Par la grâce de D.ieu,
jours de ‘Hanouka 5721,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu votre lettre(1) du 22 Kislev, avec ce qui y était joint. Puisse D.ieu faire que vous m’annonciez de bonnes nouvelles de son contenu et de tout ce qui vous concerne, en général. En effet, nous sommes dans la période de ‘Hanouka et nous venons de passer une date propice, celle de la bonne nouvelle, le 19 Kislev, Roch Hachana de la ‘Hassidout et des voies ‘hassidiques. A ce propos, la proximité dans le temps fait assurément allusion à une similitude du contenu.
L’explication suivante peut être proposée. Nous rappellerons, au préalable, une question bien connue(2), qui est mentionnée dans différents textes. La Hala’ha précise que la notion d’impureté est repoussée, pour tout ce qui est public. Il aurait donc été permis d’allumer les lumières du Temple avec de l’huile impure !
L’une des réponses à cette question est la suivante. D.ieu, de la sorte, témoigna de Son amour pour Israël et pour la manière dont il Le sert. Afin que les Juifs puissent accomplir leur mission de la meilleure façon, bien que la Mitsva eut été acceptable sans cette précaution, le Saint béni soit-Il accomplit un miracle et Il modifie l’ordre naturel. Dès lors, cette fiole d’huile peut brûler pendant huit jours. Ceci nous permettra de comprendre pourquoi le miracle se produisit par l’huile du Chandelier et non par une autre partie constitutive du Temple. En effet, même s’il était nécessaire qu’il s’agisse d’huile, cela aurait pu être celle des offrandes.
Nous répondrons à toutes ces questions en fonction de ce qui a été dit au préalable. Le miracle destiné à faire la preuve de l’amour divin pour Israël se produisit précisément avec le Chandelier, lequel “ porte témoignage du fait que la Présence divine réside en Israël ”, selon l’expression du traité Chabbat 22b.
De ce miracle, découla une Mitsva, une obligation qui est faite à chacun et à chacune, en chaque génération, celle d’allumer les lumières de ‘Hanouka. Selon l’expression bien connue du Midrash, que le Ramban commente au début de la Parchat Beaalote’ha, “ certains la pratiquent de la meilleure façon et d’autres, de la meilleure parmi les meilleures ”. La raison en est la suivante. Lorsque les Asmonéens allumèrent les lumières du Temple, ils cherchèrent, bien entendu, à le faire de la meilleure façon. En conséquence, il est encore possible d’allumer les bougies de ‘Hanouka “ de la meilleure façon parmi les meilleures ”.
Il en est de même également pour la partie de la Torah à laquelle l’huile fait allusion, c’est-à-dire pour “ les secrets des secrets ”, qui ont été révélés précisément en ces dernières générations, comme l’expliquent différents textes, en particulier Iguéret Ha Kodech, de l’Admour Hazaken, au chapitre 26. En effet, “ en ces dernières générations, il est permis et il est une Mitsva de révéler cette sagesse ”.
Certains s’interrogent, à ce propos. Si l’étude de l’enseignement profond de la Torah, de son “ huile ”, est une nécessité, celle-ci aurait dû être obligatoire également pour les premières générations. Or, force est de constater qu’elle était alors réservée aux personnes parvenues à une grande élévation et à leurs proches, comme l’indique Iguéret Ha Kodech.
On peut répondre, à cette question également, en fonction de ce qui a été dit auparavant. La meilleure façon d’accomplir la Mitsva et la grande élévation morale sont liées à l’amour de D.ieu pour Israël, comme l’indique la parabole de l’Admour Hazaken(3), montrant de quelle manière le roi offrit le plus beau joyau, faisant toute l’importance de sa couronne, dans le but de sauver son fils unique. Or, après que ce don ait été effectué, en faire usage devient une obligation et une pratique fondamentale. Cette parabole permet de l’établir, qui précise que le fils unique du Saint béni soit-Il peut être sauvé uniquement de cette façon. Et, “ il n’est pas de roi sans peuple ”.
L’explication qui vient d’être donnée nous permettra de répondre à une autre question, généralement posée sur la ‘Hassidout ‘Habad. S’il est nécessaire de l’étudier et de la comprendre, pourquoi tous les élèves du Baal Chem Tov et du Maguid de Mézéritch n’adoptèrent-ils pas cette même optique ? On sait, en effet, que différentes conceptions se développèrent, chacune selon sa manière propre. Là encore, l’image qui a été citée nous permettra de le justifier, car “ certains la pratiquent de la meilleure façon et d’autres, de la meilleure parmi les meilleures ”. C’est bien évident.
Ceci nous conduit à une autre image et à un enseignement supplémentaire. Il y a de nombreuses générations déjà, existaient une pratique “ de la meilleure façon ” et une autre “ de la meilleure parmi les meilleures ”, puis, selon les termes du Ramah, “ l’usage le meilleur parmi les meilleurs s’est répandu ”. Il en est donc de même pour l’étude de l’enseignement du Baal Chem Tov et de ses disciples. Auparavant, chacun en avait sa propre conception, comme nous l’avons vu, mais “ les uns et les autres exprimaient les Paroles du D.ieu de vie ”. Par la suite, on a pu constater qu’il était une nécessité absolue d’étudier cet enseignement et de le comprendre, tout comme l’étude de la partie révélée de la Torah s’est largement répandue, à l’heure actuelle. Chacun doit donc apprendre également cette dimension profonde de la Torah. Une telle manière d’agir doit se répandre, de plus en plus. Avec ma bénédiction pour un joyeux ‘Hanouka,
M. Schneerson,
Vous m’interrogez sur le temps de la création des âmes. Je suis surpris que vous alliez rechercher une explication aussi lointaine, alors que vous auriez pu poser votre question sur le verset, qui dit clairement, à propos du sixième jour(4) : “ Et, il insuffla dans ses narines(5) ”, plutôt que, par exemple sur l’affirmation de nos Sages selon laquelle : “ elles précédèrent le monde ” ou bien sur l’explication suivante, qu’ils donnent également : “ L’esprit de D.ieu survolait… : c’est l’esprit du Machia’h ”. Nos Sages disent aussi que les âmes sont incrustées sous le Trône céleste, se trouvant dans le monde de Brya, alors qu’il est dit, par ailleurs : “ elle est pure ”, expression qui se rapporte au monde d’Atsilout(6), en lequel le temps n’existe pas encore. Bien plus, différents textes de ‘Hassidout affirment que les âmes prennent leur source dans l’Essence de D.ieu. L’explication de tout cela peut être déduite de ce qui est exposé par le second chapitre du Tanya.
Vous rappelez aussi que l’Attribut de bonté s’exerce, de la même façon, envers celui qui ne le mérite pas et vous avancez que cette affirmation contredit différents textes. En fait, on peut distinguer diverses façons de ne pas mériter, selon le jugement de la rigueur ou bien selon celui de la pitié ou encore selon la bonté émanant de la rationalité, celle du système de Tikoun(7). Plusieurs textes en citent des exemples, dans l’ordre, tout d’abord les vingt six générations nourries par la bonté…(8) qui , d’une part, défiaient D.ieu de plus en plus, d’autre part, recevaient le plus grand bien, puis la requête “ puisse Ichmaël vivre ”(9), de même que la bonté envers les arabes(10), ou encore l’intervention pour qu’ils bénissent le Propriétaire de ce qu’ils avaient mangé(11).
Notes
(1) Une même lettre fut envoyée à plusieurs personnes. Celle-ci est adressée au Rav Its’hak Dubov et la conclusion a été ajoutée spécifiquement à son intention. On verra, à son sujet, la lettre n°7070.
(2) Voir, à ce propos, la lettre n°3118.
(3) Voir, à ce sujet, la lettre n°6208.
(4) De la création.
(5) Une âme de vie.
(6) Supérieur à celui de Brya.
(7) De la Réparation, faisant suite au système de Tohou, celui de la cassure des réceptacles.
(8) Du Saint béni soit-Il, avant le don de la Torah.
(9) Selon la requête formulée par Avraham, qui représentait l’Attribut de bonté.
(10) Qui, à l’époque d’Avraham, étaient idolâtres et se prosternaient devant la poussière de leurs pieds.
(11) A la demande d’Avraham, qui était leur hôte.