Lettre n° 834

Par la grâce de D.ieu,
19 Kislev 5711,
Fête de notre libération et
du salut de notre âme,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre dans laquelle vous me parlez de la dispute à propos de... Depuis que vous m’avez écrit, pour la première fois, à ce propos, j’ai évoqué ce sujet avec les représentants des ‘Hassidim de Terre Sainte. Dans leur dernier courrier, ceux-ci me disent qu’ils se sont rendus chez... et, au cours d’une réunion à laquelle vous avez vous-même participé, ont trouvé un compromis, qui a été adopté à l’unanimité.

J’ai été particulièrement satisfait d’apprendre cette nouvelle. Je suis sûr qu’elle est fondée, que la paix règne de nouveau parmi les Juifs, en général et les ‘Hassidim, en particulier, surtout en notre Terre Sainte. Vous me réjouirez vous-même en m’envoyant une lettre, dans laquelle vous n’annoncerez que la paix s’est effectivement instaurée dans le pays et dans le peuple.

Je conclurai en évoquant ce qui a été dit(1) lors de la réunion ‘hassidique(2) de ce 19 Kislev. Le Saint béni soit-Il ne trouva pas d’autre réceptacle contenant la bénédiction pour Israël que la paix. Or, cette affirmation de nos Sages semble se contredire elle-même. Le prophète définit la bénédiction divine, en ces termes : "Je vous accorderai une bénédiction telle que vous ne puissiez même plus dire : c’est assez". Dès lors, comment envisager qu’elle puisse être contenue par un réceptacle ? Les deux affirmations ne sont-elles pas antinomiques ?

Brièvement, on peut apporter, à cette question, la réponse suivante. La grandeur et la puissance du Saint béni soit-Il lui permettent de réunir deux éléments opposés, en l’occurrence une bénédiction transcendant toute limite et un réceptacle la contenant. Néanmoins, ce réceptacle ne peut être rien d’autre que la paix, qui réunit, précisément, les extrêmes, le feu qui contracte et réduit, l’eau qui étend et élargit, sans que l’un ne fasse disparaître l’autre, comme l’expliquent nos Sages dans le Midrach, à propos du verset(3) : "A Lui appartiennent le pouvoir et la puissance redoutable. Il établit la paix dans les palais célestes".

Il en est de même pour ce qui fait l’objet de notre propos, comme le soulignent nos Sages, au traité ‘Haguiga. D.ieu possède un nombre infini de brigades, mais chacune est limitée, ainsi qu’il est dit "des milliers de milliers Le servent". Or, les exégètes expliquent, et le Tséma’h Tsédek l’établit également dans son Séfer Ha’hakira, que, de manière rationnelle, il est impossible que l’infini découle de la limite.

Le réceptacle dont il s’agit ici est donc celui de la bénédiction céleste, laquelle ne connaît pas de limite. Grâce à la paix, les éléments opposés peuvent coexister, un réceptacle et une bénédiction illimitée. C’est pour cette même raison que la Michna reçoit une formulation négative(4). N’aurait-elle pu être exprimée positivement ? En fait, elle indique ainsi que le seul réceptacle pouvant contenir la bénédiction est bien la paix et non que D.ieu n’en trouva pas d’autre. Tout cela ne sera pas développé ici.

Vous trouverez ci-joint ma lettre collective pour le 19 Kislev et je conclurai en vous souhaitant d’être inscrit et scellé pour une bonne année, dans l’étude de la ‘Hassidout et dans ses voies. Ainsi, vous connaîtrez la bénédiction et la réussite, dans tous vos besoins, matériels et spirituels.

Dans l’attente de vos bonnes nouvelles,

Mena’hem Schneerson,

Notes

(1) Par le Rabbi lui-même.
(2) Voir, à ce propos, la lettre n°896.
(3) Yov 25, 2.
(4) "Le Saint béni soit-Il ne trouva pas de réceptacle contenant la bénédiction autre que la paix".