Par la grâce de D.ieu,
2 Chevat 5722,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à votre lettre du 24 Tévet, dans laquelle vous me dites que vous avez pris une bonne décision, à réception de mon dernier courrier. Néanmoins, par la suite, vous n’êtes pas parvenu à surmonter l’épreuve(1). Or, vous savez sûrement ce que nos Sages expliquent(2), à ce sujet. Ils affirment, en effet, qu’un homme ayant succombé à l’épreuve et ayant trébuché ne doit pas pour autant se décourager, ce qu’à D.ieu ne plaise, encore moins en être désespéré dans la lutte qu’il a engagé contre son mauvais penchant, que D.ieu nous en garde. Car, bien au contraire, le désespoir et la démoralisation sont les armes et les stratagèmes dont ce mauvais penchant fait usage, lorsqu’il s’adresse à un homme juif, appartenant au peuple proche de D.ieu, puisqu’il est dit : “ Vous êtes appelés des hommes ” et défini comme un descendant d’Avraham, d’Its’hak et de Yaakov. Il lui affirme qu’il n’y a pas lieu de lutter contre lui, car on ne serait pas le vainqueur d’un tel combat, ce qu’à D.ieu ne plaise. Bien plus, celui qui lui-même a trébuché est en mesure d’observer à quel point l’échec est mauvais et amer. Non seulement il va à l’encontre de la Volonté du Créateur, Qui donne la Torah et ordonne les Mitsvot, mais, en outre, il ruine et détruit sa vie physique, son existence dans ce monde. En raisonnant de la sorte, on suscitera en soi une force nouvelle et plus intense qui permettra de mener ce combat et, au final, s’accomplira la promesse(3) selon laquelle : “ Lorsque l’homme se sanctifie quelque peu ici-bas, on le sanctifie largement, là-haut ”.
A) Pour vous renforcer dans ce combat, de même que pour hâter la délivrance, il serait particulièrement judicieux de faire en sorte que vous n’ayez pas d’argent sur vous, si ce n’est le montant nécessaire pour effectuer de petits achats.
B) Dans la mesure du possible, vous aurez des contacts uniquement avec des personnes respectueuses de la Torah et des Mitsvot. De fait, chacun reçoit l’Injonction d’agir ainsi et nos Sages constatent(4) que : “ les relations font beaucoup ”. Ils disent aussi que : “ le Juste a une bonne part, de même que son voisin ”. Et, l’inverse est également vrai(5).
C) Plusieurs médecins connaissent des traitements qui renforcent et raffermissent la volonté, par exemple pour les alcooliques, que l’on peut, à terme, guérir complètement. Vous les consulterez donc et vous vous conformerez à leurs prescriptions. Autre point, qui est essentiel, vous aurez une bonne connaissance de quelques chapitres de la Michna et de quelques Psaumes. De temps à autre, vous les réciterez, surtout lorsqu’il vous semble que vous éprouvez un désir qui n’est pas conforme à la Volonté de D.ieu.
Vous me dites que vous n’avez pas la constance qui serait nécessaire. L’une des solutions, en ce domaine, est la suivante. Lorsque vous observez que celle-ci est réduite, vous changerez le thème sur lequel porte votre étude, de la Hala’ha au Midrash, de la Loi écrite à la Loi orale ou bien l’inverse. A réception de la présente, nous serons à proximité du jour de la Hilloula de mon beau-père, le Rabbi, chef d’Israël. Comme c’est le cas pour chaque événement, celui-ci délivre une leçon pour le service de D.ieu de chacun d’entre nous et donc, bien évidemment, pour le vôtre. Cette leçon est la suivante. L’instinct de conservation de l’homme est le plus fort. Malgré cela, celui dont nous célébrons la Hilloula mit sa vie en danger afin de mettre en pratique la Volonté du Créateur et il affirma que l’on pouvait en attendre de même de la part de chacun. Combien plus en est-il ainsi lorsque l’on n’encourt, D.ieu merci, aucun danger, qu’il s’agit uniquement d’un désir éphémère et d’une volonté passagère. Quelques instants plus tard, on regrette ce désir et cette volonté, qui ne fait que détruire la vie. Il est donc bien clair que l’on peut mettre en pratique les Mitsvot du Créateur et emprunter, d’une manière agréable et pacifique, la voie de notre Torah, Torah de vie. J’attends, au plus vite, votre réponse sur tous ces points et je vous en remercie d’avance,
Pour le Rabbi Chlita,
Notes
(1) Vraisemblablement, une propension à dilapider l’argent.
(2) Voir, à ce sujet, le Tanya, au chapitre 28.
(3) Dans le traité Yoma 39a.
(4) Voir le traité Sotta 7a et la fin du traité Soukka.
(5) La part de l’impie est mauvaise, de même que celle de son voisin.