Par la grâce de D.ieu,
29 Sivan 5719,
Brooklyn,
Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav Mena’hem Israël(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu votre lettre du 24 Sivan, avec ce qui y était joint. Je vous remercie beaucoup pour votre cadeau(2), des discours et des lettres de nos saints maîtres. Sans doute maintiendrez-vous par la suite cet usage positif. Comme le disent nos Sages, on confère de la valeur à ce qui est précieux, d’autant qu’il s’agit de l’enseignement de nos maîtres. C’est bien évident. En un moment propice, je mentionnerai tous ceux que vous citez près du saint tombeau de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, afin que chacun obtienne la satisfaction de ses besoins, conformément à ce que vous écrivez. Puisse D.ieu faire que vous me donniez de bonnes nouvelles, d’un bien visible et tangible.
J’ai bien reçu votre manuscrit, en particulier le tome 1 du Tanya, qui présente des différences par rapport à la version qui est imprimée, puis les discours de l’Admour Hazaken. Je vous remercie tout particulièrement pour cela. Vous envisagez qu’il s’agisse d’une reproduction de textes falsifiés(3). Je ne suis pas du tout d’accord avec vous. En effet, on n’y trouve aucune modification nuisible(4). Il semble simplement qu’il y ait ici quelques manques et peut-être même quelques pages ont-elles été égarées. En revanche, on peut effectivement penser qu’il s’agit de la première édition du Tanya, mais ce point ne sera pas développé ici.
Vous évoquez encore une fois la lecture du verset : “ Lorsqu’elle faisait halte, il disait ”(5). Au préalable, il me semblait que celui qui pose cette question voulait savoir la vérité et qu’il recherchait une réponse à son interrogation. Néanmoins, vous me rapportez, dans la présente lettre, la suite des questions qu’il vous a posées. Il semble, en fait, que ce ne soit pas du tout le cas et que son seul but est de soulever une objection. Vous comprendrez que j’en sois très étonné et surpris. Quand on formule une question et peut-être même une objection contre l’Admour Hazaken, auteur du Tanya et du Choul’han Arou’h, accepté par tout le peuple d’Israël, y compris par ceux qui ont d’autres maîtres et se conforment à leurs enseignements, on va à l’encontre du respect qui lui est dû. En l’occurrence, avant de poser une telle question, on ne consulte même pas, on ne réfléchit pas, afin de vérifier si cette interrogation est plausible. Vous comprendrez donc que je sois également surpris lorsque vous-même m’écrivez : “ Y a-t-il un moyen de répondre à sa question ? ”. En effet, vous auriez dû lui répondre vous-même qu’il n’y a là aucune question et il n’y avait sûrement pas lieu de la transmettre sur un autre continent(6).
Je ne sais pas pourquoi vous ne lui avez pas donné cette réponse et je répondrai donc, brièvement et dans l’ordre de votre lettre, à ces questions :
A) Cet homme dit que : “ La nécessité de ‘ne pas se hâter d’ouvrir la bouche’ ne s’applique pas aux versets de la Torah ”. Il est clair que cette affirmation n’a aucun fondement, puisque ce principe a été énoncé précisément à propos des versets du Tana’h et qu’il s’y réfère donc. Bien plus, le sens simple de ce verset établit qu’il en est bien ainsi. En effet, il n’est pas dit que cela n’est pas vrai ou que cela n’est pas souhaitable, mais bien que l’on doit réduire ses propos, ne pas les multiplier. Ainsi, le défaut est bien de prononcer de nombreuses paroles, alors que celles-ci sont inutiles et rien d’autre. Puis, le second verset introduit une autre idée et il précise que la multiplication des paroles peut aussi avoir d’autres effets. C’est bien évident.
B) Il dit que : “ L’Admour Hazaken n’a jamais supprimé la lecture de versets de la Torah, sauf quand il pourrait en résulter une interruption ”. Cette affirmation n’a pas de sens. Quiconque feuillette le Sidour de l’Admour Hazaken, même de manière superficielle, verra un nombre incalculable de passages qui la contredisent. L’Admour Hazaken a supprimé de nombreux versets qui doivent être récités selon d’autres rites, même quand il n’en résulte aucune interruption. Je commencerai par le début du Sidour et je me contenterai d’une seule comparaison avec le rite séfarade, mais l’on pourrait en trouver beaucoup d’autres, avec le rite ashkénaze. Dans la Mitsva des Tefillin, n’est pas mentionné le verset : “ Tu me seras attaché pour l’éternité ”. On ne trouve pas non plus le passage Pata’h Elyahou, ni la Paracha sur le bassin d’ablution, pas plus que de nombreux autres passages, y compris à la fin de la bénédiction suivant le repas(7).
C) Il dit que : “ Rabbi Yaakov Kopel, dans son Sidour(8), ne cite pas le verset : ‘Que l’on glorifie le Nom de l’Eternel’(9) ”. L’Admour Hazaken, en revanche, le fait. Or, même s’il n’apparaissait pas dans le Sidour de Rabbi Yaakov Kopel, celui-ci figure bien dans le Sidour de Rabbi Chabtaï de Rashkov(10), qui est conforme aux enseignements du Baal Chem Tov et rédigé par ses disciples. Ce verset se trouve, en outre, dans tous les Sidourim, depuis celui de Rav Amram Gaon. Pourquoi donc la question est-elle posée précisément sur celui de l’Admour Hazaken ? Autre point, qui est essentiel et qui indique bien de quelle manière cette question a été posée, le Sidour de Rabbi Yaakov Kopel cite effectivement ce verset ! Et, vous consulterez les prières du Chabbat pour le vérifier. Il semble, en fait, que celui qui a posé la question ait consulté uniquement la prière de la semaine, dans laquelle il n’a pas vu ce verset et qu’il se soit réjoui de cette découverte, sans même remarquer que cette prière de semaine ne rapporte rien du rituel de la restitution du Séfer Torah dans l’arche sainte. Ainsi, si celui qui pose la question prend le Sidour de Rabbi Yaakov Kopel à la lettre, il en déduira que, selon lui, le Séfer Torah n’est pas du tout replacé dans l’arche sainte, pendant la semaine(11) !
Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles, toujours et tous les jours, de vos réalisations communautaires, de même que de ce qui vous concerne personnellement,
Notes
(1) Le Rav M. I. Melov. Voir, à son sujet, la lettre n°6850.
(2) Voir, à ce propos, les lettres n°6872 et 6911.
(3) Par des détracteurs de la ‘Hassidout.
(4) Introduites dans l’intention de nuire.
(5) Beaalote’ha 10, 36, que certains disent lorsque la Torah est lue. Voir, à ce sujet, la lettre n°6850.
(6) Au Rabbi.
(7) Que d’autres rites concluent par quelques verset s’achevant avec : “ L’Eternel conférera la puissance à Son peuple, l’Eternel bénira Son peuple par la paix ”.
(8) Qui est une version de celui du Ari Zal.
(9) Récité quand le Séfer Torah est reconduit dans l’arche sainte.
(10) Qui est une autre version de celui du Ari Zal.
(11) Ce qui est, bien entendu, absurde. Ceci apporte la preuve que celui qui a posé la question n’a examiné le Sidour de Rabbi Yaakov Kopel que d’une manière très superficielle, dans le seul but de soulever une objection.