Lettre n° 8734

Par la grâce de D.ieu,
Zot ‘Hanoukka(1) 5724,
Brooklyn, New York,

Je vous salue et vous bénis,

Une rumeur m’est parvenue selon laquelle certains ont adopté l’usage, dans votre sainte communauté, lors des célébrations publiques, en présence d’hommes et de femmes, en particulier avant une cérémonie de mariage puis pendant le repas qui lui fait suite, de faire chanter une femme. Il peut s’agir des bénédictions récitées à cette occasion ou bien d’autres bénédictions mais, en tout état de cause, il y a bien là le chant d’une femme. Vous comprendrez l’étonnement et la surprise que cette information a suscité en moi. On connaît, en effet, les propos de nos Sages, à différentes références, en particulier au début du Talmud, dans le traité Bera’hot 24a et dans les écrits des Décisionnaires, excluant totalement et complètement une telle pratique. J’en suis d’autant plus surpris que je connais la valeur accordée au saint Zohar par nos frères, les enfants d’Israël sefardim. Or, cet ouvrage, à la Parchat Nasso, dans sa partie la plus sainte, la Idra, à la page 142a, souligne clairement à quel point une telle manière d’agir doit être rejetée.

Or, s’il en est ainsi en tout endroit et dans toute situation, combien plus est-ce le cas pour ce qui est public, à l’occasion du mariage d’un fils et d’une fille d’Israël. En effet, nos Sages soulignent(2), tout particulièrement, que : “ lorsqu’un homme et une femme en ont le mérite, la Présence divine s’installe entre eux ”. Au début du processus et à son fondement, lors du mariage, est décidé ce que sera l’édifice éternel qui est ainsi bâti. Les bénédictions récitées à ce propos constatent donc, tout d’abord, que : “ Il créa tout pour Son honneur ”(3). Par la suite, on adresse encore de multiples bénédictions aux mariés et l’on constate que : “ la joie règne dans Sa demeure ”(4), en l’occurrence celle de D.ieu, béni soit-Il.

Il est donc absolument certain qu’une grande pureté, une sainteté accrue sont alors nécessaires, au point que l’on soit conforme à l’image choisie par les membres de la grande assemblée, dans la formulation qu’ils ont retenu pour ces bénédictions : “ comme tu t’es réjoui lors de ta création, dans le Gan Eden auparavant ”, c’est-à-dire avant la faute originelle. Bien plus, ce moment est uniquement celui de la miséricorde, de la bénédiction et du bienfait. Outre la condamnation intrinsèque de cette pratique, s’ajoute aussi, selon l’affirmation de la sainte Idra Rabba, le fait qu’elle suscite la rigueur céleste et, bien plus, que celle-ci se répand par deux cent quarante huit chemins. En outre, le début de la querelle(5) contre l’homme est bien une voix féminine. Et, comme le disent nos Sages, à cette même référence, “ il a été enseigné que la sévérité de D.ieu se répand par deux cent quarante huit chemins. Voici ce que l’on a enseigné : la voix…, les cheveux… ”. Vous consulterez ce texte.

Nous venons de vivre les jours de ‘Hanoukka. Or, selon les termes de notre grand maître, le Rambam, au début de ses lois de ‘Hanoukka, les Juifs furent alors persécutés et l’on s’en prit à leurs filles. Les enfants d’Israël firent alors don de leur propre personne. Ils emportèrent la victoire, fixèrent des jours de joie et d’action de grâce, depuis lors et jusqu’à la fin des générations. De fait, lorsque toutes les fêtes seront annulés, les jours de ‘Hanoukka se maintiendront encore(6). J’ai bon espoir qu’il en sera de même pour ce qui vient d’être dit, que tout cela sera pleinement réparé et que les femmes de votre sainte communauté prendront elles-mêmes part à cette réparation. A ce propos, vous consulterez le commentaire de Rachi sur le traité Chabbat 23a, qui dit : “ le miracle(7) se produisit par l’intermédiaire d’une femme ”. De la sorte, ces célébrations de Mitsva seront pleinement conformes à l’affirmation de nos Sages(8) selon laquelle la Présence divine se révèle quand dix Juifs se réunissent. A fortiori est-ce le cas quand il y en a plusieurs dizaines. Et, que s’accomplisse donc : “ la joie est dans Sa demeure ”, celle du Roi du monde, Qui bénit, dispense de multiples bénédictions à chacun et à chacune, de Sa main plein, ouverte, sainte et large. Avec mes respects, en saluant les dirigeants de votre sainte communauté et, avant tout, les Rabbanim, auxquels D.ieu accordera de longs jours et de bonnes années, de même qu’avec ma bénédiction pour me donner de bonnes nouvelles de tout cela,

Notes

(1) Dernier jour de la fête.
(2) Dans le traité Sotta 17a.
(3) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le commentaire de Rachi sur le traité Ketouvot 8a qui dit : une telle réunion est pour l’honneur de D.ieu ”.
(4) Le Rabbi note, en bas de page : “ Selon le Ba’h et le Bach, Even Ha Ezer, chapitre 62, au paragraphe 11, on ne peut pas dire que la joie règne lorsque l’autorité est confiée au mauvais penchant. On verra aussi le Sdeï ‘Hémed, du Rav ‘Hizkya Medini, recueil de lois, à l’article : ‘les mariés’, à la fin du paragraphe 12 ”.
(5) Le Rabbi note, en bas de page : “ Qui est la sévérité de l’homme, selon le traité Kiddouchin 40b ”.
(6) Le Rabbi note, en bas de page : “ Selon les Midrashim de nos Sages, cités, en particulier, dans le Séfer Ha ‘Haïm, tome 3, au du chapitre 7. On verra aussi le commentaire du Ramban, au début de la Parchat Beaalote’ha, qui dit : ‘le caractère immuable du Chandelier fait allusion aux lumières de ‘Hanoukka ”.
(7) De ‘Hanoukka.
(8) Dans le traité Sanhédrin 39a.