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Question :
Il y a, dans le Séfer Ha Maamarim du Rabbi Maharach, Torat Chmouel 5628, un discours ‘hassidique intitulé : “ Afin de comprendre ce que disent nos Sages à propos d’Adam, le premier homme ”[A]. Son second chapitre, à la page 66, explique(1) :
“ Il est dit(2), à propos de Moché : ‘Tu placeras de ta splendeur sur eux’. Il y eut là un véritable don, de sorte que la lumière qui fut donnée à Yochoua et aux anciens fut ôtée à Moché, ainsi qu’il est dit(3) : ‘Je susciterai l’esprit qui est sur toi’ ”.
Or, commentant le verset Beaalote’ha 11, 17, Rachi explique : “ A quoi ressemblait Moché à ce moment ? A une bougie posée sur un candélabre, à laquelle toutes les autres sont allumées, sans qu’il ne manque rien à sa lumière ”[B]. Cette question a été posée à un Rav, qui n’a pas su lui apporter une réponse[C].
Réponse :
[A] Ce discours est basé sur le Dére’h Mitsvoté’ha, à la Mitsva de nommer un roi(4).
[B] Voir le Sifri, à cette référence(5).
[C] Combien de secondes(6) avez-vous consacré, tous ensemble(6), à réfléchir pour trouver une réponse à cette question ? Et, en plus de tout ce que vous exposez, cette constatation soulève, en outre, une autre interrogation. Pourquoi Rachi et le Sifri ne donnent-ils pas la même interprétation du verset : “ Et, tu donneras ” que celle qui est dite à propos de Yochoua, d’autant que ce verset semble présenter un aspect plus nouveau ?
Il faut en conclure que ce verset : “ Et, tu donneras ” reçoit ici une signification différente. Cette conclusion renforce(6) la question qui est, de toute façon, posée par ce discours ‘hassidique, puisqu’il cite aussi les anciens. Or, à leur propos, il n’est pas question de “ donner ”. Dès lors, pourquoi dire que ce qui fut transmis aux anciens manqua à Moché ? On peut donc proposer l’explication suivante. Les deux avis énoncés à propos des anciens figurent dans le Midrash Bamidbar Rabba, au chapitre 15 :
A) Moché était, par rapport aux anciens, comme celui qui allume une bougie, selon le paragraphe 19.
B) Les anciens reçurent la récompense qui avait été accordée à Moché, selon le paragraphe 25.
La différence entre les deux avis est donc bien claire. Puis, il est souligné ensuite que rien ne manquait à Moché et l’on peut le comprendre simplement, car c’est D.ieu Qui combla le manque. Il en résulte que :
1) le paragraphe 25 n’est pas rédigé comme le paragraphe 19 et il dit : “ A Moché lui-même, il ne manquait rien ”, car selon cet avis, le manque fut uniquement au moment de la transmission(7),
2) il est ajouté ici que ceci se passa : “ à la fin des quarante ans ”(6), ce qui n’est pas dit au préalable, bien que le verset cité concerne aussi la fin des quarante ans(8),
3) on peut aussi comprendre que les preuves citées par les deux paragraphes ne soient pas les mêmes. Tout cela est bien évident.
Il n’est, en revanche, qu’un seul avis à propos de Yochoua, se rapportant au verset : “ Et, tu donneras ”(6), comme on l’a dit. Et, l’on ne peut pas penser, y compris au prix d’une difficulté, qu’il y a là un sens figuré, ce qui voudrait dire(6) qu’il doit y avoir deux actions, “ et, tu imposeras les mains ”, “ et, tu donneras ”. Ceci permet de comprendre l’interprétation du Midrash Rabba, chapitre 21, au paragraphe 15 : “ Et, tu imposeras les mains : comme celui qui allume une bougie à partir d’une autre. Et, tu donneras : comme celui qui déverse un récipient dans un autre ”.
Cette interprétation du discours ‘hassidique soulève la question suivante. Ce qui fut donné à Yochoua créa le manque chez Moché, du fait de la distance qui séparait l’un et l’autre. A fortiori était-ce le cas pour les anciens. C’est donc pour cette raison que ceux-ci sont également mentionnés dans ce discours. Ainsi, il est précisé que ce fut effectivement le cas pour eux également, ce qui permet de ne pas écarter totalement l’autre avis énoncé, à leur propos, dans le développement de ce discours. Il faut admettre que, selon cette interprétation, Moché perdit effectivement son niveau, lorsque ce fut le cas pour les enfants d’Israël, car il est dit(9) : “ Pourquoi t’ai-Je donné la grandeur, si ce n’est pour eux ? ”. Rachi, dans son commentaire de la Torah, recherche, avant tout, le sens simple du verset. De ce fait, il cite l’image de celui qui allume une bougie avec une autre à la suite(6) de son commentaire :
1) auparavant, au verset 11, 16, il constatait que la force de Moché était affaiblie comme celle d’une femme, ce qui fait allusion à Mal’hout, l’Attribut de Royauté divine à l’origine des mondes de Brya, Yetsira et Assya,
2) par la suite, au verset 11, 22, on comprend(6) que Moché prononça des paroles dures. Mais, le Rach considère que, même à ce moment, on pouvait encore dire de Moché : “ En toute ta maison, il est fidèle ”, selon l’avis qui est cité par ce discours ‘hassidique,
3) et l’on comprend le verset Chemot 32, 7. On consultera également le Torah Or, à la page 3a.
Notes
(1) Voir le Hé’hal Mena’hem, tome 2, à la page 82. Ceci est une réponse au Rav ‘Haïm Yehouda Rabinovitch, qui était alors élève de la Yechiva du Rabbi, au 770 Eastern Parkway. Par la suite, cette réponse du Rabbi fut développée par lui et présentée, sous une forme plus élaborée, dans le Likouteï Si’hot, tome 8, à la page 75.
(2) Pin’has 27, 20.
(3) Beaalote’ha 11, 17.
(4) Au chapitre 2, à partir de la page 108b.
(5) Les paragraphes [A] et [B] sont des références relatives à la question posée, alors que le paragraphe [C] est la réponse proprement dite.
(6) Le Rabbi souligne les mots : “secondes”, “tous ensemble”, “renforce”, “à la fin des quarante ans”, “et, tu donneras”, “veut dire”, “à la suite” et “comprend”.
(7) Puisque, par la suite, D.ieu combla le manque.
(8) Passés dans le désert.
(9) Dans le traité Bera’hot 32a. Voir le commentaire de Rachi sur le verset Tissa 32, 7.