Lettre n° 8618

Par la grâce de D.ieu,
29 Nissan 5723,
Brooklyn,

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Ephraïm Eliezer(1) Ha Cohen,

Je vous salue et vous bénis,

Ce matin, avant de me rendre près du saint tombeau(2), j’ai reçu votre lettre de ce lundi, avec ce qui y était joint et j’ai mentionné votre nom près du saint tombeau de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, conformément à ce que vous m’écrivez..

Vous m’interrogez, à la fin de votre lettre, sur le Toureï Even(3), ouvrage dont je ne dispose pas, qui dit que les enfants d’Israël, quand ils entrèrent en Terre Sainte, avaient le droit de consommer la nouvelle récolte pendant les sept ans de conquête du pays. En effet, l’interdiction de cette nouvelle récolte ne pouvait pas être plus grave que celle des nuques de cochons, qui étaient alors permises. Il explique donc qu’il était interdit de moissonner cette récolte, car seule celle qui avait déjà été coupée était permise. Vous précisez vous-même pourquoi cette interprétation est difficile à accepter. En effet, la récolte de Jéricho était permise, selon le commentaire de Rachi sur le traité Pessa’him 55b, dès lors que celle-ci ne pouvait pas être utilisée pour les offrandes. Mais, il en est ainsi lorsque l’on est d’ores et déjà installé dans le pays et qu’il s’y trouve un endroit duquel on peut apporter la meilleure farine. Vous concluez en disant que cette analyse doit encore être approfondie.

A mon humble avis, voici ce que l’on peut dire sur ces trois points :

A) S’agissant de la question proprement dite qui est posée, il semble évident que les nuques de cochons furent permises du fait de la guerre(4) ou, tout au moins, dans l’optique de la conquête(5). En revanche, l’interdiction de la nouvelle récolte entra en vigueur dès leur entrée en Terre Sainte, avant la guerre et la conquête, comme le verset l’établit clairement.

B) L’explication selon laquelle seule la récolte déjà prête était permise, mais non celle qu’il fallait encore couper est difficile à comprendre. En effet, le verset dit clairement(6) : “ les vignes et les oliviers ”. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour la récolte des champs ? Mais peut-être l’interdiction est-elle exclusivement liée à la manière de manger, puisque le verset conclut : “ Tu mangeras ”.

C) Pour ce qui est de votre interprétation et de votre conclusion selon laquelle cette analyse doit être approfondie, cela semble évident, d’autant que l’Omer provient de la terre et ne peut être apporté que d’une terre déjà conquise. Or, à l’époque, les enfants d’Israël se trouvaient à proximité de Jéricho. Et, cet endroit n’a pas moins de valeur que les jardins de Tsrifin, dont il est question dans le traité Mena’hot 64b. S’il(7) n’est pas parvenu à maturité, on peut l’apporter de tout(6) endroit. Avec ma bénédiction pour me donner de bonnes nouvelles,

Notes

(1) Le Rav E. E. Yalles, de Philadelphie. Voir, à son sujet, la lettre n°8288.
(2) Du précédent Rabbi, à l’occasion de la veille de Roch ‘Hodech, “ petit Yom Kippour ”.
(3) Commentant le traité Roch Hachana 13a et dans le Kountrass A’haron.
(4) Le Rabbi note, en bas de page : “ On consultera le Rambam, lois des rois, chapitre 8, au paragraphe 1, qui dit : ‘S’il a faim…’. ”
(5) Le Rabbi note, en bas de page : “ On verra le commentaire du Ramban sur le verset Vaét’hanan 6, 10 : ‘Il leur a interdit le butin…’. ”
(6) Le Rabbi souligne les mots : “ clairement ” et “ tout ”.
(7) L’orge constituant l’offrande du Omer.