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Samedi, 19 janvier 2019

  • Bechala’h
Editorial

 Un 10 Chevat d’actualité

C’est une évolution naturelle : le temps passe et les émotions s’estompent peu à peu. Les événements que nous vivons collectivement n’échappent pas à cette règle même si les inquiétudes qu’ils soulèvent empêchent que le processus soit trop rapide. Mais, quel que soit le tour que prennent les choses, même si l’actualité apporte jour après jour plus de sujets de préoccupation que de sujets de réjouissance et a fortiori de bonheur, il nous appartient de continuer notre chemin. Et nous ne devons pas le faire comme par obligation ou faute d’un autre choix. Il nous revient de poursuivre la route avec toute la force, tout l’enthousiasme de ceux qui savent qu’ils détiennent les secrets de la victoire éternelle. Certes, cette victoire-là ne sera pas celle de l’épée mais bien celle de l’esprit. Elle n’en sera que plus grande, le peuple juif l’a toujours su au long de son histoire.

Pour cette raison, le bonheur d’être juif est constamment en nous, avec cette forme de joie et d’assurance que seule peut donner la conscience de ses choix et de leur portée. Décidément, notre peuple avance dans sa voie éternelle et rien ne saurait l’en détourner. Justement, cette semaine nous célébrons le 10 Chevat – à la fois jour-anniversaire du départ de ce monde du précédent Rabbi de Loubavitch, Rabbi Yossef Its’hak, et date à laquelle lui succéda son gendre, le Rabbi. On a sans doute du mal aujourd’hui à ressentir les choses comme en cette époque déjà si lointaine. Nous sommes alors en 1950 ; cinq années seulement se sont écoulées depuis la Shoah. Nul n’ose envisager alors ce que sera l’avenir et l’optimisme n’est généralement guère de mise quand il s’agit du judaïsme. Dès son arrivée aux Etats-Unis, Rabbi Yossef Its’hak avait clairement annoncé son projet : mettre à bas une certaine désespérance, redonner vigueur à la vie juive sur cette terre nouvelle. Mais en 1950, après l’obscurité profonde descendue sur le monde, qui pouvait imaginer un développement réel ?

Le Rabbi sait, dès le premier jour, répondre aux questions du temps. Il sait aller à la rencontre de chacun. Il sait dire que le judaïsme a des messages importants à transmettre. Et ses mots sont entendus et ils rendent un sens aux choses. C’est tout cela que nous célébrons le 10 Chevat et cette célébration prend encore plus de relief à présent. Car la puissance du 10 Chevat est là et la force investie par le Rabbi nous y est transmise. Laissons-la entrer en nous, nous pénétrer. C’est vers le temps de Machia’h qu’elle nous conduit, où seules règneront la paix et la sérénité.

Etincelles de Machiah

 Le temps du rire

En référence à la venue de Machia’h, les Psaumes (126: 2) annoncent: “Notre bouche se remplira de rire”. Si ce verset décrit parfaitement la joie qui s’emparera de nous en ce nouveau temps, il n’en reste pas moins qu’une question se pose. En effet, dans la mesure où la venue de Machia’h s’accompagnera d’une intense révélation de la Lumière Divine, littéralement sans précédent, quelle importance peut avoir le fait que “notre bouche s’emplira de rire”?

L’idée est, au contraire, essentielle. A ce moment, la joie et le plaisir de D.ieu se révèleront, ils seront la conséquence de l’accomplissement par les Juifs du service divin. C’est cette joie-là qui, justement, s’exprimera. Ainsi, le mot “vie” en hébreu a pour valeur numérique 414. C’est aussi celle de l’expression “Lumière infinie”. Cette identité souligne la vraie raison de ce “rire”: le plus grand plaisir de D.ieu.

(d’après Séfer Hamaamarim 5700, p. 68 et Likouteï Torah, Bamidbar, p. 19d)

Vivre avec la Paracha

 Bechala’h

A peine a-t-il permis aux Enfants d’Israël de quitter l’Egypte que le pharaon se lance à leur poursuite pour les obliger à revenir. Le peuple hébreu se trouve pris au piège, entre les armées égyptiennes et la mer. D.ieu dit à Moché de lever son bâton au-dessus de l’eau et la mer s’ouvre pour permettre au Peuple juif de passer puis elle se referme sur les assaillants égyptiens. Les Enfants d’Israël entonnent un chant de louange et de gratitude à l’égard de D.ieu.

Dans le désert, le peuple souffre de faim et de soif et se plaint sans cesse à Moché et Aharon. D.ieu adoucit miraculeusement les eaux amères de Marah et par la suite, Moché fait jaillir de l’eau d’un rocher, en le frappant de son bâton. Grâce à son mérite, la Manne tombe des Cieux, chaque matin avant l’aube, et des cailles apparaissent, chaque soir, dans le camp d’Israël.

Les Enfants d’Israël reçoivent l’ordre de ramasser, chaque vendredi, une double portion de la Manne, puisqu’elle ne tombera pas le Chabbat, décrété par D.ieu comme jour de repos. Certains désobéissent, veulent en ramasser le septième jour mais n’en trouvent pas. Aharon préserve une petite quantité de Manne dans une fiole, comme témoignage pour les générations futures.

A Refidim, le peuple est attaqué par Amalek qui est vaincu grâce aux prières de Moché et une armée levée par Yehochoua.

L’âme amphibie

« Les enfants d’Israël entrèrent dans la mer, sur la terre sèche. » (Chemot 14 :22)

« Chaque créature qui existe sur terre a un équivalent dans la mer. » (Talmud, ‘Houlin 127a)

La terre et la mer se reflètent et pourtant elles constituent des mondes extrêmement différents. Toutes deux possèdent des environnements qui permettent la vie, donnant de la subsistance et un abri à des myriades de créatures. Toutes deux constituent des écosystèmes complets avec une grande variété de minéraux, de végétaux et d’animaux qui sont dans un système d’interaction complexe. Mais malgré leurs similitudes, la terre et la mer sont bien différentes et tout particulièrement dans la manière par laquelle les créatures qui les peuplent se lient à leur environnement.

Nos Sages ont affirmé que l’être humain est « un univers en miniature », un microcosme de toute l’existence créée. L’être humain inclut ainsi ces deux mondes, chacun d’entre nous possédant un aspect terrestre et un aspect aquatique dans son psychisme et sa personnalité.

Le secret des profondeurs

Les créatures terrestres se trouvent de toute évidence sur la terre. Certaines d’entre elles s’enterrent une partie du jour ou de l’année et il existe même certaines espèces qui ne se montrent que très rarement, voire jamais, à la surface de la terre. Mais en général, elles vivent en surface.

Il n’en va pas de même pour les créatures aquatiques qui vivent submergées dans leur environnement. Pour la plupart d’entre elles, il s’agit d’une question de vie ou de mort : un poisson hors de l’eau ne peut survivre qu’un bref instant.

Et pourtant, les créatures terrestres n’en sont pas moins dépendantes de la terre que les autres le sont de la mer. En fait, sans la terre et les ressources qu’elle offre, un animal terrestre ne peut survivre. La différence repose sur la manière dont cette vérité se traduit dans sa vie, chaque jour et à chaque minute. En ce qui concerne la créature aquatique, cette dépendance est constante et évidente. Elle ne peut se séparer de son milieu ambiant, sa vie et ses ressources sont inexorablement liées. Par contre, la créature terrestre peut recevoir sa nourriture de la terre puis l’oublier voire le dénier. Elle peut passer sa vie entière sans avoir conscience d’où provient sa subsistance ou du moins sans le reconnaître.

Telle est la signification des aspects « terrestres » et « aquatiques » qui résident à l’intérieur de notre personnalité. Une partie de notre être est déconnectée du but et de la source, « un moi terrestre » qui est inconscient du fait que notre âme est « une partie de D.ieu, en Haut », qu’à chaque instant, notre Créateur nous redonne la vie, que notre existence n’a de sens que dans le contexte du rôle que nous jouons dans le dessein divin. Cette forme de « moi terrestre » définit son existence dans les termes étroits de son égo et de ses désirs et aspirations personnels.

Mais nous possédons également une personnalité « aquatique », un moi spirituel qui transcende l’égo et l’individualisme pour accorder chacun de ses actes, chacune de ses pensées, avec le but ultime pour lequel nous avons été créés. Quand s’affirme cet aspect de notre personnalité, rien ne nous sépare de notre Source. Comme un poisson dans l’eau, chaque moment de notre vie est une affirmation de notre dépendance et de notre dévotion à notre source de subsistance et de vie.

Les maîtres de la Cabbale nous disent qu’il existe des Tsadikim (Justes) qui vivent toute leur vie comme des « poissons de la mer », complètement immergés dans une conscience perpétuelle de la réalité divine à laquelle ils se soumettent totalement. Moché était un tel individu. Son nom exprime d’ailleurs la nature « aquatique » de son âme. (« Elle l’appela Moché et dit : « parce que je l’ai tiré de l’eau » Chemot 2 :10). « Moché était l’homme le plus humble sur la surface de la terre ». Il est sûr qu’il était conscient de sa propre grandeur. Il est sûr qu’il savait avoir été l’unique être humain choisi par D.ieu pour porter la sagesse et la volonté divines à l’humanité. Et pourtant, il ne considérait pas ses qualités comme ses « propres » accomplissements. En effet, il s’était entièrement annulé et avait submergé son moi dans la mer de la réalité divine. Sa propre vie n’était qu’un véhicule sans égo pour les enseignements de la parole divine qui passait par « sa voix ».

Un poisson terrestre

Cela ne signifie pas pour autant que notre « moi terrestre », notre sens d’identité et d’individualité, doit être déraciné et supprimé. L’individualité n’est pas en soi un trait négatif. Le seul problème qui peut survenir se manifeste lorsqu’il lui est donné libre cours.  Elle a alors tendance à développer certains attributs négatifs. Si nous échouons à développer une conscience et un comportement « aquatiques », si nous perdons de vue la source et le but de notre vie, nous risquons de devenir égoïstes, notre conscience de nous-même se transformant en égocentrisme et notre individualité perdant tout lien avec ses racines.

Ce n’est que lorsque nous nous submergeons dans la mer de la réalité divine que nous pouvons exploiter la force positive de notre égo.

Ce n’est qu’alors que nous pouvons utiliser notre réelle valeur en tant qu’individu pour réaliser au mieux notre mission dans la vie.

Le jour 7

C’est là que réside le sens profond de l’ouverture de la mer, sept jours après notre Exode d’Égypte.

En relatant le miracle, la Torah décrit les Enfants d’Israël venant « dans la mer, sur la terre sèche ». Après notre libération, tant matérielle que spirituelle, de l’Égypte et de sa culture païenne, nous fûmes dotés de la force de pénétrer « dans la mer », de nous immerger dans la mer de la vérité des vérités, et en même temps, de marcher « sur la terre sèche », comme des individus distincts et uniques.

Nos Sages nous disent que l’ouverture de la mer constituait le premier pas d’un processus qui allait englober l’ensemble de notre histoire, que le chant que Moché et le Peuple juif entonnèrent, en traversant la mer, n’était que le premier couplet de celui qui culminera à l’ère de Machia’h, le but final de la Création. L’ouverture de la mer fut un précédent qui rendit possible notre quête, s’étendant sur des millénaires, de la synthèse entre la terre et la mer. Elle se réalisera donc pleinement à l’âge messianique quand « la terre sera remplie de la connaissance de D.ieu tout comme les eaux couvrent la mer ».

Le Coin de la Halacha

 Qu’est-ce que Tou Bichevat ?

Lundi 21 janvier 2019, c’est Tou Bichevat, le Roch Hachana, le nouvel an des arbres.

On ne récite pas la prière de Ta’hanoune (supplications).

Dimanche soir 20 janvier et lundi 21 janvier, on consomme de nombreux fruits, en particulier ceux qui représentent la fierté de la Terre Sainte, qui sont cités dans le verset de la Torah : « blé, orge, raisin, figue, grenade, olive et datte. On s’efforcera également de manger des caroubes ainsi que des fruits nouveaux que l’on n’a pas encore consommés cette année. On veillera à réciter les bénédictions adéquates avant et après manger. On profitera de cette belle occasion pour se réunir en réunions joyeuses et productives sur le plan des bonnes résolutions.

On aura soin de prélever les différentes dîmes (Terouma et Maassère) sur les fruits provenant d’Israël.

La Torah compare l’homme à un arbre des champs : lui aussi est supposé produire des fruits, c’est-à-dire des Mitsvot, des bonnes actions. De même que le fruit peut produire des arbres qui produiront des fruits etc…, de même nos Mitsvot entraînent d’autres Mitsvot, encouragent d’autres Juifs à assumer leur judaïsme, à retrouver leurs racines et à s’enraciner dans un sol riche d’étude de la Torah et de pratique des Mitsvot. C’est ainsi que le peuple juif se perpétue, se développe et produira d’autres fruits.

A Tou Bichevat, nous mangeons des fruits, nous « produisons » des fruits, nous plantons des graines de bonnes actions.

Le Recit de la Semaine

 Les manches longues de sa grand-mère

Il y a une douzaine d’années, des émeutes éclatèrent en Hongrie à la suite d’une crise gouvernementale. Et quand il y a des troubles, qui en sont les responsables tout désignés ? Les Juifs. Parmi les manifestants les plus enflammés se trouvaient de nombreux antisémites. Un des partis profita justement de ces désordres et se développa au point de faire son entrée au parlement : le Jobbik. C’était un parti ouvertement raciste et antisémite : ses leaders ne se privaient pas de déverser haut et fort dans l’enceinte du parlement et dans les média leur haine des Juifs : ce n’est pas ici l’endroit pour répéter leurs discours effrayants et scandaleux qui rappelaient les heures les plus sombres vécues en Europe il y a 70 ans.

Un des porte-paroles les plus virulents de ce parti était un jeune homme vigoureux, doué d’une extraordinaire force de la parole. Il débitait des énormités insultantes avec un aplomb incroyable contre les étrangers mais surtout contre les Juifs. Il s’appelait Csanad Szegedi et était devenu le numéro deux du parti. A la télévision, partout où il allait, il enflammait les foules et fut même élu au parlement européen à Strasbourg où il fit sensation en apparaissant vêtu de l’uniforme des nazis hongrois.

Alors qu’il était à l’apogée de sa carrière politique, ses adversaires dans son propre parti se lancèrent dans des recherches généalogiques et découvrirent avec une joie morbide que sa grand-mère était une rescapée d’Auschwitz. Même son grand-père était juif. Cela signifiait que sa mère était juive des deux côtés. Tous les média se moquèrent de lui.

Avec mon maître, Rav Barou’h Oberlander qui est le premier Chalia’h envoyé par le Rabbi en Hongrie, nous nous sommes penchés sur cette question pointue et traumatisante de Hala’ha : Si un Juif pareil qui est aussi nazi (D.ieu préserve) voulait se joindre à un Minyane (pour la prière en communauté), pourrait-on l’accepter ? Nous avons conclu qu’un Juif, bien qu’il ait fauté, reste un Juif. Nous avons rédigé un long développement sur cette question toute théorique car, au vu de toutes les horreurs qu’il avait proférées, une telle question n’était même pas du domaine du possible.

Deux semaines plus tard, je reçus un coup de téléphone : « Monsieur le rabbin Koves, je suis Csanad Szegedi, député au parlement européen. Je désire vous rencontrer ! ».

Au début, j’ai pensé qu’une de mes connaissances voulait me jouer un tour et me donner des sueurs froides. Mais c’était bien vrai.

Quand un Juif désire rencontrer un Chalia’h du Rabbi, peu importe dans quelles monstruosités il a vautré son âme ! Nous sommes là pour lui ! Cependant, les Juifs hongrois le haïssaient tellement que s’il se présentait chez moi ou à la synagogue, des fidèles refuseraient de rester dans la synagogue en sa compagnie. Finalement rendez-vous fut pris. A son arrivée, j’ai tout de suite remarqué qu’en face de moi se tenait un homme bouleversé, en proie à une guerre intérieure comme nous le décrit le Tanya : la guerre entre l’âme divine et l’âme animale. Il s’assit et je lui tendis une Kippa : « Quand on parle à un rabbin dans son bureau, il faut porter la Kippa ». Les mains tremblantes, il posa la Kippa sur sa tête comme s’il ressentait que toute sa tête brûlait. Il voulait retourner à son peuple mais son corps était encore imprégné de nazisme. Lui qui avait proféré tant d’injures contre les Juifs se retrouvait dans le bureau d’un rabbin !

Ce fut très émouvant. Ce n’est pas tous les jours qu’on se trouve en face d’un nazi et qu’on peut lui demander pourquoi il nous déteste tellement mais aussi en face d’un Juif qui veut revenir à la foi de ses ancêtres…

- Monsieur le rabbin, je suis venu pour deux raisons : la première, c’est que je veux demander pardon, pardon à tout le peuple juif. Maintenant que j’ai découvert que je suis juif, je ressens profondément ce que représente le fait d’être du côté des poursuivis. Mes anciens camarades du parti m’ont dit clairement : Tu es juif et tu sens mauvais ! Quitte le parti, tu n’es qu’un parasite ! ». Maintenant je comprends combien de mal j’ai causé et je veux m’en excuser. Deuxièmement, je veux vous demander conseil : que faire dorénavant ? Toute mon éducation, toute ma vie jusqu’à présent sont réduites à néant ! Comment me reconstruire ?

- Tout d’abord un Juif qui a fauté reste un Juif. Vous êtes juif et, pour vous reconstruire, vous devez étudier la Torah : nous sommes en été et nous organisons un séminaire d’études intensives auquel vous pouvez participer. Quant aux excuses… à qui demander pardon ? A moi ? Qui suis-je ? Une faute réalisée en public, on doit la reconnaître en public. De même que vous avez incité contre les Juifs en public, de même vous devez maintenant parler en leur faveur en public.

C’était il y a deux ans. Depuis, Csanad s’est fait circoncire et il a choisi le prénom hébraïque David, celui de son grand-père.

Sa grand-mère avait 93 ans. Jamais elle n’avait relevé les manches de ses bras ; quand il faisait trop chaud, elle portait un pansement sur son avant-bras : pourquoi ? Pour cacher le numéro que les nazis y avaient tatoué à son arrivée à Auschwitz !

Pendant soixante ans, cette rescapée avait caché à ses enfants et petits-enfants qu’elle était juive, quelque chose qu’on ne peut pas comprendre tant qu’on ne l’a pas vécu. J’ai rencontré la mère de Csanad, à Michkoltz, une banlieue de Budapest, et elle m’a raconté : une semaine auparavant, elle avait eu un petit accident de voiture sans gravité. Quand la police avait demandé l’identité de l’autre conducteur impliqué, l’homme avait répondu qu’il était né en 1945 à Auschwitz (Pologne) ! Elle avait compris qu’il devait être juif lui aussi. Elle l’avait raconté à sa mère (donc la grand-mère de Csanad) qui avait affirmé qu’elle avait connu la mère de cet homme ! « Nous avions toutes les deux 24 ou 25 ans. J’étais célibataire mais elle était mariée et enceinte. Nous avons survécu au voyage en wagon à bestiaux et nous avons fait la queue durant des heures devant le terrible Dr Mengele. Celui-ci était connu pour choisir justement les femmes enceintes pour ses sinistres « expériences médicales ». La femme enceinte qui se tenait derrière elle n’en pouvait plus d’attendre ainsi et lui demanda de lui céder sa place. Elle accepta. Quand arriva son tour de passer devant « l’ange de la mort », celui-ci reçut un coup de téléphone et quitta précipitamment son poste ! C’est ainsi qu’elle fut épargnée et put, à Auschwitz, donner naissance à son enfant, celui que tu as justement rencontré ! ».

Rendez-vous compte ! Combien de souffrances et combien de miracles ! Tel est le peuple juif !

Après trois générations, après cette destruction physique et cette destruction spirituelle, le peuple d’Israël renaît ! Le petit-fils qui était devenu le symbole du mal a réussi à revenir !

(Actuellement Csanad-David s’est installé avec sa femme et ses enfants en Israël où ils mènent une vie juive traditionnelle…)

Rav Shlomo Koves – Chalia’h du Rabbi en Hongrie - Kfar Chabad N° 1786

Traduit par Feiga Lubecki