Lettre n° 9305

Par la grâce de D.ieu,


11 Nissan 5727,
Brooklyn, New York,


Aux fils et filles d’Israël, en tout endroit,
que D.ieu vous accorde longue vie,


Je vous salue et vous bénis,


La fête de Pessa’h, temps de notre liberté, reçoit, cette année, un contenu spécifique, à la lumière de la courte introduction suivante(1) :


On peut vérifier qu’un homme, lorsqu’il a l’état d’esprit qui convient, est fortement marqué par l’événement qu’il vit. Ainsi, celui qui est joyeux accueille chaque situation réjouissante avec une motivation accrue. A l’opposé, celui qui se trouve dans un état d’esprit plus inférieur, quand il est confronté à un événement indésirable, sera encore plus découragé. Il en est de même également dans le domaine physique. Lorsque le corps(2) est en bonne santé, tout ce qui est sain le renforce encore plus. Par contre, s’il est affaibli, il aura du mal à supporter, même ce qui est particulièrement léger. Un principe hala’hique(3) exprime cette idée : “ Un élément en a rencontré un autre, similaire et ceci l’a mis en éveil ”(4).


* * *


Cette année(5) se distingue, depuis son début, par la Mitsva et l’esprit du Hakhel(6), la Mitsva spécifique faisant suite à l’année de la Chemitta(7) : “ rassemble le peuple, les hommes, les femmes et les enfants ”(6), toutes les catégories du peuple juif, avec un objectif qui est aussitôt défini par le verset, se pénétrer de crainte de D.ieu, étudier la Torah et la mettre en pratique.


Tels sont également la cause et le contenu de la fête de Pessa’h, celle de la sortie d’Egypte(6). A la différence des autres exils, ceux de Babel, des Mèdes, des Perses, de la Grèce, que tous les Juifs ne quittèrent pas, ce fut bien le cas en Egypte, “ avec nos jeunes et nos vieux, nos fils et nos filles ”(8). Tous les enfants d’Israël, du plus petit au plus grand, sortirent d’Egypte, dans un but précis : “ Lorsque tu feras sortir ce peuple d’Egypte, vous servirez D.ieu sur cette montagne ”(6), afin d’être les serviteurs de D.ieu et de recevoir la Torah près du mont Sinaï(9).


En conséquence, bien que Pessa’h soit une Injonction ayant un temps précis(6), dont les femmes sont d’ordinaire dispensées(10), celles-ci n’en doivent pas moins célébrer cette fête(11). Pour ce qui est des enfants(12), l’introduction dans la fête a lieu dès le début du temps de la sortie d’Egypte, lors du Séder de Pessa’h, qui est basé sur(13) : “ Et, tu diras à ton fils ”(6), et tu lui ordonneras, avec beaucoup de détails, beaucoup de précisions qui ont pour but de les attirer dans Pessa’h, avant même d’accomplir les Mitsvot de la fête, la Matsa et le Maror. Bien plus, il s’agit bien ici de tous les enfants, car le Séder ne s’adresse pas uniquement à ceux qui sont sages. Il est conçu pour toutes les catégories, depuis le sage jusqu’à celui qui ne sait pas poser de questions. Il est affirmé à tous que : “ à cause de cela ”(6), afin que nous mettions en pratique les Mitsvot(14), D.ieu nous a fait quitter l’Egypte.


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Une libération aussi totale que celle de l’exil d’Egypte ne se reproduisit pas dans les exils ultérieurs(15). En revanche, elle aura encore lieu lors de la délivrance véritable, à l’issue de l’exil actuel. Selon la promesse de D.ieu(16), “ comme aux jours de ta sortie d’Egypte, Je te montrerai des merveilles ”(6). Alors, tous(6) les Juifs, jeunes et vieux, avec tout ce qui les concerne, seront libérés par notre juste Machia’h, de sorte que : “ vous marcherez dans Mes Décrets, vous serez Mon peuple et Je serai votre D.ieu ”(17), en respectant les Préceptes de D.ieu et en étant Son(6) peuple.


La délivrance de l’Egypte devint possible uniquement après que les enfants d’Israël aient rejeté, avec abnégation(18), l’idolâtrie de l’Egypte, puis exprimé leur désir(19) et leur impatience de recevoir la Torah. En conséquence, nous devons nous préparer de la même façon à notre délivrance, en repoussant également les différentes formes d’idolâtrie introduites par notre époque. Ainsi, “ avec nos jeunes et nos vieux, nos fils et nos filles ”, chacun, avec son épouse et ses enfants, se défera du statut de “ serviteur du Pharaon ”, de tous les idéaux qui dominent le monde extérieur, pour devenir le “ serviteur de D.ieu ”(20), pour Lui être totalement soumis. C’est de cette façon que l’on parvient à la liberté(6) véritable(21), par une existence quotidienne de Torah et de Mitsvot.


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D.ieu fasse que la prochaine fête, en cette année de Hakhel(6), se déroule avec une motivation particulière, comme on l’a dit. Cette motivation s’exprimera pendant les jours de la fête, puis au cours des jours suivants, comme cela a été dit à propos du Hakhel : “ Ils s’emploieront à faire toutes les paroles de cette Torah ”(22). Il s’agit donc bien de “ faire ”(6), ce qui veut dire que l’on ne peut pas se contenter d’un bon cœur juif ou bien d’un discours hautement éthique, aussi importants que l’un et l’autre puissent être. En outre, cette action porte sur “ toutes(6) les paroles de cette Torah ”, sans en faire une sélection en fonction de sa propre compréhension, en les “ adaptant ” à la présente époque et à la nécessité d’assurer son confort. Enfin, il est bien question ici de cette(6) Torah. De fait, le Rambam(23) voit une décision hala’hique(6) de la Torah(6) en chaque verset, en chaque mot. Et, il en est de même pour la Loi orale.


Tout ceci hâtera la délivrance véritable et complète, par notre juste Machia’h, très prochainement. Avec ma bénédiction pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse,


Mena’hem Schneerson,


Notes


(1) Voir la Haggadah de Pessa’h avec un recueil d’explications, de coutumes et de commentaires, édition de 5751 (1991), à la page 614.
(2) Le Rabbi note, en bas de page : “Voir aussi les traités Chabbat 32a et Taanit 29b”, cette dernière référence faisant référence à ce qui est dit dans la note suivante, “on confère un mérite à un jour propice”.
(3) Le Rabbi note, en bas de page : “ Il en est de même pour la Aggadah, qui dit : ‘on confère un mérite à un jour propice’. On consultera le commentaire de Rachi sur le traité Ara’hin 11b, qui dit : ‘c’est en Nissan qu’ils ont été libérés et en Nissan qu’ils le seront’ ”.
(4) Selon le traité Erouvin 9a. Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le commentaire de Rachi sur le traité Avoda Zara 73a ”.
(5) Voir, à son sujet, la lettre n°9217.
(6) Le Rabbi souligne les mots : “Hakhel”, “rassemble le peuple, les hommes, les femmes et les enfants”, “sortie d’Egypte”, “vous servirez D.ieu sur cette montagne”, “une Injonction ayant un temps précis”, “et, tu diras à ton fils”, “à cause de cela”, “comme aux jours de ta sortie d’Egypte, Je te montrerai des merveilles”, “tous”, “Son”, “liberté”, “Hakhel”, “faire”, “toutes”, “cette”, “décision hala’hique” et “Torah”.
(7) Le Rabbi note, en bas de page : “Devarim 31, 12”.
(8) Le Rabbi note, en bas de page : “Chemot 10, 9”.
(9) Le Rabbi note, en bas de page : “Chemot 13, 12. Voir le Targoum Yonathan Ben Ouzyel et le commentaire de Rachi sur ce verset”.
(10) Selon le traité Kiddouchin 29a.
(11) Le Rabbi note, en bas de page : “Voir le Choul’han Arou’h de l’Admour Hazaken, Ora’h ‘Haïm, chapitre 472, au paragraphe 25”.
(12) Le Rabbi note, en bas de page : “Voir, notamment, à la même référence, le début du chapitre 472, le chapitre 473 au paragraphe 40. On consultera aussi, en particulier, le Sidour du Ari Zal, Séder Haggadah, au paragraphe : ‘Voici, les enfants’. Les causeries de mon beau-père, le Rabbi, de la fête de Pessa’h 5704 (dans le Séfer Ha Si’hot 5704, à la page 77) soulignent que les questions posées par l’enfant suscitent, là-haut: ‘Israël est un jeune homme et je l’aime’ (Hochéa 11, 1), un verset qui fait allusion à la sortie d’Egypte”.
(13) Bo 13, 8.
(14) Le Rabbi note, en bas de page : “Chemot 13, 8. Voir le commentaire de Rabbi Avraham Ibn Ezra, à cette référence”.
(15) Le Rabbi note, en bas de page : “C’est la raison pour laquelle il existe également une petite minorité de personnes qui sont dispensées du Hakhel. Lors de la délivrance future, en revanche, l’aveugle et le boiteux feront partie de ‘la grande assemblée (qui) retournera là-bas’, selon le début du traité ‘Haguiga et le verset Yermyahou 31, 7. Or, il en est de même au Séder, quand les enfants sont en mesure de recevoir une éducation juive. En effet, depuis la faute du veau d’or, la perfection a disparu du monde et celle-ci ne réapparaîtra que dans le monde futur. Le Hakhel et la fête de Pessa’h le préfigurent donc, bien que d’une manière différente, mais ce point ne sera pas développé ici”. Le Rabbi souligne ici : “l’aveugle et le boiteux”.
(16) Le Rabbi note, en bas de page : “Mi’ha 7, 15. Voir les omissions du Zohar, tome 1, à la page 261b, à propos de ce verset, qui dit : ‘Tous les jours supérieurs se réunissent là-bas et se réunissent ici”.
(17) Le Rabbi note, en bas de page : “Yé’hezkel 36, 27-28”.
(18) Le Rabbi note, en bas de page : “Voir le Midrash cité par nos maîtres les Baaleï Ha Tossafot, à propos du verset Chemot 12, 13”.
(19) Le Rabbi note, en bas de page : “Selon la Haggadah, comme le mentionne le Ran, à la fin de son commentaire du traité Pessa’him”.
(20) Le Rabbi note, en bas de page : “Voir le Yerouchalmi, traité Pessa’him, chapitre 5, au paragraphe 5 selon lequel, lors de la sortie d’Egypte, il en fut ainsi avant même que l’on quitte ce pays, ‘à partir de ce moment’”.
(21) Le Rabbi note, en bas de page : “En effet, n’est libre que celui qui se consacre à l’étude de la Torah, selon le traité Avot, chapitre 6, à la Michna 2”. Le Rabbi souligne ici les mots : “n’est…que” et “se consacre”.
(22) Vayéle’h 31, 12.
(23) Le Rabbi note, en bas de page : “Lois de la Techouva, chapitre 3, au paragraphe 8”.