Par la grâce de D.ieu,
6 Nissan 5725,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à votre lettre du 25 Adar Chéni, dans laquelle vous me parlez de votre anniversaire(1). A n’en pas douter, vous intensifiez, à cette occasion, ce qui concerne la Torah et les Mitsvot, conformément à l’Injonction de notre sainte Torah, Torah de vie(2), selon laquelle on connaît l’élévation dans le domaine de la Sainteté. Outre l’aspect essentiel, l’accomplissement d’un Précepte de D.ieu, c’est, par ailleurs, le canal et le réceptacle par lesquels on reçoit les bénédictions de D.ieu en tous ses besoins.
Puisse donc D.ieu faire que l’année qui vient, pour le bien, soit une année de réussite, à la fois matériellement et spirituellement. Vous me donnerez de bonnes nouvelles de tout cela. Avec ma bénédiction pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse,
N. B. : Vous faites allusion à votre solitude et j’en suis très surpris, car vous connaissez sûrement le dicton de mon beau-père, le Rabbi, chef d’Israël(3), selon lequel : “ grâce à la ‘Hassidout, on n’est plus tout seul ”. La ‘Hassidout a véritablement supprimé la solitude. Or, s’il en est ainsi dans la relation entre le Rabbi et un ‘Hassid, comme l’explique longuement ce texte, combien plus doit-il en être ainsi avec les personnes de son entourage et, a fortiori, entre D.ieu et les enfants d’Israël. On peut le comprendre, en particulier, d’après ce que dit notre Torah, Torah de vie, de la divine Providence, qui porte sur le moindre détail de l’existence. Or, Sa Providence, Sa bénédiction, le bien qu’Il envoie ne font qu’un, puisque tous ces éléments prennent leur source dans Son Unité véritable.
On comprend ce qui découle d’une telle constatation, pour l’action comme pour le sentiment, pour la conception de la vie. Chacun, chacune se trouve dans un monde, constitué de créatures appartenant à toutes les catégories, des humains, des animaux, des végétaux, des minéraux sur lesquels on exerce une influence et dont on reçoit également l’influence, comme c’est le cas pour tout ce qui se trouve dans le monde, même s’il est clair que ces influences ne sont nullement comparables. Il en résulte que tous possèdent effectivement un contenu, au moins de manière potentielle, qu’il dépend donc de chacun de le mettre à profit. Sur le principe, il en est ainsi pour chaque Juif, qui doit être l’associé de D.ieu dans la création, selon les termes qui viennent d’être définis.
Pour ce qui vous concerne personnellement, ma surprise est d’autant plus grande que la divine Providence vous a accordé le mérite d’agir dans le domaine de l’éducation des enfants d’Israël, des fils de D.ieu, des enfants juifs. Chaque action positive que vous accomplissez pour eux, chaque influence que vous exercez sur eux instaurent une proximité éternelle entre vous(4), un lien moral, saint, bon et utile, y compris ici-bas. En tous ces domaines, la distance n’introduit aucune rupture et il est même impossible qu’elle le fasse. C’est en ce sens que l’on peut parler d’éternité. En d’autres termes, pendant que vous vous trouvez dans votre chambre et que vous éprouvez un sentiment de solitude, l’un de vos élèves et de ceux qui reçoivent votre influence, révise sa leçon, d’après ce que vous lui avez enseigné ou bien récite une bénédiction telle que vous la lui avez apprise. Et, ceci insuffle la vitalité et la lumière à la relation qui vous lie. Il est inconcevable que votre âme divine n’en reçoive rien, car ceci émane de l’essence de vous-même. Or, la dimension profonde et essentielle de l’homme est bien son âme divine. En réalité, c’est même elle qui vivifie l’âme animale.
J’ai conscience que tous ne ressentent pas ce qui vient d’être dit, car nos yeux de chair ne le voient pas et la main ne peut le toucher, mais cela ne change rien à la réalité des faits. De ce fait, une réflexion sommaire doit suffire pour ouvrir l’intellect de l’homme et son âme animale, afin de l’influencer dans cette direction. En effet, un homme connaît des fluctuations et, en certaines périodes, il est donc nécessaire de l’encourager, de l’inviter à un ajout, de manière spécifique. En pareil cas, le meilleur moyen est de rencontrer l’un de vos élèves ou de ceux qui reçoivent votre influence, ou encore de parler d’eux et des cours que vous leur donnez avec quelqu’un. Dès lors, la voix met en éveil la ferveur et la parole permet une révélation accrue(5).
Il est courant et même naturel, chez les hommes, de réagir d’une manière que nos Sages décrivent(6) de la façon suivante : “ Il lui a demandé de lui restituer du blé et l’autre a reconnu lui devoir de l’orge ”. Je veux dire que l’on échange la raison véritable contre une autre. En l’occurrence, il semble que votre situation s’explique par le fait que vous n’êtes pas encore fiancée. Je vous charge donc, par la présente, de dire à chacun de vos frères, en mon nom, qu’il est très surprenant et même douloureux de constater qu’ils ne sont pas occupés de cela comme il l’aurait fallu. Car, la bénédiction de D.ieu se révèle en ce domaine de la manière qui est décrite par le verset : “ Et, l’Eternel ton D.ieu te bénira en tout ce que tu feras ”(7). Une telle action doit emprunter les voies de la nature et être adaptée, c’est bien évident. Puisse D.ieu faire que vous me donniez de bonnes nouvelles de tout ce qui vient d’être dit, au plus vite. Et, que D.ieu vous accorde le succès
Notes
(1) Cette lettre est adressée à une jeune fille. Voir le Likouteï Si’hot, tome 22, à la page 380 et tome 33, à la page 290.
(2) Dans le traité Bera’hot 28a.
(3) Voir, à ce sujet, la lettre n°6155.
(4) Voir le Tanya, au chapitre 25, à la page 32a.
(5) Selon le Chneï Lou’hot Ha Berit, à la page 82b et le Choul’han Arou’h de l’Admour Hazaken, partie Ora’h ‘Haïm, chapitre 61, au paragraphe 5.
(6) Dans le traité Baba Kama 35b.
(7) Il est donc nécessaire de “ faire ” pour révéler la bénédiction de D.ieu.