Lettre n° 7572

Par la grâce de D.ieu,
20 Chevat 5721,

Je vous salue et vous bénis(1),

J’ai bien reçu votre lettre, m’annonçant une bonne nouvelle, à propos des résultats des examens(2), puisque les réponses données ont été justes et claires. Je vous remercie beaucoup pour la satisfaction et le plaisir que m’a causé cette nouvelle. Selon l’Attribut de D.ieu, Qui agit “ mesure pour mesure ”(3), mais en proportion largement accrue, vous recevrez vous-même de bonnes nouvelles, qui vous procureront une réelle satisfaction, en tout ce qui vous concerne.

De fait, ceci est lié à la Paracha de cette semaine et à son début, qui dit : “ Voici les Jugements que tu placeras devant eux ”. Il faut donc expliquer, jusqu’à ce que les élèves saisissent cette notion, “ la profondeur de la Hala’ha, avec sa raison précise, en leur apportant des explications qui leur permettront de comprendre leur étude et d’en éprouver de la satisfaction ”, selon les termes de l’Admour Hazaken, dans ses lois de l’étude de la Torah, à la fin du chapitre 3.

Puisse D.ieu faire que s’accomplisse également, en ces élèves et en tous ceux qui reçoivent cet enseignement, cette autre explication de l’Admour Hazaken, énoncée dans son Torah Or, commentant ce verset : “ devant eux : à l’intérieur de leur personnalité ”.

Ce qui vient d’être dit permettra, en outre, de répondre à un autre question. Il est bien clair que tout enseignement de notre Torah doit être clairement expliqué. Cette Injonction est, en fait, surtout nécessaire pour les Décrets, qui transcendent la logique, mais non pour les Jugements, qui procèdent d’une démarche rationnelle.

En effet, il est aisé de trouver une explication logique à ces Jugements, permettant d’en avoir une perception satisfaisante. Cela est moins facile, en revanche, quand il s’agit des Décrets, desquels il est dit : “ J’ai émis un Décret, pris une Disposition, tu n’as pas le droit de les remettre en cause ”.

L’explication profonde de tout cela, basée sur l’enseignement caché de la Torah qui, de nos jours, a été révélé par la ‘Hassidout, soulignant que ces Préceptes doivent être intériorisés par la profondeur de l’âme, permet d’établir clairement que les Commandements logiques, que l’on comprend parfaitement, ne mettent pas réellement en éveil la profondeur de l’âme, ne s’attachent pas à elle. Les Décrets et les Dispositions transcendant la logique, en revanche, y parviennent. En conséquence, la Torah souligne que les Jugements appellent aussi, de la part de l’homme, une intériorisation, par la dimension la plus profonde de l’âme.

Ce qui vient d’être dit nous permettra de répondre à une autre question. Le premier des Jugements dont il est question dans cette Paracha porte sur l’achat d’un esclave juif, vendu par le tribunal afin de rembourser ce qu’il a volé. Il y a là, en apparence, une idée difficile à comprendre. Pourquoi envisager, d’emblée, une situation aussi négative, celle d’un homme qui a transgressé un Interdit de la Torah et qui ne dispose pas des moyens de restituer l’objet de son larcin, avant même d’avoir établi le principe de la restitution par le voleur ? Bien plus, ces dispositions ne sont-elles pas valables uniquement à l’époque où le Jubilé est en vigueur ?

On peut avancer une explication en fonction de ce qui a été dit auparavant, sur la nécessité d’intégrer profondément en son esprit ce qui concerne la Torah et les Mitsvot, qui exige beaucoup d’efforts moraux et physiques. Car, si l’on craint les autres hommes, on ne craint pas nécessairement D.ieu. C’est la raison pour laquelle Rabbi Yo’hanan Ben Zakaï dit : “ Puisse D.ieu faire qu’on Le craigne comme on craint les autres hommes ”. On consultera, à ce sujet, le Tanya, au chapitre 41.

Parfois, un homme est saisi d’un esprit de folie qui le conduit à mal agir. Dès lors, il dupe D.ieu et il Le “ vole ”, bien qu’il ait toujours la crainte des autres hommes. De ce point de vue, l’homme qui vole au grand jour et ne craint même pas les hommes est effectivement inférieur à celui qui commet son larcin en cachette, car ce dernier conserve, tout au moins, de la crainte envers les autres hommes. C’est ce qu’explique Rabbi Yo’hanan Ben Zakaï, au traité Baba Kama 79b.

C’est donc une telle démarche, dans l’ordre défini par les versets, qu’il convient d’adopter, après le don de la Torah. Il faut, tout d’abord, s’écarter du mal. Ainsi, le tribunal, représentant les chefs du peuple d’Israël, comme le dit le Tanya, au début du chapitre 42, viendra en aide pour que le voleur soit esclave pendant six ans, qui font allusion aux six jours de la semaine et aux six millénaires de la création. Puis, il sera libre, le septième jour, qui sera ainsi le Chabbat, jour du repos éternel, comme l’explique le Torah Or, à la référence précédemment citée. Avec ma bénédiction,

Notes

(1) Cette lettre a été adressée au Rav Avraham Yaakov Teitelbaum, au Rav Morde’haï Mentlik et aux Rav Israël Its’hak Piekarski, les trois recteurs de la Yechiva centrale Tom’heï Temimim Loubavitch.
(2) Des élèves de la Yechiva.
(3) De la manière dont on agit envers Lui.