Par la grâce de D.ieu,
16 Mar’hechvan 5727,
Brooklyn, New York,
A l’attention du distingué et agréable ‘Hassid qui craint
D.ieu, élu du peuple, le surpassant, recherchant le bien
de son peuple, ayant des comportements généreux, issu
d’une illustre famille, le Rav Chnéor Zalman(1) Chlita,
Je vous salue et vous bénis,
J’espère qu’à réception de la présente vous aurez déjà reçu mes salutations transmises d’ici, par l’intermédiaire des invités de Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie, qui étaient en visite ici(2). Eux-mêmes m’ont transmis vos salutations et je vous en remercie encore une fois. Un émissaire est présumé s’acquitter de la mission qui lui est confiée(3). Il vous transmettront donc non seulement mes salutations, mais aussi quelques points de ce qui a été commenté ici pendant ce septième mois(4) qui est, selon l’explication de nos Sages(5), “ rassasié(6) dans tous les domaines ”.
Voici ce qui fait l’objet de la présente. Je viens d’obtenir quelques informations sur un homme qui contribue largement à la Tsédaka, en général, à celle qui est liée à la diffusion de la Torah et de ses Mitsvot, en particulier. Il possède de grandes qualités et il cumule les accomplissements positifs. Il s’appelle Its’hak Polak et il habite 22 rue Spinoza, à Tel Aviv. Il n’y a sûrement pas lieu d’expliquer l’importance de ce qui est ainsi accompli, car, d’après les photocopies qui me sont parvenues, nombre de nos frères, les enfants d’Israël se sont déjà adressés à lui, aussi bien des hommes se consacrant à l’étude de la Torah que ceux qui se caractérisent par leurs bonnes actions. Ils ont tous formulé la requête fervente et passionnée de pouvoir s’acquitter de leur dette, au plus vite et pour la plus large part. Non seulement a-t-il agi ainsi dans le passé, mais en outre, je veux l’espérer très fortement, il en fera de même, à l’avenir. Je veux dire que non seulement il poursuivra ses bonnes actions, mais qu’en outre, il maintiendra sa Tsédaka et son attitude positive dans ses relations avec les hommes, comme il le fait, par ailleurs, dans sa relation avec D.ieu.
Or, son état de santé n’est pas bon non plus(7) et il a donc besoin de bonté et de miséricorde, d’une grande et immense miséricorde. Bien entendu, je n’interviens ni dans le jugement auquel il est soumis, ni dans la manière de le conduire, d’autant que beaucoup d’autres vous ont d’ores et déjà écrit, à ce sujet et ils vous ont communiqué tous les détails, le concernant. D’une manière concrète, pour ce que la ‘Hassidout appelle la “ synthèse finale ”(8), il est donc nécessaire de le faire libérer de prison. Il doit rentrer chez lui, retrouver sa famille au plus vite, en un moment bon et fructueux. Certes, ce qui vient d’être dit n’est peut-être pas très protocolaire. Néanmoins, vous vous rappelez sûrement de ma conception selon laquelle les éléments extérieurs au protocole sont, bien souvent, plus efficients que ceux qui en sont partie intégrante. C’est le cas, en particulier, pour vous-même et pour tout ce qui vous concerne.
J’ai été peiné d’apprendre, il y a quelques temps, que vous aviez été hospitalisé. Vous savez, néanmoins, que je n’emploie pas le mot “ hôpital ”(9), qui va à l’encontre de son objectif et de sa raison d’être, puisqu’il décrit la situation de l’homme avant(10) d’y être admis et d’y subir un traitement. Il m’a été précisé que vous vous y êtes rendu pour des examens. Néanmoins, cette démarche doit être superflue, car un homme est présumé en bonne santé. Il doit être en mesure de dire que tout va bien. J’ai appris, toutefois, que vous êtes déjà rentré chez vous et que vous avez repris votre travail, depuis quelques jours. J’ai donc bon espoir que vous avez pleinement recouvré la santé.
Tout comme on s’acquitte de toute la Tsédaka que l’on devrait recevoir pendant l’année en demandant et en recevant un gâteau au miel, à la veille de Yom Kippour(11), D.ieu fasse que cette aide que vous ont apportée les médecins, au moyen de cette entrée et de cette sortie, soit suffisante pour l’année qui arrive, pour nous, pour le bien. Avec ma considération, mes respects et ma bénédiction,
M. Schneerson,
N. B. : Pour conserver mon attitude extra protocolaire, à laquelle je faisais allusion plus haut, je vous rapporterai les faits suivants. J’ai appris avec plaisir, ces jours-ci, par un touriste juif américain qui a passé le Chabbat Na’hamou et le Chabbat suivant à Moscou et qui a prié, là-bas, à la synagogue, de quelle manière il a relaté à ses connaissances, sans(12) arrière-pensée(10), après avoir constaté qu’il n’y avait pas lieu de se méfier(13), que j’ai parlé avec vous, lors de votre visite(14) à New York, avec amitié et chaleur. Le Chabbat suivant, ces Juifs ont poursuivi cette conversation avec lui, sur votre visite ici, ou, pour reprendre leur expression, “ à Loubavitch ”(15), à l’issue du saint Chabbat Na’hamou. Ils en étaient particulièrement satisfaits. Je précise que plusieurs personnes fréquentant cette synagogue ont fait sa connaissance, comme le veut l’usage là-bas, en passant rapidement devant lui et en lui jetant quelques mots :
“ D’où venez-vous ? ”
“ De New York ”
“ Etes-vous Loubavitch ? ”
“ Non ”. Effectivement, je ne le connais pas.
“ Mais, vous en avez entendu parler ? ”.
Jusqu’à ce jour, ce touriste est encore émerveillé par la joie éprouvée par ces hommes, quand ils ont appris votre visite à une célébration Loubavitch.
Notes
(1) C. Z. Chazar, président d’Erets Israël. Voir, à son sujet, la lettre n°9051.
(2) Pour passer les fêtes de Tichri 5727 auprès du Rabbi.
(3) Selon le traité Erouvin 31b. Il est donc certain que ces invités, de retour en Terre Sainte, s’acquitteront effectivement de la mission qui leur a été confiée.
(4) Celui de Tichri, au cours des réunions ‘hassidiques auxquelles ces invités ont assisté.
(5) Dans le Midrash Vaykra Rabba, chapitre 29, au paragraphe 8. Voir le début du Séfer Ha Maamarim 5710.
(6) De forces spirituelles pour tout le reste de l’année.
(7) Vraisemblablement du fait de son incarcération, pour laquelle le Rabbi intervient ici.
(8) Ce qui résulte concrètement des faits qui viennent d’être exposés. Voir, sur cette expression, le Séfer Ha Maamarim 5700, à la page 11.
(9) En Hébreu, Beth Ha ‘Holim, textuellement, “la maison des malades”. Le Rabbi lui préfère l’expression Beth Ha Rofeim, “la maison des médecins”. On verra, à ce sujet, la lettre n°8213.
(10) Le Rabbi souligne les mots : “avant” et “sans arrière-pensée”.
(11) Voir le Torat Mena’hem, Itvaadouyot, tome 2, à la page 9.
(12) Uniquement dans le but de relater les faits, sans attendre une quelconque réaction de la part de ceux qui l’écoutaient.
(13) Que le KGB ne surveillait pas cet échange entre un touriste américain et des Juifs russes.
(14) Rendue par C. Z. Chazar au Rabbi, à l’issue du Chabbat Na’hamou, 13 Mena’hem Av, comme le rapportait la lettre n°9190.
(15) C’est ainsi que ces Juifs de Russie désignaient la maison d’étude du Rabbi, le 770 Eastern Parkway.