Par la grâce de D.ieu,
11 Tévet 5723,
Brooklyn,
Au jeune Oury Tsvi(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu votre lettre de la seconde lumière de ‘Hanouka(2), dans laquelle vous me décrivez la vie dans le milieu au sein duquel vous évoluez actuellement(3), les difficultés que cela soulève. J’en suis surpris, car, semble-t-il, vous ne voyez pas du tout l’ensemble des aspects positifs que cette situation présente. Conformément au dicton bien connu(4) de mon beau-père, le Rabbi, après la réalisation de la promesse de la venue de notre juste Machia’h, on se frappera la tête avec un sentiment d’immense douleur et de regret en pensant aux jours, à la période particulièrement favorable de la fin de l’exil. En effet, on aurait alors pu agir, en tout ce qui concerne la Torah et les Mitsvot, en surmontant tous les voiles et tous les obstacles. Le service de D.ieu aurait alors été plus agréable, plus chéri, pour celui qui l’assume comme pour Celui Qui l’ordonne, le Créateur du monde Qui le dirige. Car, il n’en sera plus de même lorsque se sera accomplie la promesse selon laquelle : “ J’ôterai l’esprit d’impureté de la terre ” et qu’il n’y aura plus d’opposants. La leçon qui en découle, pour ce qui fait l’objet de notre propos, est bien évidente.
Il est un autre point, à ce sujet, qui est essentiel également. Vous me précisez que vous faites actuellement vos classes, que vous résumez ainsi : “ obéissance, force, pieds ”. De fait, il y a là un principe fondamental de la foi(5) de l’homme, une foi pure, qui s’exprime par la proclamation : “ Nous ferons et (ensuite) nous comprendrons ”, par l’obéissance. On doit avoir la certitude absolue que Celui Qui ordonne la Mitsva accorde d’emblée la force(6) et les moyens de mettre en pratique cette Injonction. Il suffit de le vouloir et, d’une manière concrète, d’avancer(6) sur la voie de D.ieu, conformément au testament du premier Hébreu, Avraham, “ afin qu’il ordonne à ses enfants… et qu’ils gardent la voie de D.ieu pour accomplir la droiture et la justice ” (Béréchit 18, 19).
De manière naturelle, il est dit que : “ l’homme naît comme un ânon sauvage ” et il est enclin à suivre sa nature, à mettre en pratique sa volonté, y compris ses envies. Bien plus, sa volonté incline son intellect, lui permettant de découvrir des explications, des raisons et des explications. La réparation de tout cela peut être déduite d’un raisonnement a fortiori : si l’on est tenu, comme vous le précisez vous-même dans votre lettre, d’obéir à l’instruction d’un homme de chair et d’os, en investissant en cela sa force et ses pieds, bien plus, si c’est uniquement de cette façon que l’on peut se maintenir dans le milieu où l’on évolue, si la pérennité de toute l’armée en dépend, ce qui implique la protection des frontières et donc le sort de toute la population, combien plus doit-il en être ainsi pour une Injonction émanant du “ Commandant en chef ”, le Roi suprême, le Saint béni soit-Il ! Et, de fait, chaque Juif appartient aux armées de D.ieu !
Troisième point, qui est essentiel lui aussi et peut-être même le plus important des trois, on peut réellement se demander si vous retrouverez, par la suite, les moyens d’influencer un milieu qui a besoin de connaître D.ieu, la Torah et les Mitsvot, comme c’est le cas à l’heure actuelle. En effet, vous vous trouvez tous ensemble, tout au long de la journée et vous êtes tenus à l’obéissance, comme on l’a dit. Lorsque l’on prononce des paroles émanant du cœur, dont le contenu est la Torah de vérité et ses Mitsvot, il est certain qu’au final : “ la vérité germe de la terre ”.
Ces lignes sont peu nombreuses par rapport à l’importance de l’enjeu, en général et la nécessité, en particulier, que vous vous serviez(6) des possibilités que la divine Providence vous a accordées afin de faire revenir sur le chemin de la bonté et de la droiture, celui de la Torah et des Mitsvot, de nombreux(6) jeunes Juifs. Ceux-ci auront bientôt une vie familiale, de sorte que l’amélioration de la situation de chacun sera, à l’avenir, multipliée par de nombreuses fois, par le nombre des membres de la famille, leurs enfants et leurs petits-enfants, jusqu’à la fin du monde. “ Le Saint béni soit-Il n’agit pas avec félonie envers Ses créatures ”(7), de sorte qu’avec les possibilités et l’Injonction, Il accorde également la force nécessaire pour assumer la mission confiée.
Du reste, on peut voir en cela l’enseignement des jours de ‘Hanouka. En effet, nos Sages portent témoignage qu’ils étaient faibles et peu nombreux, par rapport à ceux qui étaient forts et nombreux. Malgré cela, ils prirent une ferme résolution et ils combattirent pour la pureté, pour les Mitsvot et pour l’étude de la Torah. C’est pour cela qu’ils obtinrent un salut considérable et une délivrance. Depuis lors, chaque année, on allume des bougies et on le fait précisément en ordre croissant, en illuminant, chaque jour un peu plus, l’obscurité de la nuit, alentour. Avec ma bénédiction de réussite en la sainte mission qui vient d’être définie, dans la joie et l’enthousiasme,
M. Schneerson,
Notes
(1) O. T. Bunin, de Raanana. Voir, à son sujet, la lettre n°8549.
(2) Le 26 Kislev.
(3) L’armée.
(4) Voir, à ce sujet, la lettre n°5818.
(5) Emouna , la foi, est de la même étymologie que Imoun, entraînement, classes.
(6) Le Rabbi souligne les mots : “ force ”, “ avancer ”, “ serviez ” et “ nombreux ”.
(7) Selon le traité Avoda Zara 3a.