Par la grâce de D.ieu,
11 Nissan 5709,
Brooklyn, New York,
A nos frères, les enfants d’Israël,
partout où ils se trouvent,
Je vous salue et vous bénis,
A l’approche de la fête de notre libération, celle des Matsot, temps de notre liberté, j’adresse ma bénédiction aux Juifs, en tout endroit, afin que cette fête apporte à la vie quotidienne de chacun et de chacune, une libération véritable et entière de tous les tracas et de tous les obstacles, matériels et spirituels, une élévation vers le contenu profond(1) de la sortie d’Egypte, qui fut l’entrée en matière du don de la Torah et réalisa l’Injonction divine : “ Quand tu feras sortir le peuple d’Egypte, vous servirez D.ieu sur cette montagne ”, celle du Sinaï.
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Bien entendu, la Torah et les Mitsvot, telles qu’elles furent données par D.ieu, sont éternelles et immuables. Il en est de même pour les enseignements que l’on peut et que l’on doit déduire de la Torah et des Mitsvot. Ceux-ci s’appliquent de tout temps et en tout lieu. Combien plus est-ce le cas pour une Mitsva et un principe d’une portée aussi globale que la fête de Pessa’h, la sortie d’Egypte, qu’il convient de mentionner chaque jour(2).
L’un des enseignements de la fête de Pessa’h est le suivant. Un Juif a la force de se transformer, d’une extrême à l’autre. Il peut y parvenir, d’une manière concrète, en peu de temps, en un instant. Le Tana’h et les propos de nos Sages font une description précise de l’amer exil d’Egypte et du profond désespoir des enfants d’Israël, à l’époque.
Ils étaient asservis dans le pays duquel aucun esclave n’était parvenu à s’enfuir(3), sous la puissante domination du Pharaon, qui se baignait dans le sang des enfants d’Israël(4). Ils vivaient dans une immense pauvreté(5), étaient brisés par les décrets et par l’âpre servitude, par un esclavage qui fracassait le corps et l’âme(6). Or, tout à coup, la puissance du Pharaon fut anéantie et l’ensemble du peuple fut libéré. Cette libération fut obtenue “ la main haute ”, avec fierté et “ avec un large butin ”, une grande richesse(7).
Il en est de même pour la libération, dans sa dimension morale, qui fut aussi un passage d’un extrême à l’autre. Les enfants d’Israël étaient embourbés dans les quarante neuf portes de l’impureté, au point d’en être idolâtres(8). Puis, D.ieu, dans toute Son Essence, se révéla à eux(9). Quelques semaines plus tard, tous se trouvaient devant le mont Sinaï, au stade le plus élevé(10) de la sainteté et de la prophétie. L’Eternel s’adressa directement à chacun d’entre eux, sans intermédiaire, pas même Moché, notre maître et Il dit : “ Je suis l’Eternel ton D.ieu ”.
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Les leçons et les enseignements que l’on peut tirer de tout cela sont les suivants.
Quelle que soit la situation d’un Juif, à titre collectif ou individuel, quelle que soit l’évaluation que peut en donner l’intellect des hommes, celui-ci n’en est pas moins tenu de se souvenir, chaque jour, de la sortie d’Egypte. Il doit donc souhaiter la libération véritable et la délivrance, agir pour l’obtenir, une délivrance “ la main haute ” et “ avec un large butin ”, de toutes les servitudes, de tous les obstacles sur la voie de sa propre “ Egypte ”, jusqu’à devenir “ une nation de prêtres et un peuple sacré ” et recevoir la Torah “ comme(11) aux jours de ta sortie d’Egypte ”.
Nul n’a le droit de s’arrêter ou de se retarder, sur le chemin. Et, l’on ne peut pas se contenter des premiers acquis. On doit aller de l’avant, s’élever toujours plus haut, jusqu’à percevoir et ressentir que : “ Je suis l’Eternel ton D.ieu ”.
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Ces enseignements sont particulièrement importants et d’actualité en cette période, alors que l’on constate un éveil, non seulement de la part d’individus, mais aussi de groupes, de différents milieux, pour s’affranchir de la servitude morale, pour se diriger vers la liberté véritable, pour se défaire totalement de l’angoisse du : “ qu’en dira le non Juif ? ”.
Il peut s’agir d’un non Juif, au sens littéral, d’une parole “ non juive ” prononcée par un Juif égaré ou encore du non Juif que l’on porte en soi, c’est-à-dire du mauvais penchant. C’est à tous à la fois que s’adresse l’appel de Pessa’h : “ Ne vous arrêtez pas, allez de l’avant, recherchez l’élévation, avec la main haute. Dès lors, il est certain que vous quitterez l’exil, avec les jeunes(12) et les vieux, les fils et les filles, avec une grande richesse ”.
Je vous adresse ma bénédiction pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse et que s’accomplisse, très bientôt et de nos jours, la promesse selon laquelle : “ Comme aux jours de ta sortie d’Egypte, Je te montrerai des merveilles ”, par notre juste Machia’h,
Mena’hem Schneerson,
Notes
(1) Le Rabbi note, en bas de page : “ Midrash Chemot Rabba, chapitre 3, au paragraphe 4 et chapitre 24, au paragraphe 2 ”.
(2) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le Choul’han Arou’h de l’Admour Hazaken, Ora’h ‘Haïm, au chapitre 67 ”.
(3) Le Rabbi note, en bas de page : “ Me’hilta sur le verset Yethro 18, 11 ”.
(4) Le Rabbi note, en bas de page : “ Midrash Chemot Rabba, fin du chapitre 1. Voir le Targoum Yerouchalmi sur le verset Chemot 2, 23 ”.
(5) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le commentaire du Ramban sur le verset Devarim 16, 3 ”.
(6) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le Torah Or, au début de la Parchat Chemot, commentant le verset : ‘Ils rendirent leur vie amère’ et le Or Ha Torah, à la même référence ”.
(7) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le traité Be’horot 5b ”.
(8) Le Rabbi note, en bas de page : “ Zohar ‘Hadach, Parchat Yethro, à la page 31a. Voir la longue explication du Tseror Ha Mor, citée par le Chneï Lou’hot Ha Berit, au traité Pessa’him, paragraphe ‘Ma Nichtana’. Me’hilta sur le verset Chemot 14, 29 ”.
(9) Le Rabbi note, en bas de page : “ Il s’agit de l’Attribut de Royauté, Mal’hout de l’En Sof et de l’Essence de l’En Sof, précédant le Tsimtsoum, comme l’explique le Rabbi Rachab ”.
(10) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le Rambam, lois des fondements de la Torah, au chapitre 8 et le discours ‘hassidique intitulé : ‘Témoignage’, de l’Admour Haémtsahi, imprimé dans son Séfer Ha ‘Hakira ”.
(11) Le Rabbi note, en bas de page : “ Mi’ha 7, 15. Voir le discours ‘hassidique intitulé : ‘Comme aux jours de ta sortie d’Egypte’, de 5708, de mon beau-père, le Rabbi ”.
(12) Le Rabbi note, en bas de page : “ Chemot 10, 9 ”.