Par la grâce de D.ieu,
7 Adar 5726,
Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu votre lettre(1), dans laquelle vous me parlez également de votre état de santé et de son amélioration. Puisse D.ieu vous accorder une complète guérison et que celle-ci soit proche. Ceci vaut également pour votre tristesse, de laquelle vous me faites part. En effet, un Juif en bonne santé est nécessairement joyeux. Bien plus, nous sommes dans le mois d’Adar et, depuis son Roch ‘Hodech, l’Injonction nous est édictée de multiplier la joie(2). Or, il est clair que Celui Qui donne la Torah, quand Il y énonce une directive, accorde, au préalable, les moyens de la mettre en pratique. Il permet également de prendre conscience que celle-ci a un fondement très solide. A n’en pas douter, il n’y a pas lieu d’en dire plus à une personne comme vous.
Vous faites également allusion a des moyens positifs et à un objectif positif. Comme vous le savez(3), ce qui est le contraire de positif, ou même purement et simplement interdit ne peut en aucune façon être accompli dans le but d’en faire une Mitsva. Selon les termes de nos Sages(4), cela s’appelle “ une Mitsva résultant d’une transgression ” et ils emploient, à ce propos des mots très durs. Il est, en outre, une autre notion que l’on confond souvent avec la précédente. Il s’agit de l’utilisation de ces moyens, auxquels on n’aurait pas eu recours pour sa propre personne, alors que, quand il s’agit d’influencer son prochain, de lui apporter ce qui est bon pour lui, la Torah et les Mitsvot, on oublie son propre bien.
Ainsi, un élève de Yechiva pourrait utiliser le temps du Chabbat, pendant lequel il n’est pas astreint au programme d’étude de cette institution, pour une étude personnelle, portant sur la partie révélée de Torah ou bien sur la ‘Hassidout. Il lui sera possible de s’y consacrer tranquillement, chez lui, à la maison ou bien dans une synagogue. Or, au lieu de cela, celui-ci se rend dans un endroit lointain, dans lequel il n’est pas question de plaisir du Chabbat, ni même parfois de son repos. Il consacre donc cette journée à influencer un Juif qui n’a pas même connaissance du Chabbat, souvent même pas du Judaïsme. Il lui faudra donc lui enseigner l’alphabet du Chabbat ou encore l’alphabet des valeurs juives, tout ce que ce jeune homme a acquis et reçu directement, chez lui, comme une évidence, d’une certaine manière sans effort. Ainsi, il sera prêt à offrir son plaisir moral du Chabbat afin de préserver un autre Juif de commettre une interdiction qui serait sanctionnée par la lapidation, ce qu’à D.ieu ne plaise ou encore pour lui enseigner la Torah, par exemple.
La Guemara tranche, à ce propos, dans le traité Baba Metsya 85a, non seulement qu’une telle activité est plus importante que l’étude à la Yechiva, ici même, mais aussi que l’étude dans la Yechiva céleste. Avec ma bénédiction pour une bonne santé, un bon moral et la joie, de même que pour un Pourim joyeux,
Notes
(1) Voir le Likouteï Si’hot, tome 33, à la page 291 et tome 36, à la page 257.
(2) Selon le traité Taanit 29a, cité dans la Hala’ha par le Maguen Avraham, Ora’h ‘Haïm, à la fin du chapitre 686.
(3) Le Rabbi souligne le mot : “savez”.
(4) Dans le traité Bera’hot 47b.