Par la grâce de D.ieu,
19 Adar Chéni 5719,
Brooklyn,
A monsieur Eliézer Tash,
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à votre lettre du 12 Adar Chéni, dans laquelle vous me posez plusieurs questions sur l’histoire et la biographie des maîtres de ‘Habad. J’en suis surpris, car il semble que vous n’ayez pas connaissance de la littérature relativement abondante, traitant de ce sujet, qui a été publiée ces dernières années et que l’on peut également se procurer en Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie. La presse locale a fait état de plusieurs de ces publications. Si cela suscite votre intérêt, il serait bon que vous contactiez le Rav Avraham ‘Hano’h Glitsenstein(1), à la boite postale 46, à Lod. J’en viens au détail de vos questions :
A) Quelle est la date de naissance de l’Admour Hazaken, auteur du Tanya et du Choul’han Arou’h ? Nous avons maintes fois entendu cette précision de mon beau-père, le Rabbi et elle figure également dans ses notes qui sont publiées et dans ses mémoires. Il naquit le 18 Elloul 5505(2). On trouve un long récit, à propos de sa gestation et de sa naissance, qui a été partiellement publié dans les recueils et les mémoires actuellement édités. En la matière, il est clair que la tradition familiale est particulièrement fidèle, d’autant qu’elle se fonde sur plusieurs récits, dans différents domaines, chacun d’eux permettant d’établir l’exactitude de cette année.
Vous me demandez quelle est l’origine de l’erreur, commise par plusieurs biographes de ‘Habad, qui citent, à ce propos, l’année 5507(3). Comme cela a souvent été le cas, il y a eu, dans un premier temps, peu de chercheurs, dans ce domaine. Pour ce qui est de l’histoire de la ‘Hassidout, en général, on peut très souvent vérifier, si l’on recherche de quelle manière on a obtenu des informations, que chaque auteur fait état d’une rumeur ou d’une approximation, plus ou moins fondée, souvent plutôt “ moins ” que “ plus ”. Puis, les auteurs suivants, en l’absence de toute autre alternative, reprennent cette information, en oubliant de préciser qu’elle n’est qu’une approximation. Quiconque connaît l’histoire du peuple d’Israël, à l’époque de l’Admour Hazaken, en Russie, sait que les actes de naissances ou même les traditions orales permettant d’en connaître les dates, sont rares. Bien plus, du fait des persécutions, l’âge d’un petit garçon ou d’une petite fille était souvent falsifié.
Il semble que les biographes de ‘Habad se soient basés sur le Beth Rabbi et sur un ouvrage antérieur, le Toledot Ha Rav. Or, ces livres n’avancent eux-mêmes que des approximations. Il est, du reste, surprenant qu’une autre source, confirmant cette date de 5707, n’ait pas été reproduite dans ces livres(4). Je fais allusion à l’introduction des fils de l’Admour Hazaken à son Choul’han Arou’h, qui dit : “ Après de nombreuses années…, alors qu’il était âgé de trente ans…, se trouvant dans la sainte communauté de Moguilev… ”. Or, il est à peu près certain qu’il se trouvait là à cause de la Alya en Terre Sainte de nombreux ‘Hassidim du Maguid de Mézéritch, qui se déroula en 5537(5). J’ai, une fois, fait valoir à mon beau-père, le Rabbi, que l’Admour Hazaken avait alors trente deux ans. Il m’a répondu que les dates n’avaient pas été transcrites avec précision, dans cette introduction. En outre, on ne sait pas s’il s’agit de la date à laquelle il commença l’étude du Talmud pour la seizième fois ou bien la date à laquelle il acheva cette étude. En tout état de cause, ceci ne peut pas contredire une tradition précise, qui a été transmise d’une génération à l’autre.
B) Vous trouverez des éléments sur le Rabbi Maharach dans le Séfer Ha Toledot Maharach, que plusieurs ‘Hassidim possèdent et que l’on trouve dans les bibliothèques de Terre Sainte. On sait aussi que, selon les termes des ‘Hassidim et la tradition familiale, le Rabbi Maharach écrivit des “ prescriptions ”(6), bien entendu en latin, comme les médecins le faisaient alors. Pour autant, il est clair qu’il n’a pas fait d’études universitaires. Mais, il y avait, dans sa bibliothèque, plusieurs ouvrages médicaux et certains n’étaient pas en hébreu.
C) Vous m’interrogez aussi sur la généalogie des maîtres de ‘Habad. Vous consulterez, à ce propos, l’additif au Kountrass Torat Ha ‘Hassidout(7) et, de manière plus concise et plus brève, l’introduction du Hayom Yom, en particulier de sa troisième édition, qui a été publiée à New York en 5717(8). Ces ouvrages se trouvent également chez les ‘Hassidim, de même que dans les bibliothèques de Terre Sainte.
D) A la fin de votre lettre, vous me dites que tout cela est urgent et je vous exprime donc encore une fois ma surprise, comme je l’ai déjà fait au début de ma lettre. En effet, il est particulièrement étonnant d’envisager la rédaction d’un article, dans quelque domaine que ce soit, surtout s’il doit figurer dans une encyclopédie, c’est-à-dire dans un ouvrage destiné à être utile pour tous, avant même de rechercher les ouvrages qui ont déjà été publiés, en la matière, en tout cas les plus usuels. Vous mentionnez, dans votre lettre, le livre de monsieur Eliézer Steiman(9). Il cite lui-même plusieurs ouvrages, publiés en la matière. Avec mes respects et ma bénédiction,
Le secrétaire,
Notes
(1) De Lod. Voir, à son sujet, la lettre n°6824. Il est, en particulier, l’auteur des articles présentant, dans la presse, les publications de ‘Habad.
(2) 1745.
(3) 1747.
(4) Bien qu’elle aille dans leur sens et semble la plus probante.
(5) 1777.
(6) En yiddish dans le texte.
(7) Du précédent Rabbi.
(8) 1957.
(9) Voir, à son sujet, la lettre n°6563.