Par la grâce de D.ieu,
8 Tamouz 5720,
Brooklyn,
Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
se consacre aux besoins communautaires,
à de multiples connaissances, le Rav C. Y.(1),
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à votre lettre du 3 Tamouz et j’en reprendrai les points dans l’ordre. Vous me posez une question sur l’application du principe selon lequel : “ le dixième sera sacré ”(2) en tout état de cause, y compris à l’intérieur de l’étable, à la condition que, par la suite, cet animal passe par la même porte que les autres. Il est alors établi, d’une manière rétroactive, qu’il en était d’emblée bien ainsi. Vous me demandez en quoi il importe qu’il sorte de l’étable et par où il le fait. On peut répondre sur la base de la logique ou bien en faisant référence à ce qui est écrit.
La logique est bien simple. La sortie par une autre porte est comparable à la constitution d’un domaine nouveau, lequel, bien plus, annule même le compte ayant auparavant été établi en bonne et due forme. S’il en est ainsi pour la sortie par la porte, on peut admettre que cela s’applique également à la mort de l’animal, qui le fait aussi disparaître du domaine dans lequel il se trouvait. Comment tel agneau pourrait-il être consacré parce qu’il y en a neuf autres, dans une étable différente ? En d’autres termes, la sortie par une autre porte en fait une nouvelle étable. En la matière, aucune distinction ne doit être faite entre le neuvième animal et le dixième. Il est dit que “ le dixième sera sacré ”, même s’il n’a pas quitté l’étable. De fait, on applique, en différents domaines, le principe selon lequel une clarification a valeur rétroactive, de cette manière ou bien à l’inverse.
Ce qui est écrit permet également d’établir qu’il en est bien ainsi, comme je le citais dans ma précédente lettre. Ainsi, Rachi, commentant le traité Be’horot 59b, qui parle de l’animal mort ou bien sorti par une autre porte, souligne : “ le dixième n’a pas été sanctifié ” lorsqu’il n’y avait pas dix animaux réunis.
Je suis très surpris par votre citation d’un livre que je ne possède pas selon lequel la formulation de ce commentaire de Rachi n’est pas précise, puisqu’en tout état de cause, le dixième animal est consacré. Or, Rachi dit clairement qu’il ne l’est pas. Peut-être l’auteur a-t-il vu un manuscrit et non le commentaire proprement dit. Il en est de même pour le commentaire de Rabbénou ‘Hananel sur le traité Baba Metsya 6b, qui dit : “ S’il y a dix animaux dans une étable et que le dixième a sauté, les neuf autres sont dégagés de toute obligation, parce que le compte a été effectué de la façon qui convient à la dîme, bien que le dixième ne soit pas sorti de l’étable ”.
J’ai été très satisfait par votre intervention pour le rabbinat de Ramat Gan(3). J’attends de bonnes nouvelles, en la matière. A mon avis, il y a là à la fois le bien de l’individu et celui de la communauté. Je suis surpris de constater que, dans les propos tenus publiquement, à l’occasion du bicentenaire de la Hilloula du Baal Chem Tov, je n’ai pas vu, pour l’heure, que l’on ait souligné ce qui, à mon sens, doit spécifiquement être mis en avant, le fait que le Baal Chem Tov ajouta de la lumière à la Torah et aux Mitsvot, qu’il n’en supprima pas le moindre aspect, ce qu’à D.ieu ne plaise(4), même s’il rappela l’enseignement des Sages selon lequel : “ D.ieu demande le cœur ”. Avec ma bénédiction pour que vous me donniez de bonnes nouvelles de tout cela, de vos réalisations communautaires et personnelles, de même qu’avec ma bénédiction à l’occasion de la fête de la libération, celle de mon beau-père, le Rabbi(5), mais aussi notre propre libération,
M. Schneerson,
Notes
(1) Le Rav Chlomo Yossef Zevin, de Jérusalem. Voir, à son sujet, la lettre n°7066.
(2) Voir la lettre n°7333.
(3) Voir, à ce sujet, les lettres n°7265 et 7282.
(4) Voir, à ce sujet, la lettre n°7052.
(5) Les 12 et 13 Tamouz, des prisons soviétiques.