Par la grâce de D.ieu,
4 Nissan 5719,
Brooklyn,
A monsieur M. Ben Oury,
Je vous salue et vous bénis,
J’ai lu, avec intérêt, votre lettre de la veille de Roch ‘Hodech Nissan, faisant suite à l’entretien que nous avons eu, lors de votre visite. Vous insistez, en particulier, sur le graphisme de la couverture des Conversations avec les jeunes, qui sont éditées par le Merkaz Le Inynaneï ‘Hinou’h. Vous formulez une critique en trois points :
1. L’emplacement des deux Tables de la loi et leur forme.
2. L’emplacement du globe terrestre et sa représentation.
3. L’illustration, sous la forme de trois colonnes, du dicton de nos Sages selon lequel le monde repose sur trois piliers, la Torah, la prière et les bonnes actions. Vous me demandez les remarques que je formule, à ce propos.
Je préciserai, tout d’abord, une idée, que vous comprendrez sûrement. Cette couverture est diffusée depuis dix huit ans déjà. Ce périodique est distribué, de la manière la plus large, aux Etats-Unis, en Terre Sainte et dans d’autres pays encore. Ceci conduit à penser que cette couverture doit être maintenue, à l’avenir, en l’absence d’éléments contraires, qui obligeraient à rejeter totalement le graphisme actuel. Je répondrai maintenant, dans l’ordre, aux critiques que vous formulez dans votre lettre :
A) Lorsque la publication de ce périodique a été décidée, la finalité profonde qui lui avait été assignée était de renforcer le Judaïsme et de le transmettre aux jeunes, par tous les moyens possibles. Ceci est possible non seulement par la lecture de son contenu, mais aussi par ce qui en apparaît à première vue, c’est-à-dire sa couverture. Il en résulte deux points. D’une part, le Judaïsme et son expression effective, la Torah et les Mitsvot, sont les éléments les plus parfaits et les plus hauts de la création. D’autre part, rien au monde n’est concevable, qui ne soit pas basé sur elles. Or, le symbole le plus évident de la Torah et des Mitsvot est, bien entendu, les Tables de la Loi, comme le savent également ceux qui n’ont reçu aucune éducation juive, sous quelle forme que ce soit. Car, ce périodique s’adresse également à eux.
Le graphisme souligne qu’elles se trouve au-dessus de la terre et même au-dessus du ciel. Or, il est difficile de les figurer clairement d’une autre manière que par des nuages. C’est pour cette raison que les Tables de la Loi sont posées au-dessus des nuages. Seul le Créateur, béni soit-Il, est au-dessus d’eux et c’est à cela que font allusion les lettres Beth Hé, Barou’h Hachem, “ que D.ieu soit béni ”, se trouvant sur cette couverture. Au-dessous, se trouve le globe terrestre. Or, la Torah ayant été donnée sur le mont Sinaï, ce globe est représenté de telle façon qu’une ligne émanant directement de ces deux lettres et passant par les deux tables parvienne sur sa surface. C’est pour cela que les trois traits sont représentés en diagonale et non l’un en-dessous de l’autre. En effet, si tel était le cas, il aurait fallu représenter le globe d’une manière dont les jeunes n’ont en aucune façon l’habitude, c’est-à-dire avec l’est vers le haut et l’ouest vers le bas. Or, comme je l’ai dit, le but de cette couverture est de faire en sorte que quiconque la voit puisse se passer de toute autre explication, se suffisant de ce qu’il observe de ses yeux.
Il est également une autre raison. Si l’on avait adopté cette représentation, on n’aurait pu figurer qu’une partie du continent habité. Or, il s’agissait de souligner que la Torah s’applique d’une manière identique en tout endroit. Pour cette même raison, les Tables de la Loi ne sont pas droites, mais légèrement inclinées sur le côté. En effet, il fallait que la terre se trouve sous ces Tables et celles-ci sous les lettres.
B) Vous faites remarquer que le globe terrestre tient sur trois piliers et vous me dites qu’une explication ultérieure est nécessaire : on doit savoir sur quoi tiennent ces piliers. Il est clair que votre question porte sur la Michna, dont les propos sont dessinés sur cette couverture. Or, pour la Michna elle-même, une telle explication n’est pas nécessaire. En effet, chacun comprend aisément que la Torah, la prière et les bonnes actions ne sont pas des piliers matériels, mais doivent être compris au sens spirituel, même si ceci a une incidence concrète sur l’action de l’homme. De même, chacun sait que la Torah émane de Celui Qui la donne. Il n’est nul besoin de le spécifier, tout comme la Michna dit : “ Le monde se tient ”, terme que l’on emploie pour un objet matériel placé sur un autre objet matériel, alors qu’elle fait allusion à un équilibre spirituel et profond. Pour autant, la Michna ne craint pas une erreur, en la matière. De ce fait, aucun de ses commentateurs qui sont particulièrement nombreux, concernant le traité Avot, ne formule une telle question : sur quoi reposent ces piliers ? De même, le graphisme de la couverture, à mon avis, ne prête nullement à confusion.
Vous proposez de remplacer cette image par celle des trois dimensions, la longueur, la largeur et la hauteur, de sorte que chacune d’elles représente un pilier défini par la Michna. Or, il est, tout d’abord, possible d’envisager plusieurs dimensions, outre la longueur, la largeur et la hauteur. Ainsi, il peut y avoir des dimensions arrondies, dès lors qu’il y en a trois, indépendantes l’une de l’autre, comme l’explique longuement la géométrie. En outre, il est utile, de différents points de vue, d’ajouter une quatrième dimension, celle du temps. De plus, selon la définition envisagée par les mathématiques, des dimensions ont pour but de mesurer ce qui y est inscrit, de fixer sa place, de le limiter et d’en préciser le contour, mais non de repérer ce qui les dépasse.
Bien entendu, il n’y a là qu’une remarque, le point essentiel étant que tout cela n’a pas sa place sur la couverture d’un périodique destiné à la jeunesse. Il en existe plusieurs catégories, transmettant la connaissance des sciences de la nature. Or, pour la plupart d’entre eux, ces jeunes ne comprendraient pas un tel graphisme, y compris ceux qui sont dans l’enseignement secondaire et, a fortiori, les plus jeunes. Or, comme je l’ai dit, l’idée véhiculée par une image doit pouvoir se passer de toute autre explication. Si ce n’est pas le cas, elle est impropre et elle est entachée de manque. Comme le disent nos Sages, la paix doit régner, à l’issue de la discussion et j’espère donc que vous ne m’en voudrez pas pour ces remarques, qui n’ont d’autre but que d’expliquer et qui ne sont nullement destinées à polémiquer. Avec mes respects et ma bénédiction pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse,