Lettre n° 6905

Par la grâce de D.ieu,
25 Sivan 5719,
Brooklyn,

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu et se
consacre aux besoins communautaires, le Rav Meïr(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre de ce mardi. Comme vous me le demandez, je reproduis ici ce qui est imprimé, dans la ‘Hassidout ‘Habad, à propos de la lecture de Zé’her Zè’her(2) :

Boné Yerouchalaïm(3), au chapitre 44, dont l’auteur est, très vraisemblablement, l’Admour Hazaken, auteur du Tanya et du Choul’han Arou’h :

A ce sujet, un verset dit : “ Effacer, J’effacerai le souvenir d’Amalek ”, ce qui veut dire qu’il appartient à D.ieu de l’effacer. Un autre verset affirme : “ Tu effaceras le souvenir d’Amalek ”, ce qui signifie qu’il nous appartient de le faire(4). Mais, l’explication est la suivante. Il y a une façon de lire et une façon d’écrire “ le souvenir d’Amalek ”(5), l’une ponctuée avec un Ségol et l’autre, avec un Tseïré(6). Le Ségol fait allusion à l’amour, car il émane de la bonté, alors que le Cheva représente la crainte(7), qui est un amour(8), les Mitsvot que l’on fait pour soi-même, le niveau d’Amalek(9) qui n’agit que par intérêt. D.ieu ne nous a donc pas demandé de l’effacer(10). A l’opposé, il nous appartient bien d’effacer la crainte négative, c’est-à-dire les Interdits, qui appartiennent au mal absolu, duquel nous devons nous séparer.

Tel est le sens du verset : “ Tu effaceras le souvenir d’Amalek ”, avec un Cheva(11), en le faisant soi-même, comme on l’a dit. L’amour négatif correspond aux Mitsvot que l’on accomplit par intérêt. Or, nous n’avons pas la force d’effacer tout cela et de faire en sorte que ces Mitsvot soient bonnes et parfaites. Celles-ci sont donc entachées par de nombreux manques, dès lors qu’elles n’ont pas été mises en pratique de la manière qui convient. C’est à ce propos qu’il est dit : “ J’effacerai Amalek ” avec un Ségol. Il reviendra à D.ieu d’effacer cet amour quand se révèlera le Machia’h, très bientôt et de nos jours. A l’heure actuelle, en revanche, il n’y a pas lieu de supprimer les Mitsvot. On doit les respecter, même si l’on est animé par un intérêt. C’est bien évident.

Comportements de Pourim, imprimés à la fin des Rechimot sur la Meguilat Esther, à la page 23(12) :

Dans la lecture de la Parchat Za’hor et de la Parchat Tetsé, de même que dans celle de Pourim et de la Parchat Bechala’h, on lit Zé’her, le souvenir d’Amalek, avec un Tseïré ou avec un Ségol. On trouve, à ce propos, différents usages. Je n’ai cependant pas reçu d’instructions, en la matière. Il est toutefois préférable de lire l’un et l’autre à la fois. Pour la Parchat Za’hor et la Parchat Tetsé, on prononcera ce mot d’abord avec un Tseïré, puis avec un Ségol. Pour la lecture de Pourim et de la Parchat Bechala’h, par contre, on lira d’abord avec un Ségol, puis avec un Tseïré(13).

Avec mes respects et ma bénédiction,

Le secrétaire,

Notes

(1) Le Rav M. Amsel, de Brooklyn. Voir, à son sujet, la lettre n°3821.
(2) Le “ souvenir ” d’Amalek. Il y a un doute sur la ponctuation de ce terme et, quand il est lu dans la Torah, on le répète deux fois, en le lisant une fois avec un Ségol, une autre avec un Tseïré. Voir, à ce sujet, les lettres n°4246 et 4597.
(3) Et dans le Séfer Maamareï Admour Hazaken Ha Ketsarim, à la page 42.
(4) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le Midrash Tan’houma, à la fin de la Parchat Tetsé, Rabboténou Baaleï Ha Tossafot, à la fin de la Parchat Bechala’h, le Torah Or, de l’Admour Hazaken, à la fin de la Parchat Tetsavé ”.
(5) Le Rabbi note, en bas de page : “ Il semble que celui qui a retranscrit ce texte n’a pas été précis. Il y a, en fait, deux manières de lire cette expression ”.
(6) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir, plus bas, la dernière note ”.
(7) Le Rabbi note, en bas de page : “ Tikouneï Zohar, Tikoun n°69, à la page 129b. Pardès de Rabbi Moché Cordovero, porte de la ponctuation ”.
(8) Le Rabbi note, en bas de page : “ Il faut vraisemblablement dire : un amour négatif ”.
(9) Le Rabbi note, en bas de page : “ Le lien entre Amalek et l’action égoïste est expliqué dans le discours précédent du Boné Yerouchalaïm. On verra aussi, en particulier, le Torah Or, à la page 83a ”.
(10) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le Rambam, lois de la Techouva, chapitre 10, à partir du paragraphe 2 : ‘Cette qualité n’est pas accessible à tous les sages. Dans un premier temps, on apprend donc dans le but de recevoir une récompense, jusqu’à ce que l’on acquiert le discernement et une grande sagesse. C’est alors que, par étapes, on révèle ce secret’ ”.
(11) Le Rabbi note, en bas de page : “ Peut-être faut-il dire Cheva Tseïré, dont la relation est définie par l’introduction des Tikouneï Zohar, à la page 15b, par le Tikoun n°56, à la page 89b, par le Tikoun n°69, à la page 104b, par le Tikoun n°70, à la page 126a, par le Zohar ‘Hadach, Chir Hachirim, à la page 73d et par le Pardès, précédemment cité ”.
(12) Voir également le Séfer Ha Minhaguim ‘Habad, à la page 72.
(13) Le Rabbi note, en bas de page : “ Dans le ‘Houmach, selon la Tradition, le Zé’her de la Parchat Bechala’h est écrit avec un Tseïré. Pour la Parchat Tetsé, on trouve les deux avis. Il semble que le Michna Beroura fasse allusion à cela, au chapitre 685, paragraphe 18. Selon la conclusion de ce denier, il est bon de lire les deux à la fois et de s’acquitter ainsi de son obligation selon les deux avis. Le Séfer Maassé Rav et ses notes rapportent des explications contradictoires, à ce sujet. Vous verrez aussi les Hagahot Porat Yossef sur le traité Baba Batra 21b. Il en résulte que le doute subsiste uniquement pour la Parchat Tetsé et la Parchat Za’hor. En revanche, le Ketsot Ha Choul’han, dans ses notes de la fin du tome 4, cite plusieurs coutumes également pour la lecture de la Parchat Bechala’h. On peut le comprendre d’après ce que dit le Boné Yerouchalaïm, au chapitre 44, bien qu’il semble que cette Rechima ne soit pas précise. Il est dit, dans ce texte que le Zé’her de la Parchat Bechala’h a un Ségol et celui de la Parchat Tetsé, un Tseïré. Il me semble donc, comme je l’ai écrit dans ce texte, que, pour la Parchat Bechala’h et pour Pourim, on dit d’abord et essentiellement un Ségol, puis, pour s’acquitter de son obligation également d’après le second avis, un Tseïré, alors que, dans la Parchat Tetsé et la Parchat Za’hor, on fait l’inverse. La lecture pour celui qui dit la Haftara s’ajoute aux sept appelés à la Torah, qui constituent la lecture essentielle. On en fait donc de même, pour le septième appelé comme pour celui qui lit la Haftara. Il faut, avant tout, retenir le dicton du l’auteur du Torat ‘Hessed, cité par le Ketsot Ha Choul’han, à la même référence, selon lequel : ‘Qu’il s’agisse d’un Ségol ou d’un Tseïré, l’essentiel est surtout de bien l’effacer !’ ”.