Lettre n° 6900

Par la grâce de D.ieu,
20 Sivan 5719,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Après une interruption particulièrement longue, j’ai reçu votre lettre du 15 Sivan, dans laquelle vous me dites que vous souhaitez retourner dans votre ville, dans un mois(1). Vous ne sollicitez pas mon conseil, en la matière. Malgré cela, je saisis cette occasion pour vous dire qu’à mon avis, il serait très judicieux, dans la mesure où cela est possible, de poursuivre votre visite en Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie, au moins pendant quelques mois encore, par exemple jusqu’à Pessa’h prochain ou, tout au moins, jusqu’au mois de Chevat, car il semble que, dans votre ville, c’est alors que commence la nouvelle année scolaire. Pendant ce temps, vous poursuivrez vos études dans une Yechiva où l’on se consacre uniquement aux études sacrées, tout au long du jour. Avant tout, vous vous efforcerez de séjourner dans l’internat de cette Yechiva, c’est-à-dire de passer toute la journée dans son atmosphère. A votre âge, les années sont déterminantes pour forger la personnalité de l’homme que vous serez pendant le reste de votre vie. En outre, et ceci est tout aussi fondamental, elles permettent de se renforcer et de se protéger contre les vents qui soufflent dans le monde, car, précisément à notre époque, soufflent des vents inhabituels et pourtant très forts. C’est bien évident. Certes, je comprends l’importance de la mission que vous voulez assumer dans votre ville, dans le domaine de l’éducation basée sur la Tradition. Toutefois, une préparation encore plus approfondie vous sera, à n’en pas douter, bénéfique, en la matière. Elle vous permettra d’avoir une influence plus efficace, en plus de l’intérêt qu’elle présente pour vous, à titre personnel. Il est inutile de préciser que la valeur de l’éducation dépend directement des connaissances de l’enseignant, de sa conception du monde et de sa dévotion à son rôle d’éducateur et de guide. Or, c’est précisément en la matière que l’ambiance d’une Yechiva est particulièrement déterminante, surtout quand elle est pénétrée de lumière et de chaleur ‘hassidiques.

Vous m’interrogez sur le voyage à bord d’un bateau israélien pendant le Chabbat(2). Je suis très surpris que vous soyez dans le doute, à ce sujet. Comme je l’ai écrit dans mes lettres qui, d’après la formulation de votre lettre, semblent vous être connues, il y a bien, en la matière, une interdiction claire. J’ai écrit également qu’il n’est nullement nécessaire, de ce point de vue, de s’en remettre au témoignage de quiconque. Il suffit de consulter les carnets de bord du capitaine et ceux des ingénieurs des bateaux, à notre époque. Chacun pourra vérifier que le bateau est dirigé grâce à des travaux interdits pendant le Chabbat, d’après tous les avis. Vous-même savez sûrement qu’aucun de ceux qui prescrivent une position conciliante en la matière n’a été en mesure de répondre à cette question essentielle(3). Bien plus, une telle réponse est même inutile. Il suffit de faire une copie des carnets de bord des bateaux de Terre Sainte et de la diffuser. Dès lors, il n’y aura plus de doutes. Bien plus, vous-même pourrez vérifier qu’il en est bien ainsi, si l’une de vos connaissances appartient à l’équipage d’un bateau. Mais, l’on doit vous montrer des carnets de bord véritables et non falsifiés. Comme je le disais dans mes lettres, cette transgression du Chabbat est effroyable. Or, elle est effectuée de la manière la plus publique, en la présence de plusieurs centaines de voyageurs et on lui apporte la plus large diffusion, puisque les journaux publient l’heure de départ et d’arrivée des bateaux. Et, tout cela est fait au nom de tout le peuple d’Israël, qui passe pour le propriétaire de ces bateaux.

Vous dites que vous ne pouvez pas intervenir, en la matière. Vous comprendrez vous-même que cela ne justifie absolument rien, puisque, malheureusement, il s’agit bien d’une transgression publique du Chabbat, alors que l’on n’est nullement contraint de le faire(4). Bien plus, il y a déjà eu plusieurs cas de personnes qui ont refusé de transgresser le Chabbat. Celles-ci ont exercé des pressions et elles ont obtenu gain de cause, de sorte que leur voyage a été conforme à notre Torah, Torah de vie. J’ai déjà écrit, à ce sujet et j’ai cité un enseignement de nos Sages, au traité Chabbat 119b, selon lequel c’est précisément la transgression du Chabbat qui détruisit la ville sainte de Jérusalem, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie. Point n’est besoin d’en dire plus tant cela est pénible, douloureux et même effroyable. Dans l’attente de bonnes nouvelles de tout cela,

Notes

(1) Interrompant ainsi un séjour en Terre Sainte.
(2) Voir, à ce sujet, la lettre n°6618.
(3) Comment permettre un voyage qui entraîne une transgression du Chabbat d’après les principes de la Torah ?
(4) Il y a d’autres moyens d’effectuer un tel voyage.