Par la grâce de D.ieu,
17(1) du mot de l’éclat(2) 5722,
Brooklyn, New York,
Aux participants à la réunion nationale des directeurs
de Yechivot, le 23 Iyar, à Frandale, New York,
que D.ieu vous accorde longue vie,
Je vous salue et vous bénis,
Vous m’avez fait part de votre réunion et voici ma réponse. Puisse D.ieu faire qu’elle connaisse une considérable réussite et qu’elle ait des conséquences concrètes, qu’elle sanctifie le Nom de D.ieu et que chacun de ses participants, en particulier, en fasse de même, que tous reçoivent une bénédiction accrue et le succès, en leur mission sacrée. Je saisis donc ce moment propice pour attirer l’attention de la réunion et de ses participants sur un point essentiel, qui touche au fondement même de l’éducation basée sur les valeurs sacrées, un point qui doit être rectifié rapidement et complètement. Je suis surpris que cela n’ait pas encore été fait. C’est le suivant.
Pour différentes raisons, dans la plupart des Yechivot de ce pays, les élèves se consacrent à la fois aux études sacrées et aux matières profanes, qui sont également enseignées dans l’enceinte de la Yechiva, au moins jusqu’à un certain âge. Sans me prononcer sur la situation proprement dite, je dois constater qu’il en est ainsi et l’on ne peut pas ignorer la réalité. Or, on doit tenir compte du fait que ces élèves ont un âge auquel on est impressionné par chaque détail, non seulement de manière directe mais aussi indirectement. Bien plus, l’influence indirecte s’avère parfois la plus forte. Si l’on admet qu’il en est bien ainsi, on parviendra à la conclusion que les élèves(3) ne peuvent pas ignorer la manière dont on leur présente ces deux disciplines. Il faut donc qu’ils puissent constater, de la manière la plus claire, que, même si l’une et l’autre sont étudiées dans l’enceinte de la Yechiva, c’est bien l’étude de notre sainte Torah, Torah de vie, qui est essentielle, alors que les études séculaires ne sont qu’accessoires, en aucune façon comparables à l’essentiel.
Une difficulté se présente, néanmoins. Du fait de nos multiples fautes, de nombreuses Yechivot et peut-être même la plupart d’entre elles adoptent la position inverse, de façon indirecte et parfois même directement, ce qui veut dire, non seulement que les deux disciplines sont présentées comme équivalentes, mais même que les matières séculaires sont mises en avant, comme les plus importantes. Et, cette “ importance ” s’exprime de différentes manières et de plusieurs façons, dans la manière dont sont conduites les études et l’effort pour leur avancement, dans les devoirs à faire chez soi, dans la fréquence des examens, dans leur réussite et dans les félicitations, les prix, les distinctions qu’ils permettent d’obtenir. Et, s’il en ainsi dans l’enceinte de la Yechiva, il va sans dire que c’est le cas également à la maison. Cette conception s’applique, de la même façon, à l’aspect extérieur des choses, à la présentation des livres d’étude, aux classes et à tout le reste. En outre, il en est de même pour la relation personnelle qui s’instaure avec les professeurs d’études sacrées et avec ceux qui enseignent les matières profanes. Ces derniers sont systématiquement privilégiés, en différents domaines, y compris par leur salaire.
Même si une telle conception était uniquement le fait des donateurs ou des parents, je ne me serais pas tu et combien plus ne puis-je le faire quand on observe, parfois, que la direction et les directeurs l’adoptent également. J’ai déjà traité longuement de ce sujet, lors du dernier Pourim. J’ai montré à quel point il était dommageable de mettre trop fortement l’accent sur les études séculaires. En effet, il est bien clair et évident que l’objectif premier de la Yechiva, qu’elle soit appelée Yechiva élémentaire ou bien Yechiva tout court, est l’étude de notre sainte Torah. Et, si l’on peut trouver des raisons ou même des “ justifications ” à différents aspects de la situation qui vient d’être décrite, il est certain qu’une telle attitude remet en cause les fondements même de l’éducation et il n’est pas de mots pour expliquer à quel point cela est grave. En conséquence, j’appelle l’attention de la réunion sur cette situation, sur ses multiples conséquences, dont il convient de traiter sérieusement, afin de leur apporter une amélioration et une solution immédiates. Le mérite de ce qui est public vous viendra en aide. Avec mes respects et ma bénédiction de réussite,
Notes
(1) Le Rabbi écrit Tov, bon, terme dont la valeur numérique est dix-sept.
(2) Celui de Iyar, selon l’expression du traité Roch Hachana 11b.
(3) Le Rabbi mentionne les garçons et les filles.