Par la grâce de D.ieu,
jours de ‘Hanouka 5727,
Brooklyn, New York,
A la proche parente de mon épouse,
madame Dvora Léa(1),
Je vous bénis et vous salue,
J’ai reçu votre lettre en son temps, avec ce qui y était joint(2). Vous m’excuserez d’avoir attendu jusqu’à maintenant pour vous en accuser réception, pour différentes raisons et, avant tout, d’après l’enseignement de nos Sages(3) selon lequel “ on confère un mérite à un jour qui est par nature propice ”. Nous sommes, en effet, dans les jours de ‘Hanouka, pendant lesquels on allume des bougies, dès le coucher du soleil, en nombre croissant, de jour en jour. Cette allumage est effectué en un endroit et il est fait de telle façon qu’il éclaire l’extérieur. Il y parvient, néanmoins, par une lumière émanant de l’intérieur, se trouvant, selon les termes de nos Sages(4), “ à la porte de sa maison, vers l’extérieur ”(5).
Les conséquences de ‘Hanouka, la première fois, furent ressenties tout au long de l’année et même des années suivantes, puisque “ ils atteignirent le parvis de Ta maison, nettoyèrent…, purifièrent… et allumèrent des lumières ”(6). Il peut donc en être de même pour les conséquences de ‘Hanouka, chaque année, lesquelles sont une commémoration à la mesure de ce qui fut fait par nos ancêtres, en ces jours.
Il est un autre point spécifique, concernant ‘Hanouka(7). Les bougies de cette fête sont allumées à cause du miracle du chandelier, qui avait sept branches. Malgré cela, la pratique de la Mitsva surpasse sa cause et l’on en allume huit. En apparence, la lumière et la joie sont deux notions distinctes. Bien plus, le verset(8) lui-même les différencie et il dit : “ la lumière est plantée pour le Juste, alors que ceux dont le cœur est droit ont la joie ”. Et, nos Sages soulignent, dans le traité Taanit 15a : “ tout n’est pas pour la lumière et tout n’est pas pour la joie. Les Justes ont la lumière et ceux qui sont droits, la joie ”. Pour autant, il est absolument certain que ces deux notions sont liées. Et, l’on peut déduire ce lien du verset(9) : “ De la bouche du Très-Haut, n’émane pas le mal ” ou encore, selon la formulation bien connue(10) : “ Tout ce que D.ieu fait est pour le bien ”. Néanmoins, l’intellect humain est, par nature, limité, le voile du monde qui l’entoure, la pénombre au sein de laquelle il évolue augmentent cette limitation. Il en résulte que l’on ne va pas au fond des choses. Et, lorsque, par un effet de la bonté divine, on éclaire son entourage, le canal et le moyen de le faire sont notre Torah et ses Mitsvot, desquelles il est dit(11) : “ La bougie est une Mitsva et la Torah, une lumière ”. Une telle lumière éclaire, montre l’aspect véritable de toute chose et de ce qui en découle. Dès lors, grâce à elle, on parvient enfin à la joie.
S’agissant des Mitsvot de ‘Hanouka et de leur contenu, les femmes y sont astreintes au même titre que les hommes. En l’occurrence, comme l’explique Rachi, premier de tous les commentateurs, dans son explication du traité Chabbat 23a : “ le miracle survint par l’intermédiaire d’une femme ”. Pour quelqu’un comme vous, il sera sûrement inutile de préciser le sens ou les conséquences de ce qui vient d’être exposé. En transmettant mes salutations à votre fils(12), je vous souhaite à tous les deux un ‘Hanouka lumineux et une révélation de la lumière pour tous les jours qui suivront. Avec ma bénédiction,
Notes
(1) Madame D. L. Horenstein. Voir, à son sujet, la lettre n°9211.
(2) Voir le Likouteï Si’hot, tome 35, à la page 321.
(3) Selon le traité Taanit 29a.
(4) D’après le traité Chabbat 21b.
(5) Le Rabbi souligne les mots : “de sa maison, vers l’extérieur”.
(6) Selon le paragraphe Al Ha Nissim, intercalé dans la prière pendant ‘Hanouka.
(7) Voir, à ce sujet, le Likouteï Si’hot, tome 20, à la page 476.
(8) Tehilim 97, 11.
(9) E’ha 3, 38.
(10) Du traité Bera’hot 60b.
(11) Michlé 6, 23.
(12) Le Rav Yossef Horenstein.