Lettre n° 6624

Par la grâce de D.ieu,
4 Tévet 5719,
Brooklyn, New York,

Aux grands érudits, juges de la ville, membres du tribunal
rabbinique de la sainte communauté de Londres et sa région,
que D.ieu vous accorde longue vie,

Je vous salue et vous bénis,

J’ai bien reçu votre lettre du 27 Kislev, relative au courrier qui vient d’être envoyé de Terre Sainte, à propos de l’inscription(1) des enfants de femmes non juives(2). Bien entendu, vous avez tout à fait raison de dire qu’il serait particulièrement judicieux que tous les Rabbanim consultés(3) expriment un même avis, sur des bases identiques. Pour autant, vous savez qu’il est, de façon générale, difficile d’obtenir un tel résultat. En l’occurrence, il semble que plusieurs de ceux qui ont été interrogés aient déjà répondu et qu’ils aient adressé leur avis là-bas. Il n’est donc pas possible de ne pas répondre du tout, comme vous l’envisagez dans votre lettre. Mais, je dois ajouter que, même s’il était encore possible de le faire, je suis résolument pour qu’une réponse soit apportée à cette question. De façon générale, en effet, je considère que la passivité, en pareil cas, peut avoir des conséquences totalement négatives. D.ieu fasse donc que ceux qui craignent D.ieu adoptent une position claire pour tout ce qui concerne la vie religieuse de notre peuple, les enfants d’Israël, en tout endroit où ils se trouvent. De la sorte, beaucoup de situations malencontreuses seraient évitées. Autre point, qui est essentiel en la matière, le fait de s’adresser à des Juifs de diaspora écartera définitivement, à l’avenir, l’argument soulevé de temps à autre dans différents milieux, selon lequel les Juifs ne résidant pas en Terre Sainte ne sont pas habilités à formuler un avis sur ce qui s’y passe.

Puisse D.ieu faire que, désormais, l’action de chacun, au sein de tout Israël, ne soit pas seulement une réparation, “ écarte-toi du mal ”, mais qu’elle soit aussi un accomplissement du côté droit(4), “ fais le bien ”, destiné à multiplier la lumière. Or, il n’est de lumière que la Torah et ses Mitsvot, ainsi qu’il est dit : “ Car la bougie est une Mitsva et la Torah, une lumière ”. C’est l’enseignement des jours de ‘Hanouka, qui viennent de s’achever, lorsque les lumières sont allumées en ordre croissant. Certes, nous vivons à une époque de coucher du soleil, alors que “ la pénombre recouvre la terre ”, d’obscurité profonde et multiple. Mais, l’assurance nous a été donnée que “ ces lumières ne disparaîtront jamais ”, que nous emporterons la victoire. Et, cette situation, dans laquelle on fait passer l’obscurité pour de la lumière et la lumière pour de l’obscurité, sera transformée, de sorte que “ la nuit éclairera comme le jour ”. Alors, selon les termes du Zohar, “ l’obscurité se changera en lumière et l’amertume en douceur ”. Les Juifs se porteront ouvertement à la défense de la Torah et de ses Mitsvot. Par la suite, le peuple qui marche dans l’obscurité verra une grande lumière, la Lumière de l’Eternel. Avec mes respects et ma bénédiction,

Conformément à votre demande, cette lettre vous est adressée en express, de la manière la plus rapide.

Notes

(1) En tant que Juifs.
(2) Voir, à ce propos, les lettres n°6714 et 6715.
(3) Sur l’opportunité d’une telle inscription, en Erets Israël. Cette consultation, organisée par le premier ministre David Ben Gouryon, devait aboutir à un amendement de la Loi du retour pour y introduire une définition du Judaïsme non conforme à la Hala’ha. Compte tenu des oppositions que se projet souleva, il fut abandonné. Malheureusement, la même question se posa douze ans plus tard et l’amendement à la loi, alors effectivement adopté, n’a toujours pas été rectifié à ce jour.
(4) Celui du bien.