous étudiez la Torah avec quelqu’un, mais que vous redoutez l’influence qu’il exerce sur vous, alors que vous observez l’effet positif que vous-même avez sur lui. En pareil cas, il est bon de lui transmettre ce que vous avez trouvé dans les livres de ‘Hassidout et d’éthique, sans rechercher la polémique. Si votre étude est conçue de cette façon, il est certain qu’elle doit être maintenue. J’espère que vous avez participé à la réunion ‘hassidique, au jour lumineux du 19 Kislev. Puisse D.ieu faire que son effet s’exerce tout au long de l’année. Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles de tout cela,
Notes
(1) Lors du troisième jour de la création.
(2) Que l’on aurait pu accomplir pendant le temps que l’on consacre à l’autre.
(3) Ce qui est impossible en pareil cas.
(4) Tsédek, de la même étymologie que Tsédaka.
(5) Après chaque relation conjugale et, par extension, chaque jour.
(6) A la médisance.
(7) Ainsi qu’il est écrit, (Tehilim 50, 16) : “ Et, D.ieu dit à l’impie : Pourquoi t’entretiens-tu de Mes Décrets ? ”.