Par la grâce de D.ieu,
23 Chevat 5711,
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à vos lettres du 11 Tévet, du 17 Tévet, du 4 Chevat, du 15 Chevat, bien que je l’ai déjà fait partiellement. Je vous ai confirmé avoir reçu vos listes et la demande de bénédiction, que j’ai lues, en un moment propice, près du tombeau de mon beau-père, le Rabbi.
Je commencerai par le point essentiel, la santé physique. Le Rambam, dans ses lois des opinions, au début du chapitre 4, affirme qu’avoir un corps en bonne santé est un des éléments du service de D.ieu. Le Tour Choul’han Arou’h, Ora’h ‘Haïm, chapitre 571, paragraphe 2 dit : “ Un érudit de la Torah n’a pas le droit de jeûner, car il affaiblira ainsi son service de D.ieu ”. Les enseignants et ceux qui se consacrent aux besoins communautaires appartiennent également à cette catégorie.
Comme le rapporte le Hatamim, tome 7, page 28, le Maguid de Mézéritch dit : “ Un petit orifice dans le corps est un trou béant dans l’âme ”. Au troisième chapitre d’Igueret Hatechouva, l’Admour Hazaken indique que l’on peut se mortifier à cause de fautes que l’on a commises uniquement si l’on pense qu’il n’en découlera aucun mal pour sa propre personne.
En conséquence, il me semble que vous devriez améliorer votre condition physique, en mangeant, en buvant et en dormant, conformément à tout cela. Ainsi, s’il est nécessaire que vous preniez des gâteaux et, à fortiori, un thé au lait avant la prière et que vous vous soyez abstenu de le faire jusqu'à maintenant, vous changerez votre manière d’agir et, à l’avenir, vous n’adopterez plus un comportement rigoriste, concernant tout cela. Et D.ieu vous conférera la réussite, afin que vous transformiez le matériel en spirituel.
J’ai apprécié votre intention d’envoyer des élèves de la Yechiva dans la maison d’étude de votre ville pour y étudier la ‘Hassidout ou y répéter une partie d’un discours ‘hassidique. Il serait bon de faire en sorte que les présents puissent le comprendre et qu’ils soient même attirés, parce que l’on aura, au préalable, raconté une histoire, extraite d’une causerie ‘hassidique.
Ceux qui entendront tout cela en tireront un grand profit et ceux qui donneront ces explications recevront une grande récompense, ainsi qu’il est dit : “ L’Eternel illumine les yeux des uns et des autres ”(1). Mais, avant tout, ces élèves s’habitueront ainsi à enseigner la ‘Hassidout et à insuffler la crainte de D.ieu, en particulier à ceux qui, pour l’heure, ne sont pas encore des ‘Hassidim. En effet, leur rôle est bien d’être “ des bougies pour éclairer ”. Il est inutile d’en dire plus.
Vous me dites que vous avez voulu jeûner, à la suite d’un mauvais rêve. A mon sens, il est bon que vous ne l’ayez pas fait, car vous devez réserver votre force pour la Torah. Vous consulterez ce que dit le Toureï Zahav, dont les propos sont cités dans les responsa du Tséma’h Tsédek, porte des additifs, fin du chapitre 2.
Vous dites qu’il est important d’étudier un traité du Talmud, de manière superficielle, ce qui permet d’acquérir des connaissances supplémentaires. Si j’en avais le pouvoir, j’aurais instauré, pour la même raison une étude superficielle de la ‘Hassidout, bien qu’en la matière, une étude profonde soit beaucoup plus appropriée, par exemple celle de la Paracha ‘hassidique(2).
Pour ce qui est de votre état de santé, je suis convaincu que, si vous vous en tenez à ce qui a été dit au début de cette lettre, celui-ci s’améliorera sans cesse et vous donnerez de bonnes nouvelles, au plus vite.
En attendant votre lettre m’annonçant de bonnes nouvelles dans tous ces domaines, en particulier pour votre santé et en saluant toute votre communauté,
Mena’hem Schneerson,
Notes
(1) Ceux qui enseignent et ceux qui reçoivent leur enseignement.
(2) Le Torah Or et le Likouteï Torah, de l’Admour Hazaken.