Par la grâce de D.ieu,
22 Adar 5724,
Brooklyn, New York,
Aux dirigeants des jeunes d’Agoudat Israël de New York,
que D.ieu vous accorde longue vie,
Je vous salue et vous bénis,
J’ai reçu, avec plaisir, votre lettre, dans laquelle vous m’annoncez la célébration de la conclusion des six ordres de la Michna. Celle-ci aura lieu à l’issue du Chabbat qui approche, pour nous et pour tout Israël, pour le bien, le Chabbat Parchat Vayakhel Pekoudeï(1). Conformément à l’enseignement bien connu(2) de l’Admour Hazaken, auteur du Tanya et du Choul’han Arou’h, chaque Juif doit étudier, tous les jours, la Paracha de la semaine et en tirer un enseignement pour son existence quotidienne.
Il est, de fait, possible de tirer de nombreux enseignements, de ce qui vient d’être dit, de ces Sidrot, Vayakhel et Pekoudeï, de même que de celle dont l’étude commence à l’issue du Chabbat, Vaykra. Celles-ci évoquent la manière dont le Sanctuaire fut bâti(3) de manière concrète(4). Or, sa raison d’être est définie, par le verset, en ces termes : “ Je résiderai parmi vous ” et nos Sages précisent(5) que “ il n’est pas dit ici ‘dans ce Sanctuaire’, mais bien ‘parmi vous’, c’est-à-dire en chaque Juif ”.
Le Sanctuaire instaure la paix et il crée une relation entre la matière et l’esprit, à tous les niveaux et à chaque stade. Il permet de révéler la Présence de D.ieu dans le monde, y compris ici-bas, au sein de la matière. Ainsi, le Tout Puissant réside dans un Sanctuaire, fait d’or, d’argent et de bronze, c’est-à-dire d’objets matériels. Là, sont sacrifiés des animaux, que les enfants d’Israël sanctifient en les plaçant sur l’autel, afin qu’ils soient agréés par D.ieu. Au préalable, ils avaient eux-mêmes apporté leurs offrandes pour édifier ce Sanctuaire. Celles-ci avaient été prélevées sur leur or et sur leur argent, auxquels elles avaient apporté l’élévation(6). Tout ceci fut obtenu parce que l’âme se révéla au sein du corps et le domina, parce que l’âme divine l’emporta sur l’âme animale.
Comment établir une telle paix ? Il faut, pour cela, se consacrer à la Torah. En effet, nos Sages précisent(7) que “ celui qui se consacre à la Torah pour son nom instaure la paix dans le palais céleste et dans le palais terrestre ”. C’est aussi ce qu’explique la conclusion des six ordres de la Michna, selon laquelle “ la paix est le réceptacle, contenant la bénédiction pour Israël, ainsi qu’il est dit : D.ieu bénira Son peuple par la paix ”. L’entrée en matière, la préparation à tout cela est précisée par le début de ce même verset, qui est donc également cité par la Michna : “ D.ieu accorde la puissance à Son peuple ”. En effet, “ la puissance fait allusion à la Torah ”(8). Grâce au don de la Torah et à son étude, “ les érudits multiplient la paix dans le monde ”, comme le constate la fin des six ordres de la Guemara.
La Torah, qui a fait l’objet de ce don, constitue donc la puissance d’Israël, “ arrogant parmi les nations ”(9). Les Juifs doivent, en conséquence, mettre cette arrogance, qu’ils possèdent de manière naturelle, au service de la Torah et des Mitsvot, mettant ainsi en pratique l’Injonction “ Fais le bien ”. En retour, “ l’arrogance ” de la Torah affaiblira celle qui s’applique dans les domaines du monde, de sorte que l’on accomplisse également l’Injonction “ Ecarte-toi du mal ”. Tout ce qui vient d’être dit permet de comprendre à quel point il est important d’étudier la Torah et ce qui est accompli de cette façon, en particulier pendant la période “ d’arrogance ” de la vie de l’homme, c’est-à-dire quand il est encore un jeune homme.
Puisse D.ieu faire que cette étude soit conforme à l’enseignement de nos Sages(10), qu’elle conduise bien à l’action et qu’elle permette d’adopter, au quotidien, le comportement qui convient, y compris dans les domaines profanes et dans les jours de semaine. Les livres du Moussar et de la ‘Hassidout précisent(11) à quoi fait allusion le début des six ordres de la Michna : “ A partir de quand lit-on le Chema du soir ? ”. En effet, l’entrée en matière de la Torah et des enseignements de nos Sages, dans la Michna, précise que, le “ soir ”, c’est-à-dire quand il fait obscur dans le monde, il est une Mitsva, pour chacun, de lire le Chema, de proclamer que “ l’Eternel est notre D.ieu, l’Eternel est Un ”.
L’Aleph(4), première lettre de E’had(4), un, fait allusion au Maître du monde(12). Ce Aleph(4) doit ainsi être révélé dans le ‘Heth(4), correspondant aux sept cieux et à la terre, de même que dans le Dalet(4), qui évoque les quatre points cardinaux. De la sorte, on “ instaure la paix entre le Saint béni soit-Il et Son monde ”(13). Avec mes respects et ma bénédiction,
Notes
(1) Voir le Likouteï Si’hot, tome 4, à la page 1291.
(2) Le Rabbi note, en bas de page : “ Qui est rapporté dans le Kountrass Chicago, à partir de la page 5 ”. Voir le Séfer Ha Si’hot 5702, à la page 27.
(3) Voir également la lettre suivante.
(4) Le Rabbi souligne les mots : “ de manière concrète ”, “ Aleph ”, “ E’had ”, “ Aleph ”, “ ‘Heth ” et “ Dalet ”.
(5) Le Rabbi note, en bas de page : “ Comme le souligne, en particulier, le Chneï Lou’hot Ha Berit, à la Parchat Terouma ”.
(6) Voir, à ce sujet, le Likouteï Si’hot, tome 21, à la page 316 et dans les références indiquées à la note 12.
(7) Le Rabbi note, en bas de page : “ Au traité Sanhédrin 99b, comme l’explique le Likouteï Torah Matot, à la page 86b ”.
(8) Le Rabbi note, en bas de page : “ Selon le traité Zeva’him 116a ”.
(9) Le Rabbi note, en bas de page : “ Selon l’expression du traité Beïtsa 25b, que commente le Maharcha ”.
(10) Dans le traité Kiddouchin 40b.
(11) Voir, à ce sujet, les lettres n°2448 et 7422.
(12) Le Rabbi note, en bas de page : “ Comme l’explique le Séfer Mitsvot Katan, cité par le Beth Yossef, Ora’h ‘Haïm, au chapitre 61 ”.
(13) Le Rabbi note, en bas de page : “ Selon l’expression du Midrash Chir Hachirim Rabba, au chapitre 7, paragraphe 1 ”.