Par la grâce de D.ieu,
8 Elloul 5720,
bicentenaire(1) de la Hilloula du
Baal Chem Tov,
Brooklyn, New York,
Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu, aux
multiples connaissances, se consacrant aux besoins
communautaires, le Rav C. Y.(2) Chlita,
Je vous salue et vous bénis,
J’ai appris, avec plaisir, que vous conclurez l’étude du Talmud, le lundi de la Parchat Ki Tavo, “ Quand tu parviendras dans la terre ”(3). Comme le veut la coutume juive, qui est partie intégrante de la Torah, sans doute recommencerez-vous aussitôt, encore une fois, cette étude, car “ la fin est liée au début et le début à la fin ”.
Bien plus, cette étude est publique et elle crée donc un lien entre tous ceux qui y prennent part, depuis “ vos chefs de tribu ”, jusqu’à “ vos coupeurs de bois et vos puiseurs d’eau ”. Tous s’unissent de cette façon, comme l’explique l’Admour Hazaken, à propos de la Parchat Nitsavim : “ Vous êtes tous présents aujourd’hui ”(4), Paracha qui est en relation avec la période précédant Roch Hachana. Une telle unité apporte l’élévation au puiseur d’eau et au coupeur de bois, au même titre qu’au chef de tribu, comme le précise ce discours ‘hassidique.
Ce qui vient d’être dit peut être expliqué par le début et la fin du Talmud. Sa conclusion est la suivante : “ Rav Chmaya dit à Rav Abba : ‘Peut-on dire que la femme devient Zava le jour, Nidda la nuit ?’. Il lui répondit : ‘C’est à ce propos que le verset dit : ‘sur sa Nidda’, c’est-à-dire à proximité de celle-ci. Or, à proximité de la Nidda, ce peut être la nuit et le verset parle, malgré tout, de Zava ”. Par la suite, est rapporté un enseignement qui fut énoncé dans la maison d’étude d’Elyahou que certaines versions ne retiennent pas et ceux qui le font admettent qu’il est là uniquement pour conclure par l’éloge et la consolation(5), comme le dit la Tosséfet.
Ce passage peut être appliqué au service de D.ieu, conformément à l’enseignement du Baal Chem Tov selon lequel toute chose et toute idée que l’homme voit ou entend, doivent lui délivrer une leçon pour servir son Créateur. Combien plus en est-il ainsi quand il s’agit de notre Torah, Torah de vie qui, comme son nom l’indique, délivre un enseignement pour la vie.
La différence entre l’impureté de la Nidda et celle de la Zava est la suivante. La première appartient à la nature du monde, bien qu’elle y apparut uniquement après la faute(6), ce qui n’est pas le cas de la seconde, laquelle est une manifestation du corps n’ayant pas un caractère naturel. Or, il en est de même pour le service de D.ieu. L’impureté existe et elle prend sa source, précisément, en celui qui est appelé “ l’impur ”(7). Et, elle est naturelle, même si elle ne l’est devenue qu’après la faute. Bien plus, il est dit des quatre Justes que l’on sait(8) qu’ils moururent “ par la morsure du serpent ”, c’est-à-dire à cause de la faute originelle.
A des stades plus proches de nous, on peut faire une déduction, en considérant les circonstances atténuantes(9) qui furent accordées par le Maguid de Mézéritch aux pensées conçues par les disciples du Baal Chem Tov, lui reprochant de se consacrer aux hommes du commun et de leur manifester la plus grande proximité. Le Maguid fit plusieurs interventions dans le but de réparer ces pensées. Bien plus, il ne se contenta pas de cela et, une nuit, alors qu’il parcourait les sanctuaires du Gan Eden, il parvint dans celui où se trouvent les enfants qui étudient le ‘Houmach. Moché leur enseignait le verset : “ Avraham tomba, face contre terre et il rit ”. Il souligna alors que ce verset ne pouvait pas être départi de son sens simple. Or, on peut se demander comment Avraham douta de la Parole de D.ieu. En fait, il en était ainsi à cause du corps, car même un corps saint n’en est pas moins fait de chair.
Il y a, en outre, celui qui excite son proche mauvais penchant, qualifié de “ maladie ”(10). L’impureté qui en résulte est celle de la Zava. Rav Chmaya, dont le nom fait allusion à la compréhension, à l’analyse raisonnée, s’adressa donc à Rav Abba, correspondant à la découverte intellectuelle, qui transcende la compréhension effective, de sorte qu’il y avait, entre le dernier et le premier, la relation de crainte qui existe entre un père et un fils(11). Il lui dit que le jour évoquait la période éclairée par “ le soleil et son fourreau ”, lorsque la Présence divine est évidente. Malgré cela, on pouvait alors observer un écoulement de sang, se séparant du corps et en investissant la chaleur dans les préoccupations extérieures. Il lui demanda si une telle situation pouvait être qualifiée de Zava, dans la mesure où il y avait bien eu une excitation du mauvais penchant, devenu comme “ l’âne qui a froid en été ”. A l’opposé, la même manifestation pendant la nuit, au sein de l’obscurité décrite par le verset : “ Moi, Je voilerai Ma face ”, n’était qu’une situation de Nidda.
Rabbi Abba, transcendant l’intellect, put, néanmoins, répondre à cette question, bien qu’elle ait été tout à fait judicieuse. Certes, la Loi orale doit, avant tout, être comprise, indiqua-t-il. Pour autant, il fallait s’élever au-dessus de la compréhension et considérer le verset, la Loi écrite(12) dans laquelle les lettres et les phrases sont plus importantes que leur sens. C’est pour cela qu’un ignorant récite également la bénédiction de la Torah. Celle-ci dit : “ sur sa Nidda ”, c’est-à-dire à proximité de celle-ci, car tout écoulement extérieur de sang, quel qu’il soit, n’est possible que du fait de la proximité de la Nidda, résultant de la faute originelle, qui transforma la nature et la souilla. Ce qui résulte de la Nidda est donc la nuit, l’occultation de la lumière du “ soleil de D.ieu ”. La Loi écrite, le verset prononcé par le Saint béni soit-Il, qualifie une telle situation de Zava, car elle n’est pas inéluctable. Il s’agit, à proprement parler, d’une maladie. Or, en pareil cas, D.ieu accorde Son aide, en particulier par l’intermédiaire de la compréhension de l’homme, de la force d’abnégation que chacun possède(13). Alors, même pendant la nuit, la bougie ne s’éteint pas, “ la bougie de D.ieu (qui) est l’âme de l’homme ” et l’Eternel illumine l’obscurité.
De même, “ la fin est liée au début ”. Dans l’obscurité de la nuit, est ainsi donnée une Injonction, de même que la force de la mettre en pratique, car “ le Saint béni soit-Il n’agit pas avec félonie envers Ses créatures ”, celle de lire le Chema Israël du soir, de proclamer Sa Royauté en haut, en bas et aux quatre points cardinaux. La force de tout cela provient de Meïmataï, “ à partir de quand ? ”, que l’Admour Hazaken, d’après une explication de Rabbi Avraham l’ange, lit : Meïma, en éprouvant de la crainte pour Lui, face à Sa grandeur, une crainte supérieure, liée à la sagesse ou bien, à l’autre extrême, la crainte du châtiment, la crainte inférieure, celle des chefs de tribu comme celle des coupeurs de bois et des puiseurs d’eau.
D.ieu fasse que, malgré la pénombre profonde de la nuit de l’exil, s’accomplissent en chacun la lecture et la révélation du Chema, “ Ecoute, Israël, l’Eternel est notre D.ieu, l’Eternel est Un ”, comme l’explique le Zohar, tome 2, page 116b, selon lequel rien d’autre ne peut remplacer le Chema Israël. Les derniers Sages ont développé de longues explications, à ce sujet(14). Ainsi, l’obscurité sera transformée en lumière et “ la nuit éclairera comme le jour ”.
Avec mes respects, ma bénédiction pour que chacun des participants à cette étude, auxquels D.ieu accordera longue vie, soit inscrit et scellé pour une bonne année,
Notes
(1) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le traité Tamid, chapitre 3, Michna 2, qui dit : ‘jusqu’à ‘Hébron’ ”.
(2) Le Rav Chlomo Yossef Zevin. Voir, à son sujet, la lettre n°7066.
(3) Le Rabbi note, en bas de page : “ ‘Quand tu viendras vers la volonté et afin que tu parviennes jusqu’à elle’, selon l’enseignement du Baal Chem Tov, rapporté par le Hayom Yom, à la date du 18 Elloul ”.
(4) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le Likouteï Torah, au début de la Parchat Tavo ”.
(5) le Rabbi note, en bas de page : “ Ce passage n’est donc pas la conclusion et, quand, de nouveau, on recommence, aussitôt, cette étude, on le trouve ici uniquement parce qu’une Michna et une leçon de nos Sages ne peuvent pas être supprimées. On notera le changement d’ordre de la Michna, au cinquième chapitre d’Avot, dans le Sidour de l’Admour Hazaken et dans celui du Chneï Lou’hot Ha Berit, comme le note le Chaar Ha Collel. Mais, l’on peut encore s’interroger, à ce propos ”.
(6) Le Rabbi note, en bas de page : “ Traité Erouvin 100b ”.
(7) Le Rabbi note, en bas de page : “ Traité Soukka 52a. Zohar, tome 1, à la page 35b ”.
(8) Le Rabbi note, en bas de page : “ Traité Chabbat 55b et l’on consultera le commentaire de Rachi, à cette référence, qui dit : ‘et, non par une autre faute’ ”.
(9) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir la longue explication développée dans la lettre de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, figurant dans le Kovets Mi’htavim, tome 1 et reproduit dans le Ha Tamim, volume 2 ”. Cette lettre figure dans ses Iguerot Kodech, tome 3, lettre n°810, à la page 455.
(10) Le Rabbi note, en bas de page : “ Yerouchalmi, traité Chabbat, chapitre 14, paragraphe 3, expliqué dans le discours ‘hassidique intitulé : ‘Les cinquante portes de la compréhension’, de 5653, dans le Kountrass 18 Elloul 5703 ”.
(11) Le Rabbi note, en bas de page : “ Midrash Béréchit Rabba, chapitre 36, au paragraphe 6 ”.
(12) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir, à ce sujet, la longue explication du Likouteï Torah, Parchat Vaykra, à partir de la page 5b ”.
(13) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le Tanya, à la fin du chapitre 25 ”.
(14) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le début du Chaareï Zohar, au début du traité Bera’hot, le Choul’han Arou’h de l’Admour Hazaken, partie Ora’h ‘Haïm, à la fin du chapitre 60, le Tsafnat Paanéa’h, du Gaon de Ragatchov, sur le Rambam, lois du Chema Israël, au début du chapitre 2 ”.