Lettre n° 8890

Par la grâce de D.ieu,
veille de Soukkot 5725,
au moment de Min’ha,
Brooklyn, New York,

Au grand Rav, homme agréable et érudit, qui craint D.ieu,
donne des explications, a de multiples connaissances, maître
des maîtres, le Rav Y. D.(1) Ha Lévi et toute sa famille,
que D.ieu vous accorde de longs jours et de bonnes années,

Je vous remercie pour votre lettre de bénédiction de ce mardi, veille de Yom Kippour(2), lorsque se réalisèrent pleinement les termes du verset : “ Et, D.ieu consola ”, précisément de Son plein gré. La récompense fut grande et l’élévation, immense. Ce fut “ le jour de la joie de Son cœur ”(3). De fait, vos propos ont déjà été exprimés au préalable, en ces termes : “ Je bénirai ceux qui te béniront ”, de la bénédiction de D.ieu dont l’intérêt surpasse le capital(4). Puisse D.ieu faire que très bientôt et de nos jours, nous méritions, au sein de tout Israël, d’assister à la consolation de Sion et de Jérusalem(5) et à l’accomplissement de la promesse selon laquelle : “ Il fera disparaître… et Il effacera les larmes de tous les visages ”. Dès lors, “ ils se réveilleront et se réjouiront ceux qui reposent sous terre ”, car D.ieu les fera revivre par la rosée de l’intense lumière céleste. Avec ma considération, mes respects et ma bénédiction à l’occasion de la fête(6) à propos de laquelle la joie est mentionnée, par trois fois, dans la Torah,

Pour faire suite à notre discussion(7), j’ai retrouvé, par la suite, un commentaire de la Michna(8) affirmant, au traité Demaï, chapitre 1, à la Michna 2, que la déclaration : “ je n’ai pas consommé la dîme en état Onen(9) ” s’entend avant l’enterrement. C’est également l’explication que donne le Roch, à la fin du traité Maasser Chéni(10).

Vous concluez votre lettre en mentionnant les versets : “ voir le Cohen ” et : “ à Lévi, il dit ”. Vous consulterez ce que dit, à ce sujet, le Ari Zal, dans son Likouteï Torah et dans le Chaar Ha Pessoukim sur Yé’hezkel. Il affirme, en effet, que, dans le monde futur, les Léviim deviendront Cohanim. Et, vous verrez aussi le Tanya, au chapitre 50(11), qui ajoute, à ce sujet : “ Les Léviim actuels seront(12) des Cohanim, dans le monde futur ”. On peut penser qu’il répond, par cette précision, à l’objection que l’on pourrait soulever, sur ce point, à partir du verset : “ à nous et à nos enfants, pour l’éternité ”, comme le cite le Rambam, dans ses lois des fondements de la Torah, au début du chapitre 9. En conséquence, il explique que ceux qui sont des Léviim actuellement(12), et non dans le monde futur, seront, dans ce monde futur, des Cohanim depuis leur naissance.

Je viens de consulter l’édition du commentaire de la Michna(8) qui a été publiée par le Rav Kafah, à Jérusalem, en 5723(13). L’éditeur y fait mention d’un manuscrit du Rambam, se trouvant en sa possession, dans lequel celui-ci aurait rayé la phrase, précédemment citée, qui figure bien dans nos éditions. Il indique, dans la marge, la phrase qu’il reproduit : “ On est Onen, d’après la Torah, uniquement le jour même du décès ”, comme il l’indique aussi dans le Yad Ha ‘Hazaka. Et, l’on adopte une conclusion positive. Au début du Séfer Ha Maamarim 5629(14), publié à Brooklyn, en 5719(15), on explique, vraisemblablement d’après un commentaire(16) du Tséma’h Tsédek(17), que la bénédiction de D.ieu a également valeur de prière, “ Qu’il soit Ta Volonté de… ”. Celle-ci est donc en mesure de susciter une volonté nouvelle(12) de guérir ou de bénir.

Notes

(1) Le Rav Yossef Dov Soloveitchik, de Boston.
(2) Dans laquelle le Rav Soloveitchik présentait ses condoléances au Rabbi, après le décès de sa mère, la Rabbanit ‘Hanna, survenu le saint Chabbat 6 Tichri, au moment de Min’ha.
(3) Voir le traité Taanit 26b.
(4) Voir le Midrash Béréchit Rabba, chapitre 61, au paragraphe 4 et la longue explication développée dans le Likouteï Si’hot, tome 5, à partir de la page 422.
(5) Voir également la lettre suivante.
(6) De Soukkot.
(7) Lorsque le Rav Soloveitchik vint présenter ses condoléances au Rabbi. Voir, à ce sujet, les lettres n°8891 et 8899.
(8) Du Rambam.
(9) L’endeuillé qui n’a pas encore enterré son proche. Voir le verset Tavo 26, 14.
(10) Le Rabbi note, en bas de page : “ Chapitre 5, à la Michna 12. Il discute l’avis de Rabbi Ovadya de Bartenora ”.
(11) Voir aussi le Chiyourim Be Séfer Ha Tanya, à cette référence, dans la note 15.
(12) Le Rabbi souligne les mots : “ actuels seront ”, “ actuellement ” et “ nouvelle ”.
(13) 1963.
(14) 1869, du Rabbi Maharach.
(15) 1959.
(16) On verra, à ce propos, ce qui est indiqué, à cette même référence, dans les notes de l’édition de 5752 (1992) de ce Séfer Ha Maamarim.
(17) Il s’agit du discours ‘hassidique intitulé : “ C’est ainsi que vous bénirez ”, figurant dans le Or Ha Torah, Parchat Nasso, à la page 270.