Le calendrier rituel n’est jamais neutre. Instrument ultime de mesure du temps profond, il donne son rythme à la vie de tous autant qu’à la conscience de chacun. Et, pour cette raison, il n’est pas anodin que, cette semaine, nous rappelions jour après jour l’offrande des chefs de tribu quand l’autel du sanctuaire fut inauguré dans le désert. Il y a là quelque chose de prodigieux : l’événement se déroula il y a quelque 3300 ans et nous continuons à faire ce récit inchangé quotidiennement lorsque revient le mois de Nissan ! Il est vrai qu’il n’a pas qu’un sens commémoratif et qu’il présente une réelle portée spirituelle. Pour nous, en première lecture, il est une manifestation de grandeur. Ainsi, chaque chef, au nom de sa tribu, apporte son offrande à D.ieu et cela ouvre la glorieuse histoire qui mènera à l’installation en Terre d’Israël puis, bien plus tard, à la construction du Temple de Jérusalem et à notre attente millénaire impatiente du temps messianique.

Au bout de cette semaine, à l’orée de celle qui nous conduit à la fête de Pessa’h, nous retrouvons le 11 Nissan, comme un ami que l’on n’a pas vu depuis longtemps mais à qui on n’a pas cessé de penser. Cette fois-ci, le calendrier nous en indique le chemin et presque le sens : une semaine de gloire rituelle le précède. Il ne peut en être autrement : le 11 Nissan, jour de l’anniversaire de la naissance du Rabbi, brille de tout son éclat. Certains ont pu penser que cette date correspond essentiellement à un événement personnel et que, si elle est célébrée, ce doit être de façon privée et, à tout le moins, par les plus intimes. Le temps qui passe montre à l’évidence qu’un autre élément est présent ici. C’est une véritable force et une inspiration puissante qui virent le jour un 11 Nissan et elles n’ont pas fini d’apporter au monde leur richesse. Le 11 Nissan marque bien le début d’une vie, et cette vie est celle de tous car tous y puisent, autant par les enseignements que le Rabbi prodigua que par l’exemple qu’il donna.

S’agit-il alors de redire une époque sublime et ancienne, presque désuète ? En aucun cas, la vie juive se satisfait mal des commémorations passéistes. Le 11 Nissan est encore au- devant de nous, il faut nous préparer à le vivre pleinement, c’est-à-dire avec toute la grandeur nécessaire. Ainsi, nous porterons déjà en nous la liberté majeure qui s’exprimera pleinement avec la fête de Pessa’h et éternellement avec la venue du Machia’h.