Par la grâce de D.ieu,
11 Nissan 5719,
Brooklyn, New York,
A l’attention de monsieur Avraham Its’hak Ha Cohen,
qui est appelé le professeur Kats(1),
Je vous salue et vous bénis,
Je vous remercie pour votre lettre et pour les coupures de presse qui y étaient jointes et que je vous restitue avec la présente, conformément à votre demande. Je dois dire que je maintiens ma position selon laquelle la proposition d’inscrire, avec un titre spécifique, quel qu’il soit, y compris : “ Juif non affilié ”, les enfants dont la mère n’est pas juive et ne s’est pas convertie au Judaïsme, présente le plus grand danger d’être à l’origine de clivages dans les milieux les plus larges de notre peuple, les enfants d’Israël(2). Elle présente, en outre, d’autres inconvénients, par exemple le mélange et la tromperie pour ce qui concerne les mariages(3), si ce n’est en Terre Sainte, au moins dans le reste du monde, et bien d’autres effets négatifs encore.
J’ai indiqué par ailleurs, d’une manière allusive, qu’il est significatif de constater que les Juifs, de retour en Erets Israël à l’issue de l’exil de Babylone, prirent les mesures les plus sévères pour prévenir toute assimilation et tout mélange avec d’autres peuples, comme le relate le livre d’Ezra. Certes, nous n’avons pas encore mérité de quitter l’exil et d’accéder à la délivrance. Il y a, néanmoins, un point commun, et même encore plus que cela, entre cette situation et la période actuelle. A l’époque, quarante mille personnes s’installèrent en Terre Sainte, alors que de nos jours, ce chiffre est bien plus important. Une immigration aussi massive exige qu’on n’affaiblisse pas les barrières entre Israël et les nations, bien plus qu’on les renforce et qu’on les raffermisse. Ceci ne concerne pas uniquement ceux qui sont pieux ou seulement le domaine religieux. Il y a là un aspect fondamental de la pérennité du peuple d’Israël, dans tous les domaines, y compris, entre autres, sur le plan sécuritaire.
A ce propos, vous soulignez la contradiction entre la loi sur la résidence et la question de l’inscription des enfants de couples mixtes, de même que l’autre contradiction, en sens inverse entre cette question et la loi sur le mariage. Bien entendu, vous avez parfaitement raison. Pour ma part, je me suis bien gardé d’aborder ces points, dans mes lettres de réponse à la question sur : “ Qui est Juif ”(4). En effet, même si l’on ne constatait pas de telles contradictions et que seule la question : “ Qui est Juif ? ” était à l’ordre du jour, l’évidence et la fermeté de la réponse n’en auraient en aucune façon été changées.
Il est, en outre, une question que plusieurs posent, en s’étonnant : comment faire en sorte que la réponse à cette question ne soit pas perçue comme discriminatoire ? Je n’ai jamais compris le rapport entre les deux idées. En effet, il y a, en Erets Israël de nombreux chrétiens et de nombreux musulmans. Or, envers eux également, on est tenu d’écarter toute discrimination. Pour autant, il ne viendrait à l’idée de personne de les inscrire comme Juifs. Ceci est également la réponse à ce que vous mentionnez dans votre lettre, l’incidence de la sécurité et de la démocratie sur la manière de résoudre la question de : “ Qui est Juif ? ”. A mon avis, il n’y a aucune incidence, comme je viens de le montrer.
Je voudrais vous réitérer mes remerciements pour m’avoir prêté le second manuscrit, qui vous a été restitué par envoi séparé, avec la liste des discours ‘hassidiques et des lettres qu’il contient, ayant déjà été publiés, d’après mes souvenirs. Si vous découvrez encore un tel manuscrit, vous me permettrez sûrement de le voir et de le consulter. Je vous en remercie d’avance. Avec mes respects et ma bénédiction, en particulier pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse,
Notes
(1) Voir, à son sujet, la lettre n°6733.
(2) Voir, à ce propos, la lettre n°6733.
(3) Puisque l’on ne saura plus qui est réellement juif.
(4) Posée par David Ben Gouryon. Il s’agit des lettres n°6714 et 6715.