Lettre n° 9235

[16 Mar’hechvan 5727]


Je fais réponse(1) au contenu(2) :


A) Tout d’abord, pour ce qui vous concerne personnellement, vous envisagez de quitter le rabbinat(3). Que D.ieu vous garde d’y penser, car nous déplorons les premiers qui nous ont quittés(4), à notre époque et je me permets de vous inclure parmi ceux qui le déplorent(5). Si vous pensez assumer l’un et l’autre(6), vous devez tenir compte, d’emblée, du fait que l’activité commerciale que vous décrivez n’a pas de fin, dans le temps comme dans l’assujettissement de la pensée, qu’elle exerce une attirance particulière, car un homme apprécie ce qui est nouveau. Il faut donc vous demander si vous serez en mesure de vous restreindre, dans toute la mesure de ce qui est nécessaire. De même, il faut vous interroger sur l’effet, et sur son intensité, que cela aura sur les membres de la communauté, lorsque cela se saura, car il ne saurait en être autrement(7). C’est uniquement une question de temps et le délai sera relativement court(8).


B) Pour des raisons évidentes, les hommes de ‘Habad se sont consacrés à l’école pour la Torah et la formation professionnelle(9) uniquement d’une façon accessoire, secondaire à la Yechiva ‘Habad, ce qui veut dire que, lorsqu’une Yechiva existe, dans un certain endroit et qu’au bout d’un certain temps, on s’aperçoit, même avec un œil critique, que tel élève ne peut plus y rester, la direction de l’institution qu’il fréquente a alors le devoir de le sauver de l’extérieur, par exemple en lui proposant une école qui consacre une partie de sa journée à l’étude d’un métier(10).


C) A propos de la création d’une Yechiva(11), nos Sages disent : “ On grandira la Torah et on la parera ”(12). En l’occurrence, toutefois, il en résultera des disputes(13). Cela n’est donc pas justifié et ne présente pas d’intérêt, comme vous l’écrivez vous-même.


Notes


(1) Cette lettre est adressée au Rav Hillel Medalyé et elle fut rédigée à même son courrier du dimanche de la Parchat ‘Hayé Sarah 5727. On verra, à son sujet, les lettres n°8895, 9255 et 9349. On consultera, en outre, le Tsaddik La Méle’h, tome 7, à la page 352.
(2) Des deux lettres ayant été écrites au Rabbi par le Rav Medalyé.
(3) Jusqu’en 5726, le Rav Medalyé était le rabbin de Leeds, en Angleterre. Puis, cette même année, il devint le rabbin d’Anvers en Belgique.
(4) Cette expression est une paraphrase du Me’hilta et du commentaire de Rachi sur le verset Yethro 18, 2.
(5) Un homme ne peut donc pas adopter lui-même un comportement qu’il déplore, quand il l’observe chez les autres.
(6) Cumuler des fonctions rabbiniques et une activité commerciale.
(7) Il ne sera pas possible de cacher cette activité commerciale, de l’assumer sans que personne n’en ait connaissance, au sein de la communauté.
(8) Jusqu’à ce que tous en aient connaissance.
(9) Le Rav Medalyé voulait fonder, à Anvers, une Yechiva au sein de laquelle on aurait appris également à tailler les pierres précieuses, conformément à l’activité professionnelle dominante de cette ville. Le Rabbi lui répond donc que la création de l’école professionnelle de Kfar ‘Habad n’était pas un objectif prioritaire de ‘Habad.
(10) Il s’agit d’une solution de rechange et non d’une réalisation en soi.
(11) Le Rav Medalyé faisait part au Rabbi de la proposition du Rav Saadya Liberov, émissaire du Rabbi à Anvers depuis 5725, de créer une Yechiva en cet endroit. Cette proposition est indépendante de la précédente et la Yechiva envisagée par le Rav Liberov n’avait en aucune façon un caractère professionnel.
(12) Selon l’affirmation du Rambam, lois de l’étude de la Torah, fin du chapitre 2 et le Choul’han Arou’h, Yoré Déa, à la fin du chapitre 245, ce qui veut dire que, de façon générale, un tel accomplissement est positif.
(13) D’autres Yechivot existant déjà dans la ville.