Par la grâce de D.ieu,
10 Iyar 5711,
Brooklyn, New York,
Je vous bénis et vous salue(1),
Vous me pardonnerez sans doute de vous écrire à propos de ce qui vous concerne personnellement.
A plusieurs reprises, j’ai entendu mon beau-père, le Rabbi, dire que l’on doit aimer un autre Juif, même s’il se trouve dans un endroit très éloigné, même si on ne l’a jamais vu. A ce propos, notre sainte Torah nous ordonne également : “ Tu aimeras ton prochain comme toi-même ”.
S’il existe une possibilité de venir en aide à quelqu’un qui se trouve en un endroit lointain et que l’on ne connaît pas, chacun et chacune a une obligation sacrée de le faire, doit rechercher le bien de son prochain, car “ tous les Juifs sont frères ”.
J’ai appris que l’on vous a, plusieurs fois, proposé des partis. Or, pour différentes raisons, vous les avez refusés.
Bien évidemment, on ne peut, à distance, formuler un avis sur une proposition précise. Je me permettrai, néanmoins, de formuler une remarque, d’ordre générale, à ce propos.
Le mariage est l’événement le plus essentiel de la vie d’un homme ou d’une femme. Il marque de son empreinte tout le reste de la vie. Il doit donc être le fruit d’une mure réflexion et ne peut être décidé à la hâte.
Pour autant, un homme, lorsqu’il considère tous les événements de sa vie, de grande ou de moindre importance, ne peut en saisir tous les paramètres, car il est, somme toute, très limité. Son intellect et sa pensée ne peuvent maîtriser les tenants et les aboutissants de chaque chose. Dans une certaine mesure, il est donc systématiquement nécessaire de mettre en avant sa confiance en D.ieu, Qui accorde toujours une issue positive.
Il en est de même pour un mariage. Il est impossible de trouver un parti irréprochable, possédant toutes les qualités à la fois. Il est invraisemblable que l’on puisse prendre en compte tous les éléments, d’une manière exhaustive. Dès lors, si l’on s’accorde sur les points essentiels, il est bien souvent nécessaire de faire des concessions sur ce qui est accessoire et semble ne pas convenir. Du reste, il est très possible qu’il n’y ait là qu’une apparence, qu’en réalité, la conformité soit parfaite.
Selon certains, tout cela concerne uniquement le jeune homme et la jeune fille qui se rencontrent. Mais, cette conception est fausse car tous les Juifs sont frères. Le bien ou le contraire du bien, ce qu’à D.ieu ne plaise, que connaît l’un d’entre eux rétroagit sur sa famille, sur ses amis et même sur ceux qui sont physiquement éloignés de lui.
Ceci a toujours été vrai, mais l’est encore plus, à l’heure actuelle, après les terribles persécutions qui nous ont ravi des dizaines de milliers de nos frères, les enfants d’Israël(2). Chaque foyer bâti maintenant est donc particulièrement important, surtout lorsqu’il y a bon espoir que celui-ci soit basé sur la Torah et les Mitsvot.
J’espère que vous pourrez me donner de bonnes nouvelles, dans ce domaine et je conclus en vous adressant ma bénédiction pour que vous vous installiez(3) prochainement, de manière positive, matériellement et spirituellement à la fois.
J’aimerais savoir si vous prenez part à la vie publique, dans votre entourage et, le cas échéant, de quelle manière vous le faites.
Notes
(1) Cette lettre est adressée à une femme.
(2) Lors de la seconde guerre mondiale.
(3) Par le mariage.