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Semaine 47

  • Vayéra
Editorial
Chaleur humaine

Parfois, il faut que l’événement arrive dans toute sa brutalité, qu’il bouscule les habitudes et les apparences de tranquillité pour que, tout à coup, conscience se fasse. C’est ainsi que, à la suite d’un drame, les banlieues s’embrasent au sens strict du terme, que chacun se demande quand le calme reviendra et pour combien de temps. Tout a été dit sur le sentiment d’exclusion et de désespérance des destructeurs. Tout, ou presque, a été dit aussi sur la responsabilité des acteurs sociaux et, sans doute, tout cela est incontestable. Pourtant, n’y a-t-il pas également un autre élément à prendre en compte ? Car tous les problèmes du monde ne sauraient être réduits à une accusation générale portée contre une incapacité présumée de la société à les prévenir.
La sagesse est une chose fragile. Elle est constituée d’une recherche personnelle, d’une volonté de perfectionnement, du sens de l’effort et d’un souci d’harmonie. Comme par nature, elle porte en elle le respect de l’autre et celui de la collectivité. Elle est fragile pourtant car, sous les coups de boutoir des insatisfactions du quotidien, elle peut, si l’on n’y prend garde, s’affaiblir peu à peu jusqu’à voler en éclats. Une telle fin remet alors immanquablement en cause les équilibres qui fondent les civilisations, qui font que celles-ci savent réaliser les conditions d’un véritable vouloir-vivre ensemble. C’est ainsi que s’achève souvent l’illusion d’éternité entretenue par la société des hommes.
Il existe cependant une autre voie. Pour la tradition juive, elle tient en un mot : «Education». C’est ainsi que résonne à nos oreilles la phrase antique : «Eduque l’enfant selon son chemin, quand il aura grandi, il ne s’en écartera pas». C’est, à la fois, un défi et un combat de chaque instant. Transmettre à l’enfant et au jeune, leur donner à comprendre et ressentir en même temps qu’à connaître, leur permettre de tracer librement leur route sans pourtant oublier que celle-ci ne peut naître du néant si on ne veut pas qu’elle se perde dans le désert : autant d’enjeux pour notre temps, dans notre maison comme dans le monde alentour.
C’est dire que cet impératif reçoit à présent une nouvelle lumière. La barbarie ne se développe que sur les ruines de la conscience. L’éducation donnée à chacun, dans sa famille, dans son école, fait l’harmonie de demain. Le judaïsme en a posé les bases. Il nous appartient de les faire vivre afin que, toujours, nous y trouvions les forces de la vie.
Etincelles de Machiah
Etincelles
Les Mitsvot du temps de Machia’h

Le Talmud (traité Sota 13b) enseigne : «La Mitsva n’est appelée que sur le nom de celui qui la termine». Cette idée s’applique également à la venue de la Délivrance. Certes, les générations passées avaient une stature spirituelle inégalée. Le Talmud (traité Chabbat 112b) ne les compare-t-il pas à des anges ? Cependant, c’est par le mérite de ces dernières générations que le Machia’h arrive concrètement. C’est donc sur leur nom que la Délivrance sera appelée.
(d’après Likoutei Si’hot, vol. XIX, p. 104)
Vivre avec la Paracha
Vayéra : deux formes de bonté

La Paracha Vayéra commence par le récit de l’apparition de D.ieu à Avraham à l’entrée de sa tente où il se reposait après s’être circoncis.
Mais quand Avraham observa que non loin de là se tenaient trois étrangers, il se leva, demanda à D.ieu de patienter et courut accueillir ces étrangers et leur offrir son hospitalité (Béréchit 18 :1-5 et commentaire de Rachi)
Ainsi, pour témoigner son hospitalité à des étrangers, Avraham n’hésita-t-il pas à laisser D.ieu attendre. En fait, nos Sages déduisent de la conduite d’Avraham que «l’hospitalité à l’égard de voyageurs est plus importante encore que de recevoir la Présence Divine» (Talmud Chavouot 35b.)
Un tel comportement d’hospitalité est devenu une partie intégrante de la conduite juive.
Et pourtant, Avraham n’avait pas, quant à lui, reçu un tel commandement. Qu’est-ce qui le conduisit donc à ressentir qu’il était convenable d’abandonner D.ieu pour le bien d’étrangers ?
Une conduite emprunte de bonté vis-à-vis d’autrui peut être motivée par deux types de sentiments : la grandeur bienveillante ou l’humilité.
Un exemple du premier se rencontre plus aisément chez un roi puissant ou un individu fortuné. Le sentiment de leur propre valeur ou de leur importance les conduit à agir de façon généreuse et bienveillante, «déversant à tous leur bonté».
Un exemple de bonté qui émerge d’un sentiment d’humilité se perçoit chez Avraham qui disait de lui-même «Je ne suis que terre et cendres». Parce qu’il ne sentait aucunement supérieur à quiconque, il estimait qu’il était naturel d’exprimer de la gentillesse à tous les hommes et de les honorer.
La bonté qui se dégage d’une telle abnégation de sa personne est supérieure à celle qui résulte d’un sentiment de magnanimité et ce pour deux raisons.
La bonté qui naît du sentiment que toute autre personne est plus méritante que soi permettra à l’individu qui l’éprouve de tout donner à autrui et de subsister par ce qui lui restera. Mais la bonté qui émerge de la magnanimité verra le donateur se garder pour lui-même la part du lion, ne donnant aux autres que ce qui lui reste.
Plus encore, la bonté magnanime ne se manifeste que lorsque le bienfaiteur ne souffre pas de sa propre générosité. La bonté de celui qui ressent un sentiment profond d’humilité ne sera pas freinée même s’il doit lui-même souffrir ou se priver.
Parce que la bonté d’Avraham et son hospitalité émergeaient de ce sentiment et de l’abnégation de sa personne, non seulement plaça-t-il sa propre vie en danger quand il s’agit de combattre des rois puissants afin de sauver la vie de ses proches, mais il était même prêt à risquer sa vie spirituelle, quelque chose pour lui de beaucoup plus important que la vie corporelle.
C’est ce type supérieur de bonté qui incita Avraham à faire attendre D.ieu pendant qu’il allait accueillir des étrangers.
Ce qui vient d’être dit jette la lumière sur les paroles de nos Sages qu soulignent qu’ «en mérite de notre patriarche Avraham qui prononça : «je ne suis que terre et cendres», ses enfants méritèrent les commandements des cendres de la Vache Rousse et la terre de la Sotah (commandements qui permettent de se faire pardonner par D.ieu).
Il existe un axiome selon lequel «D.ieu récompense mesure contre mesure». Quelle relation interne existe-t-il entre les propos d’Avraham et ces deux commandements.
L’accomplissement de ces deux Mitsvot est lié avec l’humilité et le sacrifice de la personne qui naissent de la conscience que l’on n’est que «cendres et terre».
Les cendres de la Vache Rousse utilisées pour purifier les hommes rendus impurs par un contact avec la mort avaient pour effet de rendre impurs ceux qui étaient impliqués dans leur préparation. C’est pourquoi la purification d’un individu par les cendres de la Vache Rousse nécessitait le sacrifice et l’abnégation de ceux qui procédaient au sacrifice.
Les cendres de la Sotah étaient également utilisées dans une cérémonie qui nécessitait un sacrifice spirituel puisque le rituel demandait à ce que l’on efface le Nom Divin. Pour pouvoir faire renaître l’harmonie entre un mari et une femme, la Torah prescrivait que le nom de D.ieu soit effacé, un acte dont le sacrifice trouve écho dans la bonté d’Avraham.

Une hypocrisie pure
A Beer Chéva, Avraham avait établi une auberge «Echel», ouverte aux quatre coins. Le Talmud explique qu’en dehors de permettre d’accorder l’hospitalité aux voyageurs, l’auberge d’Avraham lui servait également de centre pour faire connaître la vérité du D.ieu unique au monde païen. Quand les invités d’Avraham désiraient le bénir pour sa générosité, il s’exclamait : «La nourriture que vous avez consommée vous a-t-elle été fournie par moi-même ? Vous devriez remercier, louer et bénir Celui qui a fait exister le monde !»
Mais avec ceux qui, malgré tout, se refusaient à reconnaître D.ieu comme leur Créateur, Avraham utilisait une tactique moins aimable. Le Midrach relate que Avraham réclamait alors un prix exorbitant pour la nourriture qui avait été consommée. Quand l’homme protestait, Avraham rétorquait : «Qui vous donne du vin en plein désert, qui vous donne de la viande en plein désert, qui vous donne du pain en plein désert ?». Et quand l’invité réalisait dans quelle spirale il était tombé, conclut le Midrach, il cédait et proclamait : «Béni soit le D.ieu du monde dont la Providence nous a permis de nous restaurer».
Mais, pourrions-nous nous interroger : quelle valeur une telle proclamation obtenue sous la pression peut-elle posséder ? Ne sont-ce pas que de simples mots, vides de toute conviction quant à la vérité du D.ieu Un et ou de tout désir de Le remercier pour Sa Providence ?
Cependant Avraham avait une vision de l’humanité qui le persuadait que chaque acte, chaque mot, chaque parole ou chaque pensée positifs a de la valeur, quelque «superficiel» ou «hypocrite» qu’il puisse paraître à un œil moins averti. Car, quand Avraham regardait ses hôtes, il ne voyait pas en eux des païens mais des créatures de D.ieu créées à l’image divine et capables de le Créateur et servir Sa volonté.
La plupart du temps, un mot gentil, une main secourable peuvent mettre en lumière ce potentiel. Mais parfois, une âme peut être si enfouie sous les influences négatives et un caractère corrompu qu’une certaine «pression» est nécessaire pour faire céder sa résistance devant un acte divin. (Bien sûr, toutes ces formes de «pression» doivent se faire en accord avec la démarche de la Torah dont les voies sont «des voies de gentillesse et de paix», comme dans le cas de la demande parfaitement légitime d’Avraham de paiement.)
Avraham avait compris que jamais une reconnaissance de D.ieu ne sera hypocrite. Au contraire : la foi et le comportement païens constituent eux l’hypocrisie ultime car ils dévient du moi et de la volonté profonde de la personne. Quand une créature de D.ieu proclame : «Béni soit le D.ieu du monde dont la Providence nous a permis de nous restaurer», rien ne peut être plus en accord avec son moi le plus profond.
Le Coin de la Halacha
Un non-Juif peut-il étudier la Torah ?

Un non-Juif qui étudie les détails des «7 Lois des Enfants de Noé» est considéré par nos Sages comme un Cohen Gadol (Grand-Prêtre).
Afin de bien accomplir les «7 Lois des Enfants de Noé», un non-Juif doit cependant étudier sérieusement certains passages de la Torah. En effet, le Rambam (Maïmonide) écrit : «Quiconque accepte de se conformer aux 7 Lois des Enfants de Noé (ne pas tuer, ne pas voler, ne pas pratiquer l’idolâtrie, ne pas blasphémer, ne pas manger la chair d’un animal vivant, ne pas commettre d’acte immoral, instituer un système judiciaire et pénal) est considéré comme un des Justes des Nations et il a droit au Monde futur ; ceci à condition qu’il s’y conforme parce que D.ieu l’a ordonné dans la Torah et l’a fait connaître par Moïse notre maître» et non parce qu’elles sont logiques.
Afin d’aider les non-Juifs à construire un monde plus juste, basé sur le respect de D.ieu, du peuple juif et de la vie humaine en général, les Juifs doivent faire connaître autour d’eux – dans la mesure du possible – ces sept lois et les obligations qui en découlent. Ceci commence par le concept fondamental de la croyance en D.ieu. On s’efforcera de répondre aux questions posées avec respect à propos de l’existence de D.ieu et Son action dans le monde et, en général, de promouvoir le respect d’une morale universelle.
Pour cela, on encouragera l’établissement d’une «minute de silence» le matin à l’école afin que les élèves (et les professeurs) réfléchissent au fait qu’il y a «Un œil qui voit et une oreille qui entend», que D.ieu existe et veille à Son monde.

F. L. d’après Rav Yosef Ginsburgh
De Recit de la Semaine
Cachère à Beverley Hill

Quand j’entrai dans la somptueuse demeure de cette famille d’origine iranienne, à Beverley Hill, je remarquai qu’elle ne possédait aucune Mezouza. J’expliquai à la mère, aux cinq fils et à la fille l’importance de ce parchemin qui, placé à chaque entrée, constitue une protection plus efficace que tous les systèmes de sécurité. Tous reconnurent que c’était l’occasion de pallier ce manque et je revins plus tard avec le nombre de Mezouzot nécessaires.
Un an plus tard, ils me téléphonèrent pour connaître la date d’anniversaire de décès du père. Ils avaient l’habitude de marquer la date civile mais, cette année, ils avaient compris qu’il valait mieux respecter la date hébraïque. Celle-ci était malheureusement déjà dépassée mais je leur suggérai de venir néanmoins à la synagogue un matin, de mettre les Téfiline et de prier, ce qui procurerait certainement une intense satisfaction à l’âme du défunt. Effectivement, quelques jours plus tard, ils se présentèrent à la synagogue Ohr Elchonon Chabad de Los Angeles : après avoir mis les Téfiline, ils prièrent, récitèrent le Kaddich, étudièrent des Michnayot et donnèrent la Tsédaka.
A la fin de la prière, l’aîné des frères demanda à me parler en privé : les larmes aux yeux, il me fit remarquer que le plus jeune frère n’était pas là. Agé de 26 ans, il était atteint d’une maladie grave, pratiquement en phase terminale. Les médecins ne lui donnaient plus que quelques mois à vivre. Il me supplia de le bénir afin qu’il lui arrive un miracle.
«Au lieu de me demander cela à moi, demandez plutôt au Rabbi !» répondis-je en lui expliquant qui était le Rabbi.
Le même jour, il envoya un fax au Rabbi. Quelques semaines passèrent mais il n’y eut pas de réponse.
Ils me demandèrent de rendre visite au malade, ce que je fis. J’eus du mal à cacher combien je fus bouleversé par son aspect effrayant : sans être médecin, j’avais compris que la situation était extrêmement grave. Je l’encourageai cependant à écrire lui-même au Rabbi pour demander sa bénédiction.
Une fois de plus, il n’y eut pas de réponse. Au fur et à mesure que le temps passait, les frères se mirent à me reprocher amèrement ce silence du Rabbi. Je leur expliquai que, parfois, pour recevoir une bénédiction, il fallait devenir un «récipient», c’est-à-dire accomplir davantage de Mitsvot comme par exemple venir plus régulièrement à la synagogue, mettre les Téfiline etc.
«Après tout, nous sommes juifs, répondit le porte-parole de la famille, et cela ne nous dérange pas du tout de nous conduire comme vous l’indiquez !»
Effectivement, les frères tinrent parole, ils amenèrent même le malade en chaise roulante : «Si nous nous conduisons mieux pour améliorer sa santé, pourquoi ne le ferait-il pas lui aussi ?». Bien entendu, je conseillai au responsable de la synagogue de l’appeler à la Torah et ce qu’il lut justement à ce moment me bouleversa : «L’Eternel ton D.ieu établira pour toi un prophète, de ton peuple, parmi tes frères, comme moi (Moïse)…». Et la lecture se terminait par ces mots : «Et ce sera bien pour toi !». Oui, il fallait faire confiance au prophète de la génération, au Rabbi, et tout irait mieux ! «Vous devez vous rendre immédiatement chez le Rabbi !». Le soir même, les frères prenaient l’avion avec mon gendre, Rav Zalman Chanowitz, qui les accompagna le dimanche matin pour recevoir un dollar de la main du Rabbi et sa bénédiction. Cette fois, ils étaient persuadés que le frère guérirait.
Mais les analyses ne montrèrent aucune rémission de la terrible maladie.
Je suggérai alors que toute la famille m’accompagne lorsque j’irai demander, comme des milliers d’autres juifs, du gâteau au miel à Hochaana Rabba et du «vin de bénédiction» à la sortie de la fête de Sim’hat Torah. Cette fois, le frère malade décida de demander lui-même sa bénédiction. Mais quand il arriva devant le Rabbi, il ne put que balbutier : «Je demande au Rabbi une bénédiction pour que mon sang soit cachère !»
«Vous devez manger et boire selon le «Choul’hane Arou’h (code de lois juives)» c’est-à-dire que le Rabbi lui faisait comprendre que pour que le sang soit «cachère», il devait manger cachère. Et le Rabbi conclut : «Vous m’annoncerez de bonnes nouvelles !». Ce n’était plus un souhait, c’était vraiment une promesse !
Dès leur retour à Los Angeles, on procéda à la cachérisation de leur cuisine ; on acheta deux nouvelles vaisselles et on expliqua à tous les membres de la famille comment cuisiner à présent et quels produits acheter.
Très peu de temps plus tard, la santé du frère s’améliora de façon significative : il reprit du poids et la couleur revint sur son visage. Il se remit à travailler et ses affaires, comme celles de ses frères, prospérèrent. Le Rabbi avait promis «de bonnes nouvelles… !»
Trois mois plus tard, l’ancien malade me confia qu’il souffrait encore de légers malaises. Pourtant le Rabbi avait promis «une guérison complète…». Je réalisai alors qu’il restait un problème : pour que la nourriture soit vraiment cachère, il ne fallait ni cuisiner (ni travailler) le Chabbat. Quand j’expliquai cela, le frère réalisa : «Cela signifie que nous devons vivre comme dans une prison pendant plus de vingt-quatre heures ?». Mais la mère accepta immédiatement mes recommandations et - sans doute grâce aux aliments préparés par une personne qui respectait le Chabbat - tous les effets secondaires des médicaments disparurent !
Trois ans plus tard, le frère aîné me rappelait, affolé : le jeune frère ne faisait plus autant attention à la cacheroute et se permettait de consommer du lait non surveillé ! Je me rendis immédiatement chez lui : «Tu sais que tu n’as recouvré la santé que grâce à la bénédiction du Rabbi. Il t’a expliqué que la cacheroute de ton sang dépend de la cacheroute de ton alimentation. Ne joue pas avec cette bénédiction !»
Malgré tous mes arguments, il ne prêta aucune attention à mes paroles et, très peu de temps après, il me téléphona, affolé : la maladie s’était à nouveau déclarée !
Cette fois-ci, c’est Rav Naftali Estulin qui l’accompagna à New York. En arrivant devant le Rabbi, le jeune homme éclata en sanglots, raconta tout ce qui lui était arrivé et promit de ne plus recommencer.
Avec un sourire, le Rabbi lui accorda encore une fois sa bénédiction et le jeune homme retrouva ses forces – physiques et spirituelles…

Rav Shneur Zalman Szmukler – Californie
Kfar Chabad
Traduit par Feiga Lubecki