Lettre n° 9200

Par la grâce de D.ieu,


1er jour de Roch ‘Hodech Elloul 5726,
Brooklyn,


Je vous salue et vous bénis,


Je fais réponse à votre lettre du 26 Mena’hem Av, dans laquelle vous abordez la question du logement à Kfar ‘Habad et des difficultés que cela soulève(1). Il serait bon que vous vous adressiez encore une fois au comité de Kfar ‘Habad. Bien entendu, vous pouvez préciser que vous le faites sur mon conseil. Que D.ieu vous aide à vous installer de la manière qui convient, à la fois spirituellement et matériellement. Chez les Juifs, en effet, ces deux dimensions sont liées, comme on peut le constater quand on y réfléchit. Il est sûrement inutile de préciser cette idée.


Vous en déduirez ma position quant à la seconde partie de votre lettre. Vous me parlez des projets de votre fils, pour ses études, à l’avenir. Il faut donc s’assurer que l’on considère bien la situation de la façon suivante. D.ieu vous a conduit, avec votre famille, en accomplissant pour vous les plus grands miracles. Il vous a sauvé de ce pays(2), non seulement physiquement, mais aussi pour tout ce qui concerne le Judaïsme. Ce miracle s’est produit, de manière concrète et vous êtes monté en Erets Israël, en Terre Sainte. Dès lors, comment vouloir consacrer la meilleure partie de la vie, les jeunes années, à des activités que l’on aurait pu réaliser également dans ce pays(2), peut-être même y recevoir une meilleure formation qu’ailleurs ? Comment faire tout cela plutôt que d’exprimer sa gratitude à D.ieu de la manière qui convient(3), c’est-à-dire en renforçant l’accomplissement de Sa Volonté, comme le montre la Torah, en particulier dans le Choul’han Arou’h, en recherchant ce qui n’était pas possible dans ce pays(2), en le faisant avec joie et enthousiasme ?


Quand il a fallu risquer sa vie, on a fait tout ce qui était en son pouvoir et l’on n’a tenu aucun compte de cette situation pourvu que l’on reste fidèle à la Volonté de D.ieu. Désormais, on est libre, on peut se comporter comme on le veut et comme il le faut(3). Or, quelqu’un vient et objecte que, certes, “ D.ieu(3) nourrit et sustente chacun dans Sa bonté, avec grâce, bienfait et miséricorde ”(4). Néanmoins, Il ne pourra pas le faire pour telle personne, ce qu’à D.ieu ne plaise, si celle-ci ne possède pas un diplôme attestant qu’elle a fait des études en tel endroit. Et, pour l’obtenir, il est donc justifié de consacrer de nombreuses heures, des jours, des semaines, des mois, des années à des matières en lesquelles se distingue précisément ce(3) pays(2).


Je ne souhaite pas en dire plus, tant cela est douloureux, d’autant que, j’en ai la conviction, ce qui vient d’être dit sera suffisant pour que vous observiez la situation telle qu’elle est réellement. Bien plus, nous sommes dans le mois d’Elloul et chaque Juif dit alors, deux fois par jour(5) : “ D.ieu est ma Lumière et mon Salut ”, car seul(3) D.ieu peut éclairer votre vie et vous venir en aide. Conformément à votre demande, la présente vous est adressée par avion et en express. Avec ma bénédiction,


Pour le Rabbi Chlita,
le secrétaire,


Notes


(1) Pour y trouver un logement.
(2) La Russie soviétique.
(3) Le Rabbi souligne les mots : “ qui convient ”, “ il faut ”, “ D.ieu ”, “ ce ” et “ seul ”.
(4) Selon le début de la bénédiction suivant le repas.
(5) Dans le Psaume 27, intercalé dans les prières de Cha’harit et Min’ha. Voir, à ce sujet, le Likouteï Si’hot, tome 9, à la page 170.