Lettre n° 780

Par la grâce de D.ieu,
Lendemain de Yom Kippour 5711,
Brooklyn, New York,

La Mitsva de la Soukka présente un aspect particulier(1). Elle implique la conscience, ainsi qu’il est dit : "afin que vos générations sachent". Ainsi, celui qui ne connaît pas la signification de la Mitsva, ne sait pas qu’il nous est demandé de résider dans la Soukka afin de nous souvenir de la sortie d’Egypte, n’a pas accompli cette Mitsva de la meilleure façon(2).

Différents textes(3) établissent que la conscience n’est pas uniquement la connaissance, obtenue auprès des érudits et par les livres. Elle consiste avant tout à se concentrer, à méditer fortement, de tout son cœur et de tout son cerveau, au point d’attacher solidement sa pensée à cette idée.

On doit, en l’occurrence, avoir fortement conscience que "Je vous ai fait résider dans des Soukkot", que cela s’est passé "quand Je vous ai fait sortir d’Egypte"(4).

Chaque jour, matin et soir, un Juif doit considérer que le moment est venu pour lui de quitter l’Egypte. L’âme divine est ainsi délivrée de son emprisonnement dans le corps physique, grâce à l’étude de la Torah et la pratique de la Mitsva, en particulier la soumission à D.ieu(5).

Voici les termes de mon beau-père, le Rabbi(6):

"Il faut, tout d’abord, se libérer des obstacles et des barrières, que sont, de façon générale, les voies du monde. L’homme planifie ce que doit être son existence, avec les contingences inhérentes à sa situation, c’est à dire à sa conception de la vie.

Il convient donc, avant toute autre chose, de quitter l’Egypte, de se départir de ses limites. Quels que soient les plans que l’on a arrêtés, on doit étudier la Torah chaque jour, prier D.ieu de tout son cœur et non uniquement pour s’acquitter de son obligation.

Après la sortie d’Egypte, il faut encore traverser la mer Rouge, car celui qui s’engage sur la voie du service de D.ieu, doit immédiatement affronter différents obstacles, tous considérables et redoutables. Ce fut le cas des enfants d’Israël, lorsqu’ils quittèrent l’Egypte. Ceux-ci avaient leurs ennemis derrière eux et la mer devant eux. Lorsque l’on se trouve dans une telle situation, on est dans le désert.

Le passage de la Mer Rouge fut une révélation céleste. Le Tout Puissant la fendit et y fraya un chemin pour les enfants d’Israël, comme sur la terre ferme. Mais, pour cela, il fallut, tout d’abord, que quelqu’un se jette à l’eau. Un homme fit don de sa propre personne et c’est alors que D.ieu changea la mer en terre ferme".

Puis, le Saint béni soit-Il les fit résider dans des Soukkot, "comme l’enfant que l’on lave, dès sa naissance, pour le rincer des souillures qui couvrent son corps. On l’habille ensuite d’un linge propre. Dès lors, il est non seulement protégé des éléments négatifs, provenant de l’extérieur, mais, bien plus, ses membres s’affermissent et se renforcent. Certes, cette intervention n’a qu’un effet momentané. C’est, néanmoins, de cette manière qu’il peut être fort pendant sa croissance et à l’âge adulte.

Et, il en est de même pour le service de D.ieu. Celui qui se libère de ses limites et de ses barrières, se défait des plans qu’il a conçus pour guider sa vie, parvient à affiner l’aspect négatif de son âme naturelle, de même que ses besoins matériels et physiques. Dès lors, il doit mettre en pratique les termes du verset "ils se dirigèrent vers Soukkot".

La Soukka entoure celui qui s’y trouve. Pour autant, elle exerce sur lui une influence profonde, tout comme la manière de vêtir le nouveau-né d’un linge peut influencer le cours de sa vie.

C’est en ce sens que : J’ai fait résider les enfants d’Israël dans des Soukkot, lorsque Je leur ai fait quitter l’Egypte".

La force d’accomplir cela, tout au long de l’année, est obtenue pendant la fête de Soukkot, en général et par la Mitsva de résider dans la Soukka, en particulier.

Faire mention du nom de nos maîtres, de leurs accomplissements et de leurs enseignements permet de réaliser tout cela. Mon beau-père, le Rabbi, dit, en effet : "Il y a des invités ‘hassidiques, le Baal Chem Tov, le Maguid de Mézéritch, l’Admour Hazaken, l’Admour Haémtsahi, le Tséma’h Tsédek, le Rabbi Maharach et le Rabbi Rachab".

A cette liste, nous ajouterons mon beau-père, le Rabbi.

Mena’hem Schneerson,

Notes

(1) Le Rabbi écrivit cette lettre comme avant propos au fascicule édité à l’occasion de la fête de Soukkot 5711. Il figure dans le Séfer Hamaamarim 5711, à la page 46.
(2) Le Rabbi note, en bas de page: "Voir le Baït ‘Hadach sur le Tour Ora’h ‘Haïm, début du chapitre 625, cité par le Choul’han Arou’h de l’Admour Hazaken. Le Baït ‘Hadach précise, en outre, qu’il en est de même pour les Tsitsit et les Tefilin. Néanmoins, pour ce qui les concerne, il est uniquement question de se souvenir, alors qu’à propos de la Soukka, la Torah parle de conscience. Au traité Soukka 2a, nos Sages disent ainsi que, jusqu'à une hauteur de vingt coudées, un homme a conscience de se trouver dans une Soukka."
(3) Le Rabbi note, en bas de page: "Voir le chapitre 42 du Tanya, le Torah Or, au début de la Parchat Michpatim, le Torat ‘Haïm, à la même référence et le long développement de la séquence de discours ‘hassidiques prononcée à Roch Hachana 5670, à partir du discours intitulé : Je t’ai donné".
(4) Le Rabbi note, en bas de page: "Le Beth Yossef, Ora’h ‘Haïm chapitre 625, dit, en effet: La Torah aurait pu dire : Dans le désert, J’ai fait résider les enfants d’Israël dans des Soukkot. Pourquoi donc prendre référence sur la sortie d’Egypte?".
(5) Le Rabbi note, en bas de page: "Voir le chapitre 47 du Tanya, le Torah Or, à la Parchat Vaéra, discours intitulé : En conséquence, Je dirai, et d’autres références.
(6) Le Rabbi note, en bas de page: "Voir la causerie de Chemini Atséret 5690, dans le fascicule n°21".
(7) Venant visiter la Soukka de chacun.