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Semaine 23

  • Behaaloté’ha
Editorial
Une Torah de paix

Alors que nous venons de revivre le Don de la Torah, que nous avons ressenti, avec la plus grande force, le don renouvelé de la Loi éternelle, nous ne pouvons qu’observer que le monde continue de se débattre dans les tourments de la violence, en proie à l’incertitude du lendemain. Pourtant, forts de l’intense expérience spirituelle que nous venons de vivre, nous savons qu’il peut en être autrement. Nous savons que la Torah est aussi cette force merveilleuse qui transforme tout ce qu’elle touche et établit l’harmonie et la sérénité là où régnait le chaos.
Nos Sages l’ont exprimé ainsi : “Ses chemins sont des chemins agréables et ses voies sont de paix”. C’est là une grande idée. De quelle paix s’agit-il donc ? Pourquoi la Torah possède-t-elle ce pouvoir ? Certes, elle est Sagesse divine révélée aux hommes et, à ce titre, puissance civilisatrice par excellence mais cela conduit-il nécessairement à la paix désirée ? Certes encore, celle-ci est présentée par le Texte comme le bien ultime, la plus haute bénédiction, mais y a-t-il ainsi assurance de l’obtenir ? C’est que la Torah ne décrit pas la paix comme un but enviable qu’il convient de s’efforcer d’atteindre mais qui reste comme extérieur à l’homme qui la prône ou à l’univers qui l’accueille. Pour elle, la paix est l’expression naturelle d’un état qui englobe chaque aspect du monde et chaque créature qui l’habite.
En effet, n’est-elle pas d’abord celle de l’équilibre entre les hommes réalisant enfin que leurs aspirations respectives ne conduisent pas forcément à une compétition féroce ? N’est-elle pas aussi celle où D.ieu ne Se dissimule plus dans Son monde car les hommes ont enfin compris qu’ils ne peuvent trouver leur authentique liberté qu’en sachant Le retrouver au cœur de leur vie ? C’est bien là que réside la paix à instaurer. Elle ne saurait avoir de sens et de portée sans l’adhésion de tous. Elle ne peut avoir de permanence sans la volonté affirmée par chacun de rendre à l’essentiel sa vraie place. Décidément, ce plus cher souhait des hommes est un combat permanent, il commence par soi-même.
Etincelles de Machiah
Dix questions / réponses sur la résurrection des morts (II)

Question : Où la résurrection des morts se déroulera-t-elle ?
Réponse : La résurrection aura lieu pour tous en Israël, aussi bien pour ceux qui y sont enterrés que pour ceux qui reposent en dehors de ses frontières. Pour ces derniers, leur corps sera emmené en Israël par l’ange Gabriel.
En effet, il est annoncé que “Jérusalem s’étendra à toute la terre d’Israël”. Or, D.ieu a juré que Jérusalem une fois reconstruite serait indestructible. Puisque l’âme retrouvera, à ce moment, le corps pour l’éternité, le lieu qui l’accueillera doit également être éternel.
(d’après “Techouvot Oubiourim”, sec. 11)
Vivre avec la Paracha
Dans la Paracha de Behaalote’ha, la Torah s’exprime longuement à propos de la Manne, la nourriture céleste qui soutint le Peuple Juif pendant son séjour de quarante ans dans le désert.
En ce qui concerne la Manne, la Guemara note : “ quand la rosée descendait sur le campement pendant la nuit, la manne s’y posait ”.
De ce verset, il semblerait que la Manne descendait dans le campement lui-même. Toutefois, le verset dit aussi : “ le Peuple sortait et ramassait (la Manne) ”. Cela semble indiquer que le Peuple devait sortir à l’extérieur du camp pour la collecter. Bien plus, un autre verset ajoute : “ le peuple s’en allait et ramassait ( la Manne) ”.
En d’autres termes, il semble d’après ces mots que le Peuple devait entreprendre un long chemin pour recevoir la Manne.

Comment concilier ces trois versets ?
La Guemara répond que les versets parlent de trois catégories de Juifs : les Justes trouvaient la Manne à l’entrée de leurs tentes; les Intermédiaires devaient parcourir une courte distance et la ramasser ; quant aux impies, ils devaient se rendre à un lieu plus lointain pour faire leur provision.
La Manne est décrite dans la Torah comme “ un pain céleste ”. C’est pour cette raison que certains Sages préconisent que la bénédiction à accomplir sur la manne était : “ Qui fait sortir le pain du ciel ”.
La différence entre le pain matériel et le pain céleste est que le pain ordinaire requiert un grand labeur pour sa préparation. En outre, il est produit en grande quantité. Il n’en va pas de même pour la Manne. Aucun travail préparatoire n’était nécessaire. Plus encore, la Manne ne produisait aucun déchet.
Cet aliment si particulier était consommé par tous les Juifs pendant leur séjour dans le désert, servant de subsistance non seulement aux Justes et aux Intermédiaires mais aussi aux impies. Et même pour eux, elle ne produisait aucun déchet.
En d’autres termes, même lorsque la Manne était consommée par les impies, elle maintenait sa nature essentielle.
Et non seulement la Manne elle-même n’était sujette à aucun changement, mais elle produisait même une amélioration chez ceux qui la consommaient : elle permettait de raffiner même les impies.
C’est la raison pour laquelle, nos Sages, de mémoire bénie, enseignent que, par le fait qu’il consomma la Manne, le Peuple Juif put mériter de recevoir et approfondir la Torah.
L’effet de la Manne était ainsi ressenti par chacun des 600.000 Juifs qui reçurent la Torah. Car chacun avait une contribution spécifique à apporter. En mangeant la Manne, même celui qui était au plus bas niveau fut capable de révéler et approfondir sa part unique dans la Torah.
Et bien qu’il soit vrai qu’après avoir mangé la Manne, certains impies restèrent impies et ne furent pas même élevés à la catégorie des Intermédiaires, elle eut cependant sur eux aussi un effet positif.
A la lumière de ce qui vient d’être dit, nous pouvons comprendre le conseil de nos Rabbis qui nous enseignent que si quelqu’un ne sait pas quelle portion de la Torah lire le Chabbat (parce qu’il se trouve isolé, sans calendrier etc.), il devra lire la Paracha de la Manne parce qu’elle fut transmise un Chabbat.
Il faut comprendre cette idée. En effet, de nombreuses Parachyot furent prononcées un Chabbat, et parmi elles, la section des Dix Commandements. Pourquoi donc lire précisément cette Paracha lorsqu’on a un doute ?
L’on peut parfaitement en comprendre la raison en fonction de ce que l’on vient de voir précédemment. Car il existe une relation unique entre la Manne et le Chabbat.
La nature de la Manne était telle que même lorsqu’elle descendait d’En-haut dans ce monde, elle ne perdait aucune de ses qualités spirituelles, à tel point que même lorsqu’elle était consommée par un impie, non seulement elle ne provoquait aucun déchet mais elle avait aussi la capacité de le raffiner.
L’on retrouve la même qualité dans Chabbat. La sainteté de Chabbat est si grande que bien que ce soit une Mitsva de se délecter de plaisirs matériels en ce jour, nous sommes toutefois assurés que, contrairement aux jours de la semaine, où s’adonner aux plaisirs physiques nous rend plus grossiers, ces délices n’ont aucun effet négatif sur notre spiritualité. Bien au contraire, le délice lui-même devient une Mitsva.
Le Coin de la Halacha
Qu’est-ce que les Téfilines ?

Quand on porte les Téfilines, on doit avoir à l’esprit que D.ieu a demandé d’écrire ces parchemins et de les disposer dans ces boîtes de cuir noir pour que le Juif se souvienne de l’Unité de D.ieu, de la sortie d’Egypte et des miracles qui l’ont accompagnée. Ainsi on réalise que D.ieu a autorité sur tout ce qui existe.
Les Téfilines du bras, donc près du cœur et ceux de la tête, donc sur le cerveau, nous rappellent qu’aussi bien les émotions (du cœur) que les raisonnements (du cerveau) doivent être utilisés pour l’étude de la Torah, la pratique des Mitsvots et la soumission à D.ieu.
On porte les Téfilines sur le bras gauche. Celui qui est gaucher les mettra sur le bras droit. Celui qui est ambidextre les mettra sur le bras gauche. Pour tous cas particuliers (ex : celui qui écrit avec la main droite mais fait tout le reste avec la main gauche etc…), on demandera l’avis d’une autorité rabbinique.
On vérifie de temps en temps que les boîtiers en cuir sont toujours bien cubiques et que les coins ne deviennent pas arrondis.
Les boîtiers et les lanières doivent être noirs. S’ils perdent leur couleur, on les enduira avec l’encre spécialement conçue à cet effet.
On ne prend pas de repas avec les Téfilines ; cependant on peut éventuellement prendre un petit verre de liqueur pour dire « Le’haïm » (« A la vie »). On évite de manger lorsqu’on porte les Téfilines.

F. L. (d’après Rav E. Wenger)
De Recit de la Semaine
UN DOLLAR DU RABBI POUR LA BAR MITSVA

Il y a deux ans, j’ai eu le privilège d’assister à la Bar Mitsva du petit fils de l’ancien Grand-Rabbin d’Israël, Rav Israël Meïr Lau. Près d’un millier d’invités, de toutes les communautés orthodoxes du pays, se pressaient dans l’hôtel Carmel de Netanya pour honorer le jeune Yossef Sorotzkine et sa famille.
Tout au long du repas, les discours se succédèrent : des paroles de Torah, des compliments pour le Bar Mitsva et son grand-père, des mots d’esprit et des bénédictions sans nombre. Puis Rav Lau se leva et s’approcha du micro : connaissant la puissance de ses discours, les invités se turent et un silence absolu régna dans la salle. Commentant la sidra de la semaine, Rav Lau captiva l’auditoire et sut exprimer toutes les bénédictions qu’il souhaitait à son petit-fils qui, dans son fauteuil roulant, l’écoutait attentivement.
Soudain, il s’arrêta. Non, ce n’était pas que pour reprendre son souffle. On percevait sur son visage une émotion inhabituelle. Se tournant vers le Bar Mitsva, il s’adressa à lui avec une voix étranglée et tremblante : « Yossef, je dois te transmettre un « cadeau » de la part du Rabbi de Loubavitch… »
Quand j’entendis ces mots, je fus stupéfait. Nous étions déjà en 2002, soit huit ans après le départ de ce monde du Rabbi ! Que signifiaient ces paroles ?
Rav Lau continua, conscient de l’effet de surprise qu’il avait créé : « Quand tu es né, Yossef, tu souffrais de graves problèmes de santé. Les meilleurs médecins d’Israël se sont succédés à ton chevet. Quand tu as atteint l’âge de deux ans, ta situation s’est encore aggravée et les médecins ne nourrissaient plus d’espoir pour ta vie…
« Nous avons alors décidé de t’emmener aux Etats-Unis, peut-être les médecins américains trouveraient-ils une solution. Cependant eux aussi ne nous laissèrent guère d’illusion…
« Nous avons profité de notre séjour pour nous rendre chez le Rabbi. J’ai raconté au Rabbi ce que les médecins avaient dit mais on voyait sur son visage qu’il n’en était pas impressionné. Le Rabbi prit un dollar dans son tiroir et me le tendit en me recommandant de te le donner le jour de ta Bar Mitsva !
« A dire vrai, nous n’osions même pas penser à la fête qui aurait lieu pour tes trois ans, pour ta première coupe de cheveux. Les médecins avaient été si pessimistes !
« Puis ma fille, ta mère Yossef, est passée devant le Rabbi et il lui a donné deux dollars : un pour elle et un à remettre au « Sofer » (scribe) qui écrirait les parchemins de tes Téfilines pour ta Bar Mitsva ».
Rav Lau sortit alors de sa poche le dollar qu’il avait secrètement gardé depuis onze ans et, tout en essayant de dominer son émotion, il s’approcha de son petit-fils, lui-même très impressionné, lui remit le dollar et l’embrassa.
Il est impossible de décrire combien l’assistance était bouleversée devant l’ampleur de l’esprit prophétique du Rabbi, onze ans plus tôt : malgré tous les pronostics des médecins, le Rabbi avait déjà pensé à cette Bar Mitsva et continuait de le bénir pour une longue vie de santé, de bonheur, de Torah et de prospérité.

Rav Moché Orenstein – Netanya
traduit par Feiga Lubecki