Par la grâce de D.ieu,
27 Adar 5721,
Brooklyn,
Je vous bénis et vous salue(1),
Après une longue interruption, j’ai bien reçu votre lettre du 10 Adar et, conformément à votre demande, la présente vous est adressée en passant outre à la file d’attente. Vous me décrivez vos difficultés avec votre fils aîné et vous me demandez comment parvenir à l’influencer(2). Il est clair qu’en pareil cas, il n’y a pas de règles intangibles, car chacun est différent et les caractères, les capacités ne sont pas les mêmes. Tout dépend également de l’état de la relation entre les deux personnes(3). Mais, en tout état de cause, le point commun à toutes les situations est le suivant. En intervenant d’une manière agréable, on obtient la réussite, la plupart du temps, bien plus que par la conception et l’intervention allant en sens inverse. Quand les deux points sont liés, le mariage et l’éducation à la vie religieuse, autrement dit quand il s’agit de modifier la vision du monde de l’autre partie dans l’optique d’un mariage, cela est particulièrement difficile. En tout état de cause, il est indispensable qu’elle adopte un mode de vie religieux quelques temps avant le mariage, afin qu’elle sache à quoi elle s’engage, les difficultés qui en résultent et dont elle n’avait pas l’habitude, au préalable. Selon les termes de nos Sages, “ un homme n’acquiert pas ce dont il ne connaît pas la définition et la nature. Il ne prend pas d’engagement, en la matière ”. En un moment propice, on mentionnera tous ceux que vous citez près du saint tombeau de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, conformément à ce que vous m’écrivez. D.ieu fasse que vous me donniez de bonnes nouvelles de chacun d’entre eux.
J’ai également l’obligation de formuler la remarque suivante, bien que ceci ne me soit pas agréable, d’autant que j’y ai déjà fait allusion dans un courrier que j’avais adressé à votre mari. En effet, ce qui se passe ici, de même que d’autres situations que vous décrivez dans votre lettre sont, presque certainement, la conséquence de sa fréquentation d’écoles qui ne correspondent pas à vos attentes, ni à celles de votre mari. Pour notre douleur, conformément à la nature humaine et en fonction d’une erreur qui est commise d’une manière particulièrement fréquente, quand on attend de ses enfants qu’ils adoptent une conception du monde et un comportement religieux d’un certain niveau, on s’efforce de leur donner une éducation, au besoin avec le plus grand scrupule, ne les conduisant pas à dépasser leurs parents, encore moins à le faire largement. Et, l’on ne tient pas du compte du fait que si un homme, parvenu à l’âge mûr, conserve une certaine pratique religieuse, c’est parce que, étant enfant puis jeune homme, il se trouvait à un stade plus élevé. En pareil cas, même si les vicissitudes de la vie, le combat qu’elle impose, de même que l’entourage, réduisent l’engagement de la jeunesse, celui-ci se préserve, néanmoins, à l’âge mûr. Il en résulte que celui qui, jeune homme, se trouve d’ores et déjà à un stade plus bas, le perdra par la suite, au bout de quelques années et il se trouvera, de la sorte, dans une situation inférieure à celle que l’on aurait souhaité.
Il résulte de tout cela que vous et votre mari avez souhaité que la crainte de D.ieu de vos enfants soit l’équivalent de la vôtre. Vous auriez donc dû les confier à une école qui attend de ses élèves une telle crainte de D.ieu, celle que leur père a reçu à la Yechiva Tom’heï Temimim. A l’opposé, dès lors qu’ils fréquentent l’école que vous mentionnez dans votre lettre, au sein de laquelle la crainte de D.ieu demandée est, semble-t-il, largement inférieure à celle de la Yechiva Tom’heï Temimim ou l’équivalent, comment s’étonner qu’ils connaissent la chute et que l’on soit confronté à des situations comme celles que vous décrivez dans votre lettre ? Bien entendu, mon but n’est pas de vous faire de la morale. Je me préoccupe ici de vos autres enfants, sur lesquels vous exercez encore une autorité. Il est clair que ceux-ci doivent étudier et recevoir leur éducation dans les quatre coudées d’une école exigeant de ses élèves une crainte de D.ieu intègre. De la sorte, vous pourrez leur demander le respect de l’ensemble de la Torah et des Mitsvot. Ainsi, on peut espérer qu’ils l’accepteront, puisque leurs parents leur auront donné toutes les possibilités, qu’ils ne se seront jamais trouvés dans un environnement de compromis.
Ces dernières années, en notre Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie, de nombreux parents ont modifié leurs conceptions et ils ont également adopté cette position, ce qui veut dire qu’ils envoient leurs enfants dans une Yechiva où l’on se consacre exclusivement aux études sacrées, dans un Beth Yaakov ou dans un Beth Rivka. Bien plus, de temps à autre, cette tendance se développe. Or, si cela est vrai pour chacun, combien plus est-ce le cas pour ceux, comme vous-même et votre mari, qui observent les conséquences de l’éducation reçue dans les écoles communales, ou même dans celles qui leur sont quelque peu supérieures. Il est bien clair que tout ce qui vient d’être dit s’adresse également à votre mari. De même, j’espère que vous ne m’en voudrez pas de vous répéter tout cela encore une fois. La raison(4) en est la suivante. Je sens qu’il est de mon devoir de ne pas me taire, puisque vous m’avez écrit afin de me décrire la situation. Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles,
M. Schneerson,
Je viens de recevoir la lettre de votre mari et la réponse à ce qu’il me dit se trouve également dans ce qui est exposé ci-dessus.
Notes
(1) Cette lettre est adressée à une femme.
(2) En effet, celui-ci souhaite épouser une jeune fille qui n’est pas pratiquante et qui le deviendrait uniquement dans le but de l’épouser.
(3) En l’occurrence entre le fils et sa fiancée.
(4) De cette répétition.