Lettre n° 865

Par la grâce de D.ieu,
17 Tévet 5711,
Brooklyn,

Au distingué ‘Hassid, qui craint D.ieu et se consacre
aux besoins communautaires,
le Rav Aryé Leïb Gelman,

Je vous salue et vous bénis,

Je me souviens des propos de mon beau-père, le Rabbi, à votre propos. Vous êtes le dirigeant d’un parti, mais vous conservez, néanmoins, la possibilité de vous élever au dessus de celui-ci, lorsqu’il s’agit d’une question concernant l’ensemble de notre peuple et dont l’importance est capitale. C’est en me basant sur ces paroles que je m’adresse à vous, par la présente.

Il est sûrement inutile de vous décrire la situation, en notre Terre Sainte, pour ce qui concerne l’éducation des enfants et de la jeunesse immigrante. La douleur et le danger inhérent à ce problème sont considérables et, à n’en pas douter, vous en êtes pleinement conscient.

Vous n’ignorez pas non plus que cette situation, aussi grave qu’elle ait pu être dans le passé, est devenue beaucoup plus dramatique depuis que ces enfants ont été transférés dans des baraquements.

Il faut différencier les problèmes.

Certains sont seulement éphémères. D’autres sont plus larges. Quelques uns concernent non seulement notre génération, mais aussi celles qui viennent.

Certains concernent des points superficiels et d’autres sont plus profonds, ou même vitaux, remettant en cause la base même de l’existence.

Différents problèmes se posent actuellement et certains mêmes de façon fréquente mais la question de l’éducation reste prioritaire, car elle est à la base même de l’existence de notre peuple, directement liée à son état religieux et moral, car l’éthique découle elle-même de la religion. Son implication dépasse largement celle de la présente génération.

Bien sûr, la paix, dans tous les domaines, est très importante et la Torah dit qu’elle doit être recherchée d’emblée. Mais, l’on n’a pas le droit de sacrifier l’éducation des enfants sur l’autel de la paix.

Après cette entrée en matière, pour laquelle je suis convaincu que vous partagez mon avis, je voudrais exprimer mon grand étonnement devant le grand silence de tous ceux qui se trouvent sous votre influence et surtout devant le vôtre, pour tout ce qui concerne l’éducation des enfants immigrants en notre Terre Sainte.

Et, s’il est, par hasard, arrivé que vous protestiez publiquement, ceci n’a eu, pour l’heure, aucun résultat concret et la situation ne s’est pas améliorée.

Ma surprise a été encore plus grande lorsque j’ai lu, dans les journaux, le compte rendu de la réunion du Mizra’hi, qui a eu lieu à Atlantic City. Quelques communications ont, en effet, évoqué ce problème, mais, lorsque l’on est parvenu aux résolutions finales, il a été entièrement passé sous silence, comme s’il avait été réglé ou comme si la situation était désespérée, ce qu’à D.ieu ne plaise.

Me basant sur les propos de mon beau-père, le Rabbi, que je rapportais précédemment, j’espère que vous saurez, en la matière, vous élever au dessus des contingences de votre parti. Par toutes vos forces, vous ferez tout ce qui est en votre pouvoir pour réparer l’état alarmant de l’éducation de la jeunesse immigrante.

Vous assumerez vos responsabilités et vous apporterez votre contribution au salut de dizaines de milliers d’enfants juifs du terrible danger qui les guette, celui de l’athéisme, ce qu’à D.ieu ne plaise.

Si la présente lettre vous aide a faire concrètement usage de vos forces, j’en serai récompensé.

Avec ma bénédiction,

Mena’hem Schneerson,