Par la grâce de D.ieu,
3 Mena’hem Av 5720,
Brooklyn,
Au jeune homme, le Rav Yaakov Immanouël(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu votre lettre de ce lundi et celle qui la précédait, de même que la suite des coupures de presse(2). Je fais suite à mes remarques sur les articles précédents. Le sixième article fait référence à la prophétie et vous dites que chacun peut être prophète, à condition d’être préparé à cela. Ce n’est pas ce que dit le Lé’hem Michné, au début du chapitre 7 des lois des fondements de la Torah. En fait, une préparation est effectivement nécessaire, mais tout dépend de la Volonté de D.ieu. Vous verrez, en particulier, ce que dit le paragraphe 5. Plus généralement, cette digression est sans rapport avec le sujet et il est dit que : “ celui qui fait un ajout…(3) ”, surtout quand il s’agit d’un concept aussi délicat, qui suscitera nécessairement des questions. Le septième article dit que Rabbi Guerchon de Kitov(4) était le grand rabbin de Brody. Il s’agissait, en fait, du Rav Y. Y. Horowitz, alors que Rabbi Guerchon était responsable de deux des quatre tribunaux rabbiniques de cette ville, comme l’explique longuement l’ouvrage : “ Rabbi Guerchon de Kitov ”, du professeur Heschel, HUCA 23.
Dans le huitième article, vous faites référence à la divine Providence. Vous consulterez, à ce propos, le Yohel Or sur les Tehilim 37, 7, rapportant la preuve que l’Admour Hazaken tire de la partie révélée de la Torah, du traité ‘Houlin 61. J’ai fait remarquer par ailleurs(5) qu’il convient de repousser les preuves émanant d’autres citations de nos Sages que ce passage du traité ‘Houlin. Vous consulterez, à ce propos, le Kehilat Yaakov, à l’article : “ Providence ”. Le neuvième article présente une lettre du Baal Chem Tov, adressée à son disciple, l’auteur du Toledot Yaakov Yossef. Il me semble qu’il s’agit de l’unique lettre dont nous possédons l’original du manuscrit. Sa reproduction est imprimée dans le Ha Tamim. Vous citez, dans ce même article, l’histoire bien connue du cri du coq(6). Celle-ci doit être rectifiée en fonction de ce qui est rapporté par le Kountrass Torat Ha ‘Hassidout. A la fin du dixième article, vous faites référence à un membre du corps qui se détache et qui est amputé. Il serait bon de consulter, à ce propos, la Michna du traité Sanhédrin, chapitre 6, à la Michna 5.
Dans le onzième article, vous employez des termes acerbes à l’encontre des opposants à la ‘Hassidout. Or, il faut tenir compte du fait que ce qui est imprimé peut parvenir à chacun. Sans se demander si ces termes sont appropriés ou non, il n’est pas judicieux, en tout état de cause, qu’ils soient imprimés. Il en est de même pour le long exposé sur les excommunications, qui n’est pas justifié non plus. Pourquoi mentionner et rappeler ce qui a déjà été oublié ? Comme le souligne mon beau-père, le Rabbi, ceux qui sont à l’origine de cela se trouvent maintenant dans le monde de la Vérité et ils regrettent amèrement ce qu’ils ont fait. Dans le même article, vous citez l’expression : “ un mot vaut un Séla ”. Le terme valoir peut être rendu, en anglais par “ worth ”, alors que le mot Kal, facile, correspond plutôt à “ easy ”. Dans le même article, vous citez des références au commentaire du Baal Chem Tov sur l’expression : “ D.ieu recherche celui qui est poursuivi ”. Vous allez les chercher très loin(7), alors que tel est l’avis de la majeure partie des commentateurs de la Torah sur ce verset et du Targoum.
Dans le douzième article, vous citez ce que dit le Kouzari à propos des gestes qui accompagnent la prière, mais vous ne mentionnez pas d’autres sources, vraisemblablement parce que cette pratique y est définie comme une caractéristique des enfants d’Israël, spécifiquement décrite par le Kouzari, alors que, pour les autres ouvrages, on peut considérer qu’elle est vraie uniquement pour certaines personnes. Vous citez également le fait que “ celui qui souffle le fait du profond de lui-même ” et vous dites que cette affirmation figure dans différents ouvrages. Je notais, pour ma part, que je n’en ai pas trouvé la référence. Je voulais dire que je ne l’ai pas trouvée au sein du Zohar, livre que l’Admour Hazaken mentionne dans le saint Tanya. Dans les treizième et quatorzième articles, un élément manque totalement, la nécessité de diffuser les sources(8) de sorte qu’on les comprenne, comme le précise le saint Zohar. Vous consulterez aussi la note 19 de la causerie que vous trouverez ci-joint(9).
A la fin du quatorzième article, vous parlez de la pentecôte ! Or, pourquoi ne pas utiliser le terme Chavouot, comme le fait le traité Kiddouchin 70a ? Vous me demandez si l’on peut dire que Rabbi Adam Baal Chem(10) est Rabbi Adam Louants Baal Chem. Il n’en est pas question dans les Rechimot et dans Likouteï Dibbourim. Il y a donc lieu de penser que ce n’est pas le cas. Il y a quelques temps, j’ai écrit à une certaine personne à propos du comportement de certaines personnes et de quelques administrations, en notre Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie, qui ont atteint un exil profond, c’est-à-dire un sentiment d’infériorité face aux non Juifs. Chaque fois que l’on en a le choix, on préfère donc citer un non Juif, plutôt qu’un Juif. Or, il semble qu’il en soit de même, dans ce que vous écrivez, concernant ceux qui sont religieux et ceux qui ne le sont pas(11). Or, cette manière de procéder a une influence sur les lecteurs, qui privilégieront l’ouvrage d’un auteur appartenant à tel camp plutôt qu’à tel autre. Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles,
Pour le Rabbi Chlita,
le secrétaire,
Notes
(1) Le Rav Y. I. Schohat, de Toronto. Voir, à son sujet, la lettre n°7065.
(2) Relatives au Baal Chem Tov. Voir, à ce sujet, la lettre n°7345.
(3) Est comme s’il ôtait quelque chose.
(4) Le beau-frère du Baal Chem Tov.
(5) Voir le Likouteï Si’hot, tome 7, page 64, à la note 41.
(6) Lancé par un villageois ignorant qui, de la sorte, annula un Décret céleste prononcé à l’encontre d’une communauté juive.
(7) Textuellement : “ Vous allez chercher votre pain au loin ”.
(8) De la ‘Hassidout.
(9) Celle-ci figure dans le Likouteï Si’hot, tome 6, page 287, à la note 18.
(10) Voir, à son sujet, la lettre n°4952.
(11) Les seconds sont cités plutôt que les premiers.