Par la grâce de D.ieu,
11 Nissan 5726,
centième anniversaire de la
Hilloula du Tséma’h Tsédek,
Brooklyn, New York,
Aux fils et filles d’Israël, partout où ils se trouvent,
que D.ieu leur accorde longue vie,
Je vous salue et vous bénis,
La fête de Pessa’h(1) porte le nom du sacrifice de Pessa’h(2), qui prépara, provoqua(3) et exprima donc le contenu de cet événement essentiel et de portée générale dans l’existence d’un Juif, la sortie d’Egypte(2) et le temps de notre liberté(2), le départ final(4) de ce pays(2) et l’obtention de notre(2) liberté. Aussi, la Torah décrit-elle précisément, jusque dans le moindre détail, comment le sacrifice de Pessa’h était préparé, offert et consommé. Je m’arrêterai ici sur l’un de ces détails et sur les enseignements qu’il délivre.
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Le sacrifice de Pessa’h est un agneau, qui constituait l’idolâtrie de l’Egypte(5). Or, les enfants d’Israël devaient en faire un “ Pessa’h pour D.ieu(6) ”(2), le sacrifier, puis le griller dans le feu, “ sa tête, ses pattes et ses entrailles(7) ensemble(8) ”(2). Ainsi, la totalité de l’idolâtrie, depuis sa tête jusqu’à ses entrailles les plus inférieures et ses pattes, y compris ce qui n’est qu’un moyen de la maintenir et de la “ nourrir ”, de la tête aux pattes, doit disparaître. Car, le “ Pessa’h de D.ieu ” inclut “ sa tête, ses pattes et ses entrailles ensemble ”. C’est tout cela qui est grillé dans le même feu(9).
Le rejet de l’idolâtrie doit être intégral(2), en tous(2) les détails(10). Même si l’on ne sert pas la tête de cette idole, ne tenant aucun compte de sa compréhension et de ses connaissances, mais que l’on se prosterne devant ses pattes, car l’Egypte(2) affirme(11) elle-même tout dominer et tout régir, on est perdu et l’on se soumet effectivement aux moyens dont se servent les idoles. Il en est de même également pour l’homme, à titre personnel. Une forme d’idolâtrie est liée à sa tête. Elle consiste à faire de celle-ci et de son intellect limité la plus haute autorité, en dernière instance. Il est aussi une idolâtrie constituée d’éléments plus inférieurs, jusqu’aux pattes, correspondant à l’envie de dominer et de maîtriser son entourage. On peut aussi se prosterner et diviniser ses “ entrailles ”, sa nourriture et les moyens de sa subsistance. On ne connaîtra alors aucune limite, pour les satisfaire.
C’est donc à propos de tout cela qu’est énoncée une règle générale : une part insignifiante(12) de l’idole est équivalente à l’ensemble de celle-ci. Or, ce qui fut vrai quand on quitta l’Egypte et ses abominations reste valable aussi pour notre liberté(2) et ce qui nous permet de l’atteindre, en devenant(13) : “ Mon serviteur ”(2), celui de D.ieu, en prenant la décision, pleine d’abnégation, d’être un Juif. En la matière, il n’est pas de mesure, pas de distinction(14). On ne se sacrifie pas plus pour les pieds et moins pour la tête(15) et ce qui la concerne, car on estime indispensable la perception intellectuelle. Quand s’agit-il réellement d’un “ Pessa’h pour D.ieu ”, avec “ sa tête, ses pattes et ses entrailles ” ? Lorsque tout cela est introduit dans un même feu, le feu qui brûle le plus profondément(16).
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En ces jours de préparation à Pessa’h, le 13 Nissan, sera célébré cette année le centenaire(17) du décès Hilloula du Tséma’h Tsédek. Un exemple de perfection(2) dans l’accomplissement qui vient d’être décrit, en le feu de l’abnégation qui brûle un Juif avec “ sa tête, ses pattes et ses entrailles ”, chaque jour(2), tout au long de l’année, peut précisément être trouvé en le Tséma’h Tsédek. Celui-ci réunissait en lui les plus hautes qualités de Juste, d’érudit, de philosophe, de Kabbaliste, de Décisionnaire et de chef d’Israël. Son érudition s’étendait à tous les domaines de la Torah, de sa partie révélée et de son enseignement caché, de son sens simple, de son sens allusif, de son sens analytique et de son sens ésotérique. De même, son comportement, public et privé, s’étendait aussi à tous les domaines, matériels et spirituels, les plus importants pour le peuple d’Israël comme les plus “ humbles ”, ne concernant qu’un seul individu. Il répandit l’activité agricole parmi les Juifs et il obtint des autorités les moyens nécessaires pour cela(18), il consentit des prêts à ces Juifs(19). En outre, il renforça et il développa l’éducation de la Torah(20) pour toute la communauté juive de Russie. Mais, il se soucia également de trouver en enseignant pour un seul Juif.
Le Tséma’h Tsédek accomplit tout cela avec le feu de l’abnégation, par toutes les forces de son esprit et par tous ses moyens, pour l’ensemble de la communauté comme pour chaque individu. Certes, qui peut se comparer(21) au Tséma’h Tsédek ? Néanmoins, un Juste véritable, un chef d’Israël, a la capacité d’éclairer et de conférer ses forces(22) à chacun de ceux qui suivent sa voie, au même titre que le soleil se reflète(23) et illumine une petite goutte d’eau, dès lors que celle-ci est pure, claire et tournée vers le soleil.
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Puisse D.ieu faire que la motivation des jours de Pessa’h, selon l’exemple de celui dont nous célébrons la Hilloula, inspire chacun et chacune dans l’esprit de la sortie d’Egypte(24) et du temps de notre liberté, afin que nous soyons libérés de tous les obstacles et de toutes les difficultés, internes et externes, que nous servions D.ieu en étant réellement libres.
De la sorte, nous hâterons la délivrance véritable et complète par notre juste Machia’h et l’accomplissement de la promesse(25) : “ Nous mangerons là-bas des sacrifices de ‘Haguiga et de Pessa’h ”. Avec ma bénédiction pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse,
Mena’hem Schneerson,
Notes
(1) Cette lettre est imprimée en avant-propos du Séfer Ha Toledot Tséma’h Tsédek, paru pendant l’hiver 5726, à l’occasion de ce centième anniversaire. Elle figure également dans la Haggadah de Pessa’h, avec un recueil de commentaires, de coutumes et d’explications, édition de 5751, tome 2, à la page 610.
(2) Le Rabbi souligne les mots : “sacrifice de Pessa’h”, “sortie d’Egypte”, “temps de notre liberté”, “ce pays”, “notre”, “Pessa’h pour D.ieu”, “sa tête, ses pattes et ses entrailles ensemble”, “intégral”, “tout”, “l’Egypte”, “notre liberté”, “Mon serviteur”, “perfection” et “chaque jour”.
(3) Le Rabbi note, en bas de page : “Voir, notamment, le Me’hilta sur le verset Bo 12, 6, cité par le commentaire de Rachi, à cette référence et sur le verset 12, 27”.
(4) Le Rabbi note, en bas de page : “Selon les termes du versets Bo 11, 1 : ‘Il vous renverra complètement’. On verra aussi le traité Bera’hot 9b, qui mentionne le verset (Chemot 3, 22) : ‘Vous ruinerez l’Egypte’. Ainsi, à trois reprises, il fut interdit aux enfants d’Israël de retourner en Egypte, comme l’indiquent le Me’hilta sur le verset Bechala’h 14, 13 et le Séfer Ha Mitsvot du Rambam, à l’Interdiction n°46. On verra aussi le Chaar Ha Mitsvot, du Ari Zal, à la fin de la Parchat Reéh”.
(5) Le Rabbi note, en bas de page : “ Selon le Midrash Chemot Rabba, chapitre 16, au paragraphe 3, le Zohar, tome 3, à la page 251a, qui précise : ‘le mouton est la plus prégnante des idolâtries’ ”.
(6) Selon le verset Bo 12, 11.
(7) Le Rabbi note, en bas de page : “Selon le traité Pessa’him 74a. Voir les Tossafot, à cette référence et le Rambam, lois du sacrifice de Pessa’h, chapitre 10, au paragraphe 11”.
(8) Bo 12, 9.
(9) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le Zohar, tome 3, à la page 251a, qui dit : ‘On le condamne ensuite au feu, ainsi qu’il est dit (Ekev 7, 25) : leurs idoles, vous les brûlerez par le feu’ ”.
(10) Le Rabbi note, en bas de page : “ On consultera le traité Avoda Zara 41a, qui dit : ‘la main et le pied’, de même que le commentaire de la Michna du Rambam, à cette référence, qui précise : ‘Il en est de même pour chaque membre’ ”.
(11) Voir le Me’hilta sur le verset Bechala’h 14, 5 et le Zohar, tome 2, à la page 6a.
(12) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le traité Avoda Zara 41a et le Yerouchalmi, dans le même traité (chapitre 5, au paragraphe 12), qui cite le verset (Reéh 13, 18) : ‘rien ne s’attachera à ta main’ ”. Le Rabbi souligne ici le mot : “rien”.
(13) Le Rabbi note, en bas de page : “ On consultera le Midrash Chemot Rabba, chapitre 3, au paragraphe 5, à propos du verset (Chemot 3, 12) : ‘lorsque tu feras sortir…’, qui précise : ‘par quel mérite ? pour que vous Le serviez’ ”.
(14) Le Rabbi note, en bas de page : “ Et, l’on rappellera, à ce propos, le principe de la conversion, qui commença en Egypte. A celui qui la souhaite, on fait connaître, dans un premier temps, quelques Préceptes légers et quelques autres, graves, selon les termes du traité Yebamot 46a et 47a ”.
(15) Le Rabbi note, en bas de page : “On verra, à ce propos, le discours ‘hassidique intitulé : ‘Je dors’, dans le Séfer Ha Maamarim 5709, à partir de la page 119”.
(16) Le Rabbi note, en bas de page : “Conformément à l’Injonction (Bo 12, 9) : ‘Ne le mangez pas bouilli’”.
(17) Le Rabbi note, en bas de page : “Voir le Torat ‘Haïm, de l’Admour Haémtsahi, dans le discours ‘hassidique intitulé : ‘et, la vie de Sarah fut de cent ans’ (au début de la Parchat ‘Hayé Sarah), de même que dans les Biyoureï Ha Zohar, à cette référence et le Or Ha Torah, du Tséma’h Tsédek, dans le discours introduit par le même verset”.
(18) Voir la longue explication, à ce sujet, du fascicule intitulé : “Le Tséma’h Tsédek et le mouvement de la Haskala”.
(19) Voir, à ce propos, la lettre n°9092.
(20) Voir, à ce propos, la lettre n°9071.
(21) Le Rabbi note, en bas de page : “Voir le Tanya, au début du chapitre 42 et au début du chapitre 44”.
(22) Le Rabbi note, en bas de page : “Voir Iguéret Ha Kodech, au chapitre 27 et son commentaire”.
(23) Le Rabbi note, en bas de page : “Voir la lettre de mon beau-père, le Rabbi (dans ses Iguerot Kodech, tome 4, lettre n°990 et) à la fin du fascicule du 2 Nissan 5698, dans le Séfer Ha Maamarim Kountrassim, à la page 404, citant une causerie de son père, le Rabbi Rachab, dans laquelle il mentionne le traité Sanhédrin 39a, qui dit : ‘le soleil se pose sur tous’”.
(24) Le Rabbi note, en bas de page : “On verra le discours ‘hassidique intitulé : ‘Je suis l’Eternel ton D.ieu Qui t’ai fait sortir’, dans le Séfer Ha Maamarim du Rabbi Maharach, Pessa’h 5626”, à la page 59 de l’édition de 5749.
(25) Le Rabbi note, en bas de page : “Dans la bénédiction pour la délivrance, selon la Michna du traité Pessa’him 116b et le texte de la Haggadah”.