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Semaine 47

  • Vayislah
Editorial
19 Kislev: un jour pour chacun

C’est une lumière nouvelle qui naîtra à l’issue de cette semaine. Une telle phrase introductive pourrait paraître bien grandiloquente si ce n’était du 19 Kislev qu’il s’agissait, de ce jour devenu le “Roch Hachana de la ‘Hassidout” depuis que Rabbi Chnéour Zalman, l’Admour Hazakène, auteur du Tanya et du Choul’han Arou’h, y fut libéré de prison dans la Russie des Tsars. L’histoire de cet évènement, son déroulement dans tous ses détails sont connus. Les miracles qui l’accompagnèrent ont fait l’objet de multiples commentaires, riches et émerveillés. Pourtant, aussi grands soient ces prodiges, aussi précis en soient les récits, peut-être ne parviennent-ils pas toujours à nous faire prendre conscience que le 19 Kislev n’est pas qu’une célébration importante voire un jour incontournable. Peut-être faut-il réfléchir, avant que la fête ne soit de retour, pour comprendre que ce jour est avant tout, notre jour et que c’est à sa lumière et avec sa chaleur que nous vivons le reste de l’année ?
Etincelles de Machiah
L’enseignement de Machia’h

A propos du verset (Cantique des Cantiques 1: 2) “ Il m’embrasse de baisers de Sa bouche ”, Rachi commente: “ Il existe une promesse de D.ieu qu’Il apparaîtra de nouveau (au peuple juif) pour lui expliquer ses raisons secrètes et ses mystères cachés”. Cela signifie que, au temps de Machia’h, les aspects les plus profonds de la Torah seront révélés.
En effet, le verset cité ne peut être compris comme signifiant simplement que cet enseignement ne s’attachera qu’à la dimension révélée de la Torah, telle que le Talmud ou le Code de lois juives. A ce moment, la résurrection des morts sera intervenue et tous les Sages des générations passées, y compris Moïse, seront présents. Il n’y aurait dans ce cas aucune découverte pour eux. C’est donc bien le sens profond de la Torah qui sera alors étudié, ce sens plus vaste que l’univers et qui comprend des élévations infinies.
(d’après Likouteï Torah, Tsav p.17a)
Vivre avec la Paracha
Vayichl’ah : une femme ouverte

Et Dinah, la fille de Léah qu’elle avait donnée à Yaakov, sortit voir les filles du pays. Et Che’hem le fils de ‘Hamor le ‘Hivite, prince du pays, la vit ; et il l’enleva… (Béréchit 34 :1-2)

Dans le trente-quatrième chapitre de Béréchit, nous lisons l’enlèvement de Dinah, le complot de ses frères pour mettre hors de combat le peuple de Ch’hem et la destruction de cette ville.
Le Coin de la Halacha
Comment se conduit celui qui est appelé à la Torah ?

C’est un grand honneur que d’être appelé à la Torah ; cependant, comme le nombre d’appelés est limité (8 le Chabbat ; 3 le Chabbat après-midi, le lundi et le jeudi ; 4 Roch ‘Hodech ; 5 les jours de fête) et, qu’en général, les deux premiers appelés sont un Cohen puis un Lévi, il convient de respecter certaines priorités :
1) le fiancé est appelé le jour de son mariage.
2) le fiancé est aussi appelé le Chabbat précédant (ou suivant) son mariage : à cette occasion, on jette sur lui bonbons, amandes et raisins secs).
3) le garçon qui devient Bar Mitsva ce jour ou les jours précédant la lecture.
4) le mari dont l’épouse est présente pour la première fois à la synagogue depuis la naissance de leur enfant.
5) celui qui commémore le deuil d’un parent (Yorsaït – Hilloula).
6) celui qui va célébrer la Brit Mila (circoncision) de son fils.
Par ailleurs celui qui a échappé à un grave danger essaie de prononcer la bénédiction “Hagomel” devant le rouleau de la Torah.

* * *

Il convient de mettre un chapeau et une veste quand on est appelé à la Torah.
Celui qui est appelé ne doit pas refuser ; il prendra le chemin le plus court pour ne pas faire attendre la Torah.
Avant qu’il ne prononce la bénédiction, on lui montre où commence et où finit le passage qu’on lira pour lui. L’appelé touche avec les Tsitsit de son châle de prière (ou avec la ceinture du Séfer Torah) ces deux passages, en faisant attention à ne pas frotter l’étoffe contre le parchemin, pour éviter d’effacer ou d’abîmer les lettres. Celui dont les vêtements ou le chapeau sont mouillés (par la pluie par exemple), veillera à ce qu’aucune humidité ne soit en contact avec le parchemin. On ne touche pas le parchemin avec les mains mais avec le Talit (châle de prière) ou le stylet réservé à cet usage.
On dit la bénédiction à voix haute afin que les fidèles présents puissent répondre Amen.
On ne peut quitter la synagogue tant que la lecture de la Torah n’est pas terminée, même si dix hommes sont présents, même si on a déjà entendu la lecture lors d’un office précédent.
Il est d’usage d’offrir une contribution pour les œuvres charitables de la communauté.

F. L. (d’après Rav E. Wenger)
De Recit de la Semaine
La lettre qui attendit 28 ans

Mon défunt beau-père, qui était le rabbin d’une communauté opposée idéologiquement au courant Loubavitch, m’avait néanmoins toujours parlé avec beaucoup de respect du Rabbi de Loubavitch. J’ai d’ailleurs appris plus tard, par le Rav Emmanuel Cho’het, que le Rabbi avait exprimé son admiration pour l’érudition de mon beau-père, en particulier dans les écrits du Maguid de Mézéritch ; le Rabbi avait ajouté que le simple fait de regarder mon beau-père amenait la crainte de D.ieu…
En 1969, je venais de me marier et j’habitais en Israël. Alors que je m’apprêtais à effectuer un voyage aux Etats-Unis, mon beau-père me fit entrer dans son bureau et me confia une lettre à transmettre au Rabbi de Loubavitch. L’enveloppe était fermée, mais mon beau-père me dit qu’elle contenait un message important ainsi qu’une demande de bénédiction. Ce devait être là la première fois que je servais d’intermédiaire entre mon beau-père et le Rabbi. Au fil des années, la même mission se répéta de nombreuses fois mais ce n’est pas encore le moment pour moi de révéler le contenu des lettres entre ces deux personnalités qui œuvraient pour le bien du peuple juif.
Quoi qu’il en soit, dès mon arrivée à New York, je transmis la lettre au secrétaire du Rabbi, le regretté Rav Hadakov. J’y ajoutais une lettre personnelle avec une demande de bénédiction pour ma famille et moi-même. C’était la première fois que j’écrivais au Rabbi et, à l’époque, je n’ai pas mérité de réponse mais, par la suite, j’ai pu rendre visite (en secret) au Rabbi des dizaines de fois et recevoir des réponses de sa part à mes problèmes personnels comme à mes problèmes dans mes activités communautaires. D’ailleurs, à ce jour, je continue de suivre, avec beaucoup de succès, les conseils que m’avait donné le Rabbi.
Quelques années plus tard, à la demande d’une importante communauté juive de Brooklyn, je retournai m’installer avec ma famille aux Etats-Unis. Il y a cinq ou six ans, quelques temps après le décès de mon beau-père, je me rendis en Israël pour le mariage d’un cousin. Brusquement, au cours d’un repas, je ressentis un malaise ; je fus conduit d’urgence en ambulance à l’hôpital où les médecins diagnostiquèrent une crise cardiaque gravissime, D.ieu nous en préserve ! J’avais déjà subi une crise cardiaque quelques années auparavant, mais relativement plus légère. Les médecins commencèrent à préparer ma famille à une issue fatale.
C’est au milieu de cette panique indescriptible que ma belle-mère, une femme remarquable, téléphona à l’hôpital. Elle était elle-même bouleversée par la nouvelle qu’elle annonçait. Oui, incroyable, parce que ceci se passait plus de trois ans après le 3 Tamouz 1994, donc bien après le décès du Rabbi de Loubavitch. Elle annonçait tout simplement que nous venions de recevoir une lettre du Rabbi. Malgré ma situation, je ne pus m’empêcher de penser qu’elle devait se tromper. Mais quelques instants plus tard, cela fut bel et bien confirmé et, rien que d’y penser, j’en tremble encore maintenant. Voilà ce qui s’était passé : deux ou trois heures après le début de mon malaise, le secrétaire du Rabbi, Rav Binyamin Klein, avait téléphoné à Rav Aharon Chapiro (qui depuis est devenu le Rav de la ville de Pardess Katz) et lui avait demandé s’il connaissait mon adresse actuelle. De fait, Rav Klein venait de retrouver à New York, une lettre du Rabbi qui m’avait été adressée depuis de nombreuses années et qu’il voulait donc me transmettre. Rav Chapiro, un de mes bons amis, avait alors raconté à Rav Klein que je me trouvais justement en Israël pour un mariage et proposa donc que Rav Klein lui envoie cette lettre par fax pour me la transmettre. Rav Klein ajouta qu’il se trouvait dans l’enveloppe quelques coupures de dollars qu’il enverrait donc, avec l’original de la lettre, par la poste.
Rav Chapiro téléphona immédiatement à ma belle-mère, chez qui j’aurais dû me trouver, et lui expliqua que je venais de recevoir une lettre du Rabbi. Ma belle-mère éclata en sanglots et expliqua ce qui venait de m’arriver. Rav Chapiro se rendit immédiatement à l’hôpital pour me lire le contenu de cette lettre. Je n’en croyais pas mes oreilles : cette courte lettre du Rabbi était extraordinaire à plus d’un titre, mais surtout, à la fin de la lettre, le Rabbi envoyait sa bénédiction pour une “guérison complète”. En 1969, j’étais jeune et n’avais, D.ieu merci, aucun problème de santé et je n’avais donc certainement pas demandé de bénédiction à ce sujet ! Je n’ai aucun moyen d’expliquer cela. Je ne peux oublier l’émotion qui me saisit quand je vis les mots du Rabbi et, bien entendu, j’eus la certitude que la bénédiction se réaliserait.
Effectivement, la guérison comme la réception de la lettre se déroula miraculeusement. Alors que pour ma première crise cardiaque, qualifiée pourtant de légère, j’avais été relié à de nombreux tuyaux et pendant une assez longue période, cette fois-ci, malgré la gravité de mon état, je n’eus pas besoin de tous ces soins et je sortis rapidement de l’hôpital. Jusqu’à présent, je me sens bien et n’ai fait aucune rechute, D.ieu merci.
Comme je l’ai dit, cette lettre était extraordinaire, d’abord par sa date : elle avait été écrite en 1969 et venait en réponse à ma lettre que j’avais jointe à celle de mon beau-père. Par ailleurs, dans sa lettre, le Rabbi mentionne que j’habite en Erets Israël, ce qui était vrai à l’époque mais pas quand j’ai reçu la lettre qui m’est néanmoins parvenue en Israël lors d’un bref séjour…
Par ailleurs, dans cette lettre, le Rabbi me remerciait pour les nombreuses fois où j’avais agi comme intermédiaire entre lui et mon beau-père alors qu’à l’époque je ne l’avais fait qu’une seule fois…
De plus, la lettre m’était parvenue quelques mois à peine après le décès de mon beau-père…
Enfin, quelques jours plus tard, je reçus par la poste l’original de la lettre, dans laquelle se trouvaient sept billets d’un dollar, et, dans une note à la fin de la missive, le Rabbi me demandait de transmettre cet argent pour une cause charitable en Israël… Ce n’est que 28 ans après que cette lettre ait été rédigée que nous étions en mesure de comprendre le sens de cette mission : en effet nous avons, D.ieu merci, sept enfants…

* * *

J’ai entendu une fois un proverbe ‘hassidique qui disait : “ Le Rabbi réside à Loubavitch (un minuscule village de Russie) mais c’est lui qui décrète ce qui se passera à Pétersbourg (à l’époque la capitale) ! ” Je suis incapable de dire où réside actuellement le Rabbi mais une chose est sûre : il continue de décréter ce qui se passe à Pétersbourg et dans le monde entier ! C’est un fait !

Transcrit par Arie Samit
traduit par Feiga Lubecki