Lettre n° 8767

Par la grâce de D.ieu, mardi de la Paracha
“ Si tu empruntes de l’argent ” 5724(1),
Brooklyn, New York,

Aux membres de l’association de bienfaisance “ ceux qui
respectent le Chabbat ”, que D.ieu vous accorde longue vie,

Je vous salue et vous bénis,

J’ai reçu, avec plaisir, votre lettre, avec ce qui y était joint. Vous me faites part de votre réunion annuelle, qui aura lieu à l’issue du Chabbat accordant la bénédiction au Roch ‘Hodech Adar. Nos Sages enseignent dans la Michna(2), que “ le 1er Adar, on annonce la nécessité de donner les Shekalim et de proscrire les mélanges d’espèces dans les champs ”. Or, on peut s’interroger sur la relation devant être faite entre ces deux Préceptes. Pourquoi les annoncer conjointement ? Si l’on consulte les commentaires énonçant les raisons des Mitsvot(3), on peut, sans doute, répondre à cette question de la manière suivante. Le mélange d’espèces, dans le champ, a pour effet de perturber les lois et les phénomènes de la nature. Or, ceux-ci sont instaurés par le Créateur du monde, Qui le dirige et Qui voulut que les végétaux et les arbres fruitiers soient répartis en différentes espèces.

En conséquence, on doit d’abord annoncer la nécessité de donner les Shekalim, qui constitueront l’offrande nouvelle, grâce à laquelle on financera les sacrifices. En effet, les Shekalim d’une année ne peuvent pas être mélangés à ceux d’une autre année. Et, cette Michna cite, en premier lieu, les Shekalim puis, seulement après cela, elle introduit le mélange d’espèces. De fait, l’ordre dans lequel elle est formulée est également partie intégrante de son enseignement(4). En l’occurrence, on aurait pu penser qu’il faille énoncer, au préalable, l’interdiction de mélanger les espèces. Car, il est nécessaire de faire savoir, au plus vite, qu’une telle manière de planter n’est pas autorisée. De plus, cet interdit est en vigueur tout au long de l’année et il s’applique à chacun, à titre individuel.

Il n’en est pas de même, en revanche, pour les Shekalim. Bien plus, on peut même s’acquitter de cette obligation avec retard, puisque le prélèvement destiné à financer les sacrifices est effectué en y incluant également ce qui sera payé par la suite(5). On peut, néanmoins, comprendre pourquoi il en est ainsi, en fonction de ce qui a été exposé plus haut. Pour que le monde entier adopte un comportement favorable, il est nécessaire, au préalable, que les Juifs le fassent, en tout ce qui les concerne. Car, tout dépend d’eux et l’existence matérielle n’est que le prolongement de ce qui se passe dans la dimension spirituelle(6).

Aussi, après(7) que le tribunal ait énoncé une loi de la Torah et qu’il ait délégué des émissaires dans toutes les villes d’Israël, chargés d’y proclamer que le moment est venu d’apporter les nouveaux Shekalim, puisque qu’on a vu que ceux d’une année ne peuvent se mélanger à ceux d’une autre année, pour tout ce qui concerne les sacrifices et les préoccupations spirituelles du monde, il en découlait aussitôt qu’un même principe devait s’appliquer aux végétaux, aux plantations et jusqu’à la terre elle-même, bien qu’elle soit minérale. De la sorte, il est clairement établi que la distinction faite entre les espèces doit être maintenue.

Il en est de même également pour la Mitsva de la bienfaisance, qui est une forme particulièrement élevée de Tsedaka(8). Selon l’explication du Tanya(9), celle-ci est, à elle seule, considérée comme l’ensemble des sacrifices. Et, les Juifs doivent, en outre, la mettre en pratique avec bienveillance(10). Puis, la conséquence de l’accomplissement de cette Mitsva est l’obtention du dévoilement, ici-bas(11). L’homme, reçoit, de cette façon, la satisfaction de tous ses besoins, enfants, santé, prospérité matérielle, le pain qui est végétal et la réalisation, au sens le plus littéral, de la promesse(12) selon laquelle “ tu prélèveras la dîme afin de t’enrichir ”, c’est-à-dire pour obtenir de l’or et de l’argent, qui sont des minéraux.

De cette façon, agissant “ mesure pour mesure ”(13), le Roi du monde accordera tout ce qui vient d’être dit, avec bienveillance et dans la largesse(14). Avec ma bénédiction de réussite en votre action pour tout ce qui vient d’être dit, dans la joie et l’enthousiasme,

M. Schneerson,

Notes

(1) Voir le Likouteï Si’hot, tome 4, à la page 1273 et tome 6, à la page 338.
(2) Le Rabbi note, en bas de page : “ Au début du traité Shekalim ”.
(3) Le Rabbi note, en bas de page : “ Le Ramban, expliquant le verset Kedochim 19, 19, le Zohar, tome 3, page 86b, le traité ‘Houlin, page 60a, faisant référence aux végétaux ”.
(4) Voir, à ce sujet, la lettre n°9027.
(5) Le Rabbi note, en bas de page : “ Comme le précise le traité Shekalim, à la fin du chapitre 3 ”.
(6) Voir le Tanya au chapitre 3.
(7) Le Rabbi souligne le mot : “ après ”.
(8) Le Rabbi note, en bas de page : “ Comme le souligne le Choul’han Arou’h, partie Yoré Déa, chapitre 249, au paragraphe 6 ”.
(9) Le Rabbi note, en bas de page : “ Aux chapitres 34 et 37 ”.
(10) Le Rabbi note, en bas de page : “ Comme le précise le Choul’han Arou’h, à la même référence, paragraphe 3 ”.
(11) Le Rabbi note, en bas de page : “ Bien plus, l’élévation spirituelle la plus haute en découle également, selon Iguéret Ha Kodech, au chapitre 8 ”.
(12) Dans le traité Chabbat 119a.
(13) Selon la Pessikta Rabbati sur le verset Chemot 3, 6.
(14) Le Rabbi note, en bas de page : “ Comme en fait la promesse le Choul’han Arou’h, à cette même référence ”.