Lettre n° 8787

Par la grâce de D.ieu,
17 Adar 5724,
Brooklyn,

A monsieur Moché Issar Ha Cohen,

Je vous salue et vous bénis,

J’ai reçu, avec plaisir, votre lettre de ce mardi soir, dans laquelle vous me faites part de votre état d’esprit et de la conception que vous vous faites de la ‘Hassidout, de son enseignement et de ce qui la concerne. J’ai bon espoir qu’en prenant connaissance de cet enseignement d’une manière précise et profonde, vous vous rapprocherez d’elle et de ses conclusions, d’autant qu’au final, la dimension profonde de la Torah a bien été révélée dans la ‘Hassidout. Celle-ci est donc l’âme, la dimension intérieure de notre sainte Torah, y compris de sa partie révélée. De fait, le saint Zohar l’appelle(1) : “ l’âme de la Torah ”.

Vous rappelez, dans votre lettre, que les anciennes générations(2) s’opposaient à cet enseignement. Néanmoins, elles ont longuement expliqué la raison pour laquelle elles le faisaient. En effet, elles craignaient qu’en la suivant, elles s’écarteraient de la pratique effective des Mitsvot, ce qu’à D.ieu ne plaise. A l’époque, il y avait divergence d’opinions et l’on pouvait penser qu’un tel risque existait réellement. Mais, depuis la révélation de la ‘Hassidout, deux siècles se sont écoulés et tous ont désormais une réponse unanime à cette question : comment reconnaître un ‘Hassid ? C’est quelqu’un qui prie plus longtemps que celui qui n’est pas un ‘Hassid, qui porte deux paires de Tefillin au lieu d’une seule, qui porte la barbe. En d’autres termes, la pratique concrète a fait la preuve que cette crainte n’a pas lieu d’être. Bien au contraire, quand on rencontre, dans la rue, un homme portant la barbe et les Péot, un vêtement long, consommant de la Matsa Chemoura à Pessa’h, portant également les Tefillin de Rabbénou Tam, on peut être à peu près certain qu’il a reçu une éducation ‘hassidique.

Bien entendu, il ne s’agit pas de remettre en cause tous les bons esprits qui éprouvaient une telle crainte à l’époque, ce qu’à D.ieu ne plaise. En effet, ceux-ci vivaient peu après l’émergence de certaines sectes qui se sont écartées du droit chemin. En une période difficile, il ne fallait pas négliger le moindre doute, y compris le plus éloigné. Il n’en est pas de même, en revanche, après une longue période d’essai et surtout quand on peut observer la situation telle qu’elle est, de ses yeux de chair. Vous mentionnez également, dans votre lettre, l’usage de vos parents(3). Or, tous les premiers ‘Hassidim avaient eux-mêmes des parents qui n’étaient pas des ‘Hassidim, c’est bien évident.

Selon l’enseignement des jours de Pourim, qui viennent de passer, lorsque : “ pour les Juifs, ce fut lumière, joie, allégresse et valeur ”, “ on envoie des mets ”, “ qu’il en soit ainsi pour nous ”, puisse D.ieu faire que les cœurs se rapprochent. L’idée centrale est, en effet, l’amour du prochain, orienté par l’amour de la Torah et par l’amour de D.ieu. Ce sont là des fondements de la ‘Hassidout et de ce qui la concerne. Avec mes respects et ma bénédiction,

Notes

(1) Dans le tome 3, à la page 152a.
(2) Voir, à ce sujet, les lettres n°3722, 5034 et 8652.
(3) Auquel il est nécessaire de rester fidèle.