Par la grâce de D.ieu,
4 Adar Richon 5719,
Brooklyn,
A monsieur Yaakov(1),
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à votre lettre du second jour de Roch ‘Hodech Adar Richon, dans laquelle vous exprimez votre étonnement devant ce qui est expliqué dans le Séfer Baal Chem Tov, à la Parchat Beaalote’ha, au nom du Baal Chem Tov, à propos de la traversée de la mer Rouge, qui y présentée comme un événement naturel. Le miracle réside dans le fait que le Saint béni soit-Il, au début de la création, fixa, parmi les phénomènes naturels, qu’en tel jour, la mer s’ouvrirait. Ceci contredit l’explication que l’on trouve dans différents textes, selon laquelle le passage de la mer Rouge est effectivement un miracle et figure même parmi les plus grands. L’ouvrage que vous mentionnez est une compilation de plusieurs livres. On peut donc se demander dans quelle mesure les commentaires qu’il rapporte sont précis. En effet, en pareil cas, une imprécision sur un mot peut modifier la signification d’un passage d’une extrême à l’autre. Bien plus, vous savez que le Baal Chem Tov commentait la Torah dans une autre langue(2) et non dans la Langue sacrée. Or, le traducteur n’a pas toujours bien compris le sens de ce que le Baal Chem expliquait, y compris quand il vivait à la même époque et au même endroit. Vous en trouverez un exemple dans Iguéret Ha Kodech, de l’Admour Hazaken, au chapitre 25, à la page 141a. Il est donc à peu près certain que c’est effectivement le cas, en l’occurrence(3). En effet, vous avez raison de dire que le passage de la mer Rouge est l’un des plus grands miracles. A ce sujet, vous consulterez également le Chaar Ha I’houd Ve Ha Emouna, de l’Admour Hazaken, au chapitre 2.
Sur la question proprement dite, même si quelqu’un avait effectivement énoncé un telle interprétation à propos de la traversée de la mer Rouge, au nom du Baal Chem Tov, celle-ci a pu être donnée selon la conception d’un autre, pour suivre son raisonnement, même si lui-même ne l’adopte pas. Ainsi, c’est comme s’il disait : “ même si l’on admet que le passage de la mer Rouge est un phénomène naturel, malgré cela… ”. Il faut savoir que beaucoup de Grands et de Penseurs d’Israël des générations passées expliquaient de cette façon l’arc-en-ciel, qui est défini comme un “ signe d’alliance ”, même s’il est également une manifestation naturelle. Vous consulterez les commentaires de la Torah, à ce sujet, à la Parchat Noa’h. On peut également expliquer cette formulation d’après le commentaire du Be’hayé, au verset Bechala’h 14, 27, qui dit : “ Ceci a été placé dans la nature de l’eau(4) ”. Vous consulterez ce texte.
A cette occasion, je voudrais vous rappeler la nécessité de fixer un temps pour l’étude de la dimension profonde de la Torah qui, à notre époque, a été révélée par la ‘Hassidout. Car, si, de tout temps et en tout lieu, cela a été une obligation, combien plus est-ce le cas à notre époque et en cette période, surtout en notre Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie. Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles,
Pour le Rabbi Chlita,
le secrétaire,
Notes
(1) Y. Zeckbach, de Jérusalem.
(2) En yiddish.
(3) Qu’il y a bien eu une mauvaise interprétation.
(4) Qui devait, naturellement, se fendre à ce moment précis