Par la grâce de D.ieu,
début du troisième mois 5724,
Brooklyn, New York,
A l’attention du distingué et agréable ‘Hassid, élu du peuple,
qui le surpasse, recherche le bien de son peuple, a des
comportements généreux, est issu d’une illustre famille,
le Rav Chnéor Zalman(1) Chlita,
Je vous salue et vous bénis,
A l’occasion de la fête de Chavouot(2), temps du don de notre Torah, qui approche, pour nous et pour tout Israël, pour le bien et pour la bénédiction, je vous adresse, par la présente, ma bénédiction afin que vous receviez la Torah avec joie et d’une manière profonde, selon l’expression du maître, mon beau-père, le Rabbi.
Il a déjà été expliqué, dans différents livres, que les dix Commandements s’étendent à tout l’enchaînement des mondes et même à ce qui le dépasse ou encore, de manière identique, au point le plus bas, “ le plus inférieur qui soit ”, selon l’expression de l’Admour Hazaken dans le saint Tanya(3). C’est pour cette raison que le commencement(4) des dix Commandements est : “ Je (Ano’hi) suis l’Eternel ton D.ieu Qui t’ai fait sortir du pays de l’Egypte ”, par une révélation céleste. En effet, l’Egypte était une situation infiniment plus basse que la Divinité, si l’on peut s’exprimer ainsi. Du reste, le Nom de D.ieu, Elokim, a la même valeur numérique que Ha Téva, la nature(5). De même, il n’y a aucune commune mesure entre Elokim et Avaya, le Nom qui caractérise l’Essence. Et, la même distance existe aussi entre Avaya et Ano’hi, Je, car, selon l’expression du Zohar(6), “ Je suis Celui que Je suis, Auquel aucune lettre, aucun signe ne font allusion ”.
La fin(4) des dix Commandements fait allusion à la profondeur de l’enfer, car c’est bien en cet endroit qu’il est nécessaire de préciser : “ Tu ne voleras pas ”. Cette mise en garde est faite à celui qui possède le libre arbitre et qui peut donc choisir librement. Il en est ainsi jusqu’au point le plus bas, puisque, comme le disent nos Sages(7), “ le moucheron lui-même t’a précédé ”. Et, l’on consultera, à ce sujet, le Tanya, au chapitre 24.
Or, tout ce qui vient d’être dit a été donné en une seule fois et les Sages ont eux-mêmes souligné(8) l’unité de ces dix Commandements, tous édictés en une seule Parole et simultanément. De la sorte, la Torah, de la même étymologie que Horaa, enseignement, montre que l’esprit et la forme, le spirituel et le matériel ne sont séparés qu’à nos yeux de chair, qui peuvent même nous faire croire qu’ils sont opposés ou encore qu’ils sont en conflit. Le rôle de l’homme, et il est dit que : “ vous êtes appelés des hommes ”(9), consiste donc à faire en sorte que l’esprit l’emporte sur la forme, la spiritualité sur la matière, jusqu’à pouvoir s’attacher, s’unir, jusqu’à devenir totalement indissociables. Chaque aspect de la création et, a fortiori, l’ensemble de celle-ci doivent proclamer : “ Je suis l’Eternel ton D.ieu… tu n’auras pas d’autres dieux… ”, comme ce fut le cas lors du don de la Torah, jusqu’à se pénétrer de la conscience que : “ il n’est nul autre que Lui ”. Avec ma déférence, mes respects et ma bénédiction pour une joyeuse fête, de même que pour prolonger la joie et la profondeur de la réception de la Torah sur tous les jours de l’année,
Notes
(1) C. Z. Chazar, président d’Erets Israël. Voir, à son sujet, la lettre n°8682.
(2) Voir le Likouteï Si’hot, tome 13, à la page 159.
(3) Au chapitre 36.
(4) Le Rabbi souligne les mots : “ commencement ” et “ fin ”.
(5) Selon le Pardès, porte 12, au chapitre 2. Voir, à ce sujet, le Séfer Ha Maamarim Meloukat, tome 2, à la page 93, note 76 et dans les références qui y sont indiquées.
(6) Tome 3, à la page 257b. Voir le Likouteï Torah, Parchat Pin’has, à la page 80b.
(7) Dans le traité Sanhédrin 38a.
(8) Dans le Me’hilta, cité par le commentaire de Rachi sur le verset Yethro 20, 1.
(9) Selon le traité Yebamot 61a.